Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]

Chapitre 39-3

À mon réveil, la lumière irradiait la chambre et le parquet brun en bois aux larges lattes. J'enfilai un bas de jogging et rejoignis Ronney. Je la trouvai sur le balcon de la chambre, dans un de mes tee-shirts, les bras appuyés sur la rambarde, offrant son visage au soleil. Je pris quelques instants pour la contempler, savourer ce moment, mesurant la chance que j'avais d'avoir cette femme dans ma vie. Aujourd'hui, le travail au ranch pouvait bien attendre une petite heure.

Sentant le trac monter en moi, je respirai à pleins poumons l'air chargé de son odeur puis je m'éclaircis la voix. Ronney se détourna alors du soleil et se tourna vers moi. Je m'approchai d'elle en posant mes mains sur la rambarde, de chaque côté de son corps puis plongeai mon regard au fond du sien. Je pouvais me noyer pour l'éternité dans ses yeux aux reflets d'ambre.

— Ça va ? As-tu bien dormi ?

Elle fit naître un sourire sur son visage. Je déposai un doux baiser sur ses lèvres puis elle me répondit :

— C'était mes plus belles heures depuis bien longtemps. Ta bouche sur ma peau était exquise.

Ses derniers mots me firent remonter un tas de souvenirs intenses, une chaleur agréable envahit tout mon corps. Je fermai les yeux pour chasser mes pensées déviantes. Lorsque je les rouvris, un air grave imprégnait mes traits. Le sourire de Ronney se fana.

— J'imagine que tu n'as pas prévu de repartir aujourd'hui.

Elle secoua doucement la tête comme seule réponse.

— Ni demain ?

Nouveau mouvement de tête. Je baissai mon visage et soupirai.

— Sais-tu qu'il y a des codes importants au sein de la mafia ? Tant que nous ne serons pas mariés, la vie sera toujours contre nous.

Ronney se dégagea de mes bras et prit une certaine distance pour me regarder.

— Tu as quitté la Mitaras Almawt, tu n'as plus aucune obligation envers cette organisation.

Les choses n'étaient pas si simples. J'enfouis mes mains dans les poches et tournai ma tête vers l'horizon avant de revenir sur elle.

— Dans la forme, c'est plus compliqué que ça. Des liens invisibles me rattachent à elle, rien qu'à cause de mon nom et des volontés de mon père. J'aimerais qu'il en soit autrement. Nous devons nous marier pour que tu sois intouchable.

Ronney cligna des yeux, le regard perdu. Elle semblait sombrer dans les profondeurs du désespoir.

— Non ! dit-elle en mettant les mains devant elle comme pour se protéger de moi. Je ne t'épouserai pas pour faire plaisir à tes petits copains. Ils peuvent tous aller au Diable !

Sur ce, elle tourna les talons et se dirigea d'un pas résolu vers la porte que j'avais fermée à clef. La main sur la poignée, elle pivota vers moi, furieuse. Je détournai mon regard et me grattai la joue avec mon pouce.

— Tu m'as enfermée ?

Je haussai les épaules avant de répondre :

— Je connaissais ta réponse et savais que ta réaction serait exagérée.

Ronney plissa les yeux puis croisa ses bras.

— Exagérée ? répéta-t-elle entre ses dents.

Je me retins de sourire et même de rire. Devant mon air amusé, ses traits se relâchèrent, ses épaules aussi. Je tendis une main vers elle.

— Viens, s'il te plaît.

Elle hésita un instant puis me rejoignit sur le balcon, la moue boudeuse. Mon bras attrapa sa taille pour la tirer vers moi. Ronney était une femme simple, mais elle n'était pas différente des autres sur ses rêves de petite fille. J'agrippai son menton pour la forcer à me regarder :

— C'est plus que ça, Ronney. Tellement plus. Ta vie, c'est la mienne. Tes peines, tes joies aussi. Je ne suis pas parfait. Tu as devant toi un homme abîmé qui aura toujours ses peurs pour nourrir ses démons intérieurs. Je ne suis pas parfait, mais je te promets la vie la plus parfaite qui soit, l'amour le plus parfait. Je t'aime au-delà de tout. Alors, je ne vais te poser la question qu'une seule fois et je veux la réponse de ton cœur uniquement : Ronney Jimenez, voulez-vous bien m'épouser ?

Les secondes étaient interminables. Ses yeux accrochés aux miens, je baissais toutes les barrières pour qu'elle puisse lire en moi. Ronney demanda au bout d'un moment :

— Comment se passerait la cérémonie ?

Avec un sourire, je laissai échapper un petit soupir de soulagement.

— Il y aura deux témoins, Amir et Hamza. Ce sera un mariage expéditif, une simple formalité pour la Mitaras Almawt. Je te propose d'organiser plus tard une vraie cérémonie avec notre famille et nos amis.

— Et Elvis !

Je me mis à rire et embrassai son front avant de répondre, le cœur gonflé d'amour :

— Et Elvis, bien sûr.

— Oui.

— Oui ?

— Oui, je veux t'épouser.

Comblé, je levai son menton avec mes doigts puis écrasai mes lèvres contre les siennes. Ronney était partie jusqu'en enfer pour récupérer mon âme. Ce matin, sous un soleil éclatant, elle venait de me la redonner.