Chapitre 35-5

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Les feux des camions de pompiers clignotaient en boucle devant le club. Les forces de l'ordre avaient établi un périmètre de sécurité tout autour de l'établissement avant de prendre possession du lieu. De mon côté, je suivais le brancard de Ronney sans faire attention à ce qui se passait autour de moi. Branchée de partout sur des machines, inconsciente, je savais qu'il fallait agir vite.

Au moment de monter dans le véhicule pour l'accompagner jusqu'à l'hôpital, Amir se mit en travers de ma route.

— Monsieur Khan, je vais rester avec miss Jimenez pendant que vous serez dans la voiture de tête pour nous ouvrir le chemin.

Mon regard acéré lui ordonna de se pousser, mais il ne bougea pas. Je le pris à la gorge et resserrai mes doigts autour de son cou.

— Personne ne me dit ce que j'ai à faire. C'est compris ? Maintenant, tu dégages !

Amir, bien qu'en position de faiblesse, campa sur sa position. D'une voix étranglée, il déclara :

— Non, monsieur Khan. Si vous montez, Ronney est perdue. Vous devez donner les directives à vos hommes, mettre un plan en place, utiliser vos dernières forces pour la sauver. Le plan, monsieur Khan, pensez au plan !

Je desserrai ma poigne, mon bras retomba le long de mon corps. Amir avait raison, j'étais instable, démoli physiquement et mentalement. Mon esprit n'était plus qu'un champ de bataille. Il me tendit l'arme que je lui avais confiée un peu plus tôt avant de monter dans le camion, aux côtés de Ronney. Lorsque les portes claquèrent, j'inspirai et expirai à toute allure. Mon cœur semblait sortir de ma poitrine tant il me brûlait. J'étais sur le point de craquer, de m'écrouler à terre.

La portière ouverte, je m'apprêtais à monter à l'arrière du van avec Ian, Jessim et Soan quand Marconie m'interpella. Je me tournai pour lui faire face, le visage froid comme la pierre. Le chef de la police avança un peu le menton. Conscient de la situation émotionnelle délicate, il déclara prudemment :

— Monsieur Khan, il faudra répondre à quelques questions quand vous serez disponible. C'est la procédure. Cette histoire risque de faire beaucoup de bruit, vous devez vous préparer.

Je plantai mon regard vif et intense dans le sien puis sifflai entre les dents :

— Ma priorité c'est la vie de Ronney. Je me fous du reste.

Je montai dans le van qui démarra aussitôt à toute vitesse. À l'intérieur, mes hommes osaient à peine respirer, attendant silencieusement mes instructions.

Isaac roulait à toute vitesse, ouvrant le passage à l'ambulance. Les muscles raides et endoloris, j'essayais de reconnecter mon esprit à la réalité. La nausée me tordait les boyaux. Les yeux fermés, la main sur le front, je cherchais un moyen de sauver Ronney. Dans l'état actuel de la situation, je ne pouvais pas me permettre d'attendre un miracle, je devais le provoquer. L'hôpital de Sheryl Valley était reconnu pour avoir de très bons chirurgiens, mais pas les meilleurs, non, le meilleur était... Soudain, je rouvris les yeux, le souffle coupé. Les paroles du docteur Spencer me revinrent en tête :

— Charles Willis est un des plus grands chirurgiens au monde. Il sera dans la région en décembre avec sa famille, pour animer une conférence. Je vais demander qu'il vous accorde un rendez-vous.

Je saisis mon téléphone et composai le numéro de Lucas. Il décrocha à la première sonnerie.

— Affrète un hélicoptère et va chercher le docteur Charles Willis pour l'amener à l'hôpital. Ne lui laisse pas le choix.

— Oui, boss. Autre chose ?

Willis était mon ultime chance de sauver la femme que j'aimais, mais pour cela, j'étais obligé de violer les codes de la mafia. Pour la première fois, je brisai mon serment d'allégeance à la Mitaras Almawt.

— Je veux sa femme et ses enfants avec.

Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant