Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]

Chapitre 35-3

Posté devant les baies vitrées, je regardais la foule en contrebas. Ça dansait, discutait, flirtait... une population bien vivante qui ne se mélangeait pas avec nous, les rois du monde. Une autre société que j'aimais observer d'ici.

— Monsieur Khan, votre verre de Whisky.

— Merci, Amir.

Je pris le verre que le jeune homme me tendait sans détourner mon regard et déclarai :

— Tu as fait un excellent travail avec Bryan Smith. Je suis étonné par la facilité avec laquelle tu as pu le convaincre de signer le rachat des parts de Roskuf.

Je ne vis pas l'enthousiasme sur son visage, mais le ton de sa voix indiquait à quel point Amir était touché par ces mots.

— Merci, j'ai suivi le plan que vous aviez décidé. Je suis à votre service, boss.

Il allait se retirer pour me laisser seul quand soudain, un mouvement de foule en bas attira notre attention. Mes yeux se réduisirent en deux fentes étroites pour mieux analyser ce qui pouvait bien provoquer cette cohue.

— Putain, il se passe quoi ? sifflai-je entre mes dents, tous mes sens en alerte.

— Je vais réunir les hommes ! lança Amir tout aussi nerveux que moi.

— Non, attends ! Ce sont mes sœurs.

La foule était en liesse. Heureusement, des hommes de la sécurité arrivèrent rapidement pour leur frayer un chemin jusqu'au bar. Mes muscles se contractèrent sous la colère.

— Elles ne sont pas censées être au défilé organisé par Tyra ? demanda Amir.

— Si, mais elles ont dû...

Ma voix s'arrêta net et mon visage se décomposa. Je posai la main sur la baie vitrée et avançai mon visage au plus près. C'est là que je la vis, elle était là, avec mes sœurs. À cet instant, le chef de la sécurité entra en trombe dans la pièce, je n'entendis pas ses paroles. Toute mon attention était attirée par la jeune femme, moulée dans une robe courte au décolleté à la limite de l'indécence. Je la reconnaissais entre mille même si ce soir, Ronney était métamorphosée.

Mon regard ne la lâchait pas. Elle se déplaçait dans la foule avec une démarche si gracieuse qu'on aurait pu penser qu'elle flottait. Je redressai mes épaules et m'aperçus alors que je me retenais depuis un moment de respirer. Ronney se dirigeait sur la piste de danse en ignorant tous les regards posés sur elle. Elle s'arrêta soudain pour lever son visage dans ma direction. Mes poumons se gonflaient et se vidaient à toute vitesse. Je savais qu'elle ne pouvait pas me voir d'en bas et pourtant son regard me transperçait comme si je n'étais qu'à quelques centimètres d'elle.

Je me retournai brusquement et tentai de ne pas trahir mes émotions devant mes hommes qui m'observaient l'air catastrophé. Amir me fixait, les yeux écarquillés de stupeur et réussit à articuler péniblement :

— Je vais chercher votre veste, j'imagine que... ce ne sera pas de trop... pour...

Il se racla la gorge et se força à terminer sa phrase :

— Pour miss Jimenez.

Mon regard cinglant pouvait à ce moment fendre la pierre.

— Non, en effet, ce ne sera pas de trop.

Je saisis mon arme à l'arrière de mon pantalon et la tendis à Ian :

— Prenez-la, car je risque de buter le premier qui essaiera de l'effleurer ou même de lui parler.

Je dus faire appel à toute ma patience pour marcher normalement et ne pas courir jusque dans la salle, en bas. J'en voulais à mes sœurs et à elle. Je lui en voulais d'être aussi irrésistible, je lui en voulais de me torturer ainsi.

Je poussai avec empressement le monde sur mon passage, sillonnant la foule qui poussait de grands cris d'étonnement en me voyant de si près.

C'est lui ?

C'est Yeraz Khan ?

Impossible, ce doit être un sosie.

Vite, filme !

Amir, Jessim et Ian tentaient de me suivre avec le reste de mon équipe afin de former un filet de sécurité autour de moi. Plus je m'approchais d'elle, plus mon cœur menaçait d'exploser dans ma poitrine. Je me figeai en l'apercevant danser de dos. Ses bras levés balayaient l'air avec volupté. Ses jambes nues, ses formes et ses cheveux qui retombaient parfaitement le long de son dos me laissaient bouche bée. Je ne voyais plus qu'elle, plus rien d'autre autour ne comptait. La musique paraissait me parvenir dans un écho très lointain.