Je posai mes lunettes sur le bureau et me frottai les yeux. La journée avait été longue et la nuit n'était pas près d'être terminée. Alexander et Merwan, assis en face de moi, insistaient pour que je prenne rapidement une décision. Rafael pouvait m'être amené dans l'heure et l'histoire des diamants serait enfin terminée.
Dans mon fauteuil, les mains jointes, j'écoutai attentivement mes deux collaborateurs, bien plus âgés que moi, avant de prendre ma décision. Miguel, Soan et Fares étaient restés avec les autres hommes de main dans le salon privé d'à côté pour se divertir. Le Dream Diamond était encore plein ce soir. La musique ne parvenait pas jusqu'ici grâce à une isolation parfaite des pièces.
— Je vous assure, monsieur Khan, nos hommes ne feront pas de dégâts.
— Sa femme et ses enfants sont avec lui, c'est trop risqué, indiquai-je à Merwan. Je ne veux pas de dommages collatéraux.
Alexander, la mine grave, intervint :
— Rafael sait que vous ne toucherez pas aux femmes et aux enfants. Il restera reclus chez lui en se servant de sa famille comme bouclier.
— Ce type est prêt à tout pour sauver sa peau quitte à mettre sa famille en danger. Je ne veux pas être celui qui sera responsable d'un massacre.
— Il n'y en aura pas !
— Comment pouvez-vous l'affirmer, Alexander ?
Je tapai du poing sur la table. Ma colère me donnait le ton de la fermeté. Merwan et son équipier eurent un geste de recul. J'étais l'autorité incarnée, il valait mieux ne pas me contredire. Mes collaborateurs préféraient se tenir toujours à bonne distance de moi au cas où je déciderais de passer mes nerfs dessus.
Merwan passa une main dans ses sombres cheveux et gras. Cet homme de forte corpulence donnait continuellement l'impression d'être essoufflé. Je savais par expérience qu'il ne fallait pas juger quelqu'un à son physique. En effet, beaucoup de gaillards comme lui pouvaient anéantir un autre homme avec la force d'une seule main. Je l'avais vu à l'œuvre et c'était quelque chose d'impressionnant. Cependant, je n'avais pas peur de lui. Je n'avais peur de personne, pas même d'Hamza, à qui je donnais souvent du fil à retordre.
— Je propose d'y aller avec mes hommes, dit-il d'une voix qui se voulait rassurante, la main dans le vide, devant lui. Si jamais la situation dérapait, alors vous ferez de moi ce que vous voudriez. Je me porte garant pour cette mission.
À cet instant, on frappa à la porte. Ashley rentra, les bras chargés de dossiers. La tête baissée, elle partit rapidement s'installer sur le canapé en velours rouge et attendit silencieusement que je sois disponible. Alexander et Merwan ne prêtèrent pas attention à mon assistante. Ils avaient l'habitude des va-et-vient de mes employés, la journée.
— Nous avons l'autorisation de Nino cette nuit, rien ne nous dit que nous l'aurons demain ! continua Alexander en arabe pour être sûr que la conversation reste privée.
Je soupirai en rejetant ma tête en arrière. Les accords avec Nino étaient fragiles tout comme l'entente entre la Mitaras Almawt et la Rosa Negra. Hamza insistait sur le fait de rester en bon terme avec eux, même si je n'avais qu'une envie : venger l'assassinat de mon père. Bien qu'elle n'ait jamais revendiqué son meurtre, j'étais persuadé que la Rosa Negra, notre ennemi de toujours, avait un lien avec celui-ci.
— Yeraz ?
La voix de Merwan me ramena à l'instant présent.
— Très bien ! Dites à vos hommes de partir le chercher. Si un des enfants se retrouve blessé ou pire, je te tuerai.
Merwan déglutit, puis hocha la tête. Les yeux d'Alexander voletaient vers moi et son partenaire. Il était soudain moins sûr de lui. D'un signe de main, je leur indiquais qu'ils pouvaient partir. Mes collaborateurs émirent des grognements satisfaits avant de se lever et de regagner la sortie de mon bureau.

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Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]
RomantizmLa mafia et les gens normaux ne se mélangent pas à Sheryl Valley. Yeraz est le fils d'un des patrons du crime les plus brutaux des États-Unis. Il doit succéder à son père, assassiné quatre ans plus tôt, et prendre les rênes du royaume d'ici les six...