Chapitre 9-2

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Pendant la séance d'enregistrement, j'observai mon assistante. Elle conservait son apparence calme, mais sa main agrippait nerveusement la rambarde métallique devant elle. Les premières secondes, je pris un malin plaisir à la déconcentrer. Les minutes d'après, mes yeux furent petit à petit attirés par l'immense écran devant moi avec ces images d'animations qui captaient mon attention. Et puis, en un claquement de doigts, la magie opéra. La voix douce et amusante de Jimenez collait parfaitement au personnage de cette souris maladroite et colérique qui avait comme meilleur ami un hippopotame mollasson qui ne faisait que des conneries.

C'était la première fois que mon cerveau était complètement déconnecté de la réalité. Je découvrais un monde que je ne connaissais pas. C'était une gifle, non, un tsunami que je me prenais à cet instant en pleine face. Immergé dans l'histoire qui se déroulait sous mes yeux, je souriais comme un enfant de quatre ans. Jamais auparavant je n'avais connu une telle planitude, mieux que les femmes et le sexe, mieux que tous les millions et le bruit des balles. Retrouver son âme d'enfant était bien plus fort que tout ça.

La forte voix de ce Tonio me tira brusquement de mon état. Putain ! Je l'aurais tué si j'avais pu à ce moment-là. Ce type de forte corpulence gueulait après Jimenez qui visiblement n'arrivait à rien aujourd'hui. Les prises n'étaient pas bonnes, sa voix sur les chansons pas juste. Mon assistante ne ripostait pas et se laissait écraser, consciente qu'il avait raison. Je faillis intervenir en sa faveur, mais son collègue riposta avant :

— Un peu d'indulgence. C'est la première fois que Ronney a du mal avec une séance d'enregistrement. Elle doit être fatiguée. Sa semaine a été harassante et en plus, elle travaille pour un sacré connard !

Le petit fils de pute. Pour qui se prend-il ? Je contractai ma mâchoire et dus surmonter, dans le plus grand des efforts, l'envie de lui éclater son crâne contre la barre métallique. Je levai mon visage en direction du plafond et inspirai profondément. Du calme, Khan. Pas de scandale. Ne gâche pas tout.

Tonio ne voulait rien savoir. Il exigeait que Jimenez fasse un effort et qu'elle donne le meilleur d'elle-même. Mon assistante hocha la tête et promit d'essayer. Sa patience légendaire forçait le respect. L'enregistrement repris et une fois encore, je me laissai transporter par la douce voix de Jimenez.

Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant