Chapitre 13-2

1.6K 160 6
                                    

— Les portes sont fermées !

Je sentais que je perdais patience. Dans ma main, je tenais un gros cadenas rouillé qui fermait les portes d'une grange dont la peinture était écaillée.

— Fares, appelez Percy pour qu'il nous rejoigne ici ! Je n'ai pas l'attention de jouer à cache-cache plus longtemps.

Soudain, la voix catastrophée de Miguel fit monter mon adrénaline.

— Boss, euh...nous avons un souci.

La main sur la crosse de mon arme je me retournai brusquement prêt à dégainer. Putain, que foutait-elle là ? Jimenez, l'air hagard, complètement mortifiée, s'approchait de nous à pas de courses. Il m'était impossible de masquer plus longtemps ma fureur.

— Je t'avais dit de rester dans la voiture, éclatai-je en secouant mon arme dans le vide avec de grands gestes.

Miguel et Amir s'éloignèrent quand elle arriva jusqu'à nous. Elle remonta ses lunettes. Tout son corps tremblait. Mon assistante s'excusa dans un murmure :

— Désolée, j'avais peur.

— Tu étais sous la surveillance de Soan, rien ne pouvait t'arriver.

D'ailleurs en parlant de ce mec, où était-il ce fils de pute ?

— Non, j'avais peur pour toi.

Je m'immobilisai, sous le choc de cet aveu. J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit. Amir et Miguel s'échangèrent un rapide coup d'œil. Je me mordis l'intérieur de la bouche en tentant de résister à l'envie d'attraper mon assistante par les cheveux et de la trainer jusqu'à la voiture.

— Yeraz, s'il te plaît, allons-nous-en.

Sa voix si douce calma mon pouls qui battait fort dans ma poitrine. Quand elle fit un pas en avant pour s'approcher de moi, je reculai instinctivement en lui demandant de rester à sa place. Je passai une main dans mes cheveux et articulai calmement :

— Fais demi-tour, tout de suite.

Jimenez tourna légèrement sa tête puis me lança un regard noir.

— Je ne voulais pas venir ici, c'est toi qui m'y as obligé.

Elle porta ses deux mains sur son front et me supplia :

— Partons d'ici. J'ai un mauvais pressentiment. Je ne veux pas qu'il...

Mon assistante n'eut pas le temps de finir sa phrase. Au loin, un groupe de Pit-Bull fonçait sur nous à toute vitesse avec des aboiements agressifs. Mes deux hommes de main et Amir attrapèrent leur pistolet, prêt à faire feu sur ces chiens de combats.

— Ne tirez pas, hurlai-je sur les trois hommes pour les persuader d'épargner ces bêtes.

Ils étaient complètement paniqués tout comme Ronney qui me sauta dans les bras en faisant tomber ses lunettes par terre. Je la soulevai comme une poupée et la plaquai contre les portes de la grange, mon corps contre le sien pour la protéger. Elle enroula ses jambes autour de ma taille tandis que ses ongles vinrent se planter dans mon cou, au plus profond de ma chair, jusqu'au sang.

— Ne me lâche pas, Yeraz. Je t'en supplie, ne me lâche pas.

Mon regard vint se vriller dans le sien qui était si désespéré.

— Yeraz, je ne veux pas mourir comme ça, éclata-t-elle en sanglot.

Je vis à cet instant en elle, la petite fille de quatre ans sans sa poupée Ariel. Face à cette détresse indescriptible, je me sentis obligé de la rassurer.

— Ronney, je te promets qu'il ne t'arrivera rien. Tu es avec moi. Rien ni personne ne te fera du mal.

Elle était si fragile, si vulnérable dans mes bras. Ses prunelles noisette m'aspirèrent sans que je m'y attende. À ce moment, j'éprouvai une nouvelle sensation qui était la chose la plus étrange qui ne me soit jamais arrivée. Sans ses lunettes, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre, je la voyais différemment. Mes yeux se baissèrent sur ses lèvres avec une force attractive, insupportable.

La douleur de ses ongles plantés dans ma peau et l'agitation qui régnait autour de nous me fit vite retrouver mes esprits. Je tournai ma tête pour tenter de voir ce qu'il se passait. Les Pit-Bulls n'allaient pas tarder à se jeter sur nous.

— Tirer en l'air ! criai-je.

Fares répondit, paniqué :

— Boss, nous sommes obligés de les abattre si nous ne voulons pas qu'ils fassent de nous leur repas.

Je ripostai avec véhémence :

— Je vous donnerai l'ordre de le faire si c'est nécessaire. Tirer en l'air pour les maintenir à bonne distance.

Les coups de feu partirent ce qui parut ralentir la course des chiens. Mes hommes, placés toujours devant nous, braquèrent ensuite leur arme devant eux. Jamais mon coeur n'avait battu aussi vite. Je fermai fort les paupières pour supporter la douleur des griffes de Ronney dans mon cou. Comment une femme, aux ongles rongés au possible, pouvait-elle enfoncer ses doigts aussi profondément dans la peau ?

Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant