Chapitre 33-2

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Posté à quelques mètres de l'entrée du club de Nino, je faisais le vide dans ma tête. Derrière moi, huit hommes de confiance m'accompagnaient et attendaient silencieusement mon signal. Hamza ignorait mes sombres projets pour cette soirée. S'il en avait été informé, il m'aurait empêché par tous les moyens de me rendre sur le territoire de Nino, quitte à le prévenir.

Je respirai profondément la fraicheur de l'air et l'humidité qui soulagèrent sur l'instant mon mal de crâne persistant. Dans ma main, je tenais l'invitation de Ronney pour le spectacle de danse de ce soir. Je l'imaginai sur le trottoir en train de m'attendre, espérant me voir apparaître d'un moment à l'autre. Mon téléphone vibra dans la poche intérieure de ma veste. Je ne fus pas surpris de voir que Camilia essayait pour la centième fois de me joindre. Je l'avais laissé tomber pour le gala de Thanksgiving, cet évènement qu'elle avait mis six mois à préparer. J'aurais le droit demain à une montagne de reproches, mais pour l'heure, je devais me concentrer sur le moment présent. J'éteignis mon téléphone puis me dirigeai vers l'entrée du club.

Un vigile d'environ deux mètres, la peau noire et à la carrure imposante ouverte la porte. Il nous considéra gravement pendant une minute, mon équipe et moi, avant de nous laisser entrer à l'intérieur de l'établissement sous les regards suspicieux de trois autres hommes qui faisaient partie de la sécurité du club.

— Nino est absent, m'indiqua le vigile d'une voix grognon en refermant la porte derrière nous.

Je répondis sur un ton glacial :

— Je sais, nous sommes juste venus passer un bon moment.

Il me dévisagea sans pouvoir distinguer mes yeux sous mes lunettes puis lança un regard entendu à ses collègues. Il déclara ensuite :

— Si vous me le permettez, je vais d'abord contacter mon boss avant de vous laisser aller plus loin.

Quand il baissa son front pour composer un numéro, je tournai ma tête vers mes hommes. Ce geste suffit à confirmer l'attaque. Nous sortîmes nos armes et tirâmes sur les types de la sécurité.

Après nous être occupé des corps, je continuai mon chemin en tâtant mon gilet par balle en dessous de ma chemise afin de m'assurer qu'il était bien en place.

Le club était plein à craquer ce soir. L'atmosphère chargée de son électro faisait sauter une masse de gens frénétiques partout autour de nous. L'établissement était un véritable labyrinthe, mais je savais où se trouvait l'espace privé des hommes de Nino.

Au fond du club, je poussai une porte donnant sur un escalier et descendis les marches, mon équipe derrière moi. Peu de gens avaient le droit d'accéder à cet espace privé. J'étais venu qu'une seule fois avec Hamza, rien n'avait changé.

Je frappai à la porte du salon. Un homme d'une quarantaine d'années, les cheveux clairsemés vint m'ouvrir. Ses sourcils broussailleux se froncèrent sous l'effet de la surprise. Je pénétrai à l'intérieur de la pièce à l'éclairage feutré d'un pas martial. Un nuage de fumée stagnait au-dessus de nos têtes. Une dizaine d'hommes s'étaient figés et me regardaient dans un silence pesant comme si une aura noire et terrifiante s'échappait de moi. Des bouteilles, des jeux de cartes, de la cocaïne, étaient éparpillées sur les tables. Les hommes de Nino paraissaient visiblement passer une excellente soirée jusqu'à ce que j'arrive.

En une fraction de seconde, ils reprirent leurs esprits et sortirent leurs armes. Nous fîmes de même. Les balles pleuvaient, tout se mit à voler, à exploser. Heureusement, le bruit assourdissant de la musique à l'étage couvrait cette fusillade sanglante.

Cachés derrière des fauteuils, nous tirions dans le tas. Deux de mes hommes tombèrent au sol. Au bout de quelques minutes interminables, les tirs cessèrent, le silence retomba. Je me relevai doucement, tous les sens en alerte. Mon pouls battait à toute allure contre mes tempes. Mon gilet était criblé de munition comme les murs de la pièce ou encore le mobilier. Les hommes de Nino étaient allongés au sol dans une flaque de sang qui se répandait autour d'eux. La plupart gisaient les yeux ouverts, morts. D'autres agonisaient dans des râles bruyants. Je m'approchai de l'un d'eux en le surplombant de toute ma posture imposante et redoutable avant de m'accroupir à ses côtés et de serrer son visage entre mes doigts. Pendant qu'il convulsait, j'approchai mes lèvres à son oreille :

— Dis à Nino que je lui passe le bonjour.

C'était un ordre simple, mais profond.

Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant