Chapitre 5-2

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Au bout d'un moment, je jetai un coup d'œil en direction de la sortie. Partir indemne de cette maison relèverait du miracle. Ma mère avait décidé de faire mon procès ainsi que celui des gens qui m'entouraient. Je finis par lâcher, irrité :

— Ashley sera présente que tu le veuilles ou non ! Je refuse d'avoir cette conversation avec toi. Tu ne peux rien lui reprocher sur son travail. Crois-moi, si je pouvais faire sans elle, demain, je le ferais.

Ma mère me défia une nouvelle fois du regard.

— Très bien, mais dans ce cas, ton assistante vient aussi !

Une expression de surprise se peignit sur mon visage. Je répliquai avec véhémence :

— Non ! Cette gamine ne mettra pas un pied là-bas. Enfin, l'as-tu seulement regardé ?

Je me mis à arpenter la pièce en pointant ma mère du doigt.

— À quoi joues-tu avec elle ? C'est une serveuse qui n'a aucune connaissance dans le poste d'assistante. C'est une cruche naïve, fragile, je ne lui trouve aucune qualité.

— Elle travaille pour toi depuis seulement une journée. Tu ne peux pas la juger aussi vite. Personne n'est assez bien pour toi sauf Ashley qui apparemment prend très bien soin de toi.

Je refusais de partir sur ce terrain avec Camilia. Ma vie sexuelle ne la concernait pas.

— La soirée de demain sera un très bon exercice pour miss Jimenez. C'est un petit gala convivial. Ça lui permettra de faire ses armes auprès de ce monde.

Je passai une main sur mon visage en secouant vigoureusement ma tête. Ma mère poursuivit :

— Et puis, ça m'empêchera de t'importuner. Je serais heureuse de faire mieux connaissance avec ton assistante. Sinon, je risque d'être dans tes pattes.

Le dernier argument de Camilia finit par me persuader. Je préférais être en présence de Jimenez plutôt que de supporter ma mère qui me bombarderait d'informations durant toute la cérémonie en m'asphyxiant de multiples recommandations.

Les discussions étaient animées cette nuit, au club, entre les différents membres de notre organisation. Certains n'étaient pas d'accord sur le partage des territoires de Sheryl Valley convenue avec la Rosa Negra, d'autres pensaient que c'était nécessaire de signer cet accord.

— Pactiser avec ces imbéciles ne nous fait pas plaisir, intervint Alexander. Depuis plus de quarante ans, nous régnons sur la ville tout entière. Mais je pense que nous devons collaborer avec Nino si nous voulons contrôler le pays dans quelques années. Peut-être que nous arrêterons comme ça de balancer autant de corps dans le lac.

— Et toi, Amir, qu'en penses-tu ?

Installé dans un fauteuil, le neveu d'Hamza sembla pris de court par la question de Merwan. Tous les regards se tournèrent vers lui. Debout, un peu plus loin, près de la grande baie vitrée, j'observais la scène sans intervenir. J'étais curieux d'entendre la réponse de ce gamin fraichement sorti d'Harvard. Le jeune homme s'agita sur son fauteuil puis se racla la gorge :

— Le plan Kayser à l'air solide. Mon oncle a fait en sorte que la Mitaras Almawt en tire le plus de bénéfices possibles.

Sa voix frêle amusa tous ces gaillards endurcis. Amir risqua un œil dans ma direction et le regretta aussitôt. Il frémit et baissa immédiatement les yeux vers le sol. Je portais mes lunettes et même si on ne voyait pas mes yeux, personne ne soutenait mon regard très longtemps.

Je prenais rarement la parole. J'aimais laisser les autres parler, écouter les avis de chacun. Le visage lunaire d'Amir, ses yeux naïfs détonnaient au milieu de ces loups sanguinaire. La discussion se porta ensuite sur la dernière affaire qui avait fait grand bruit sur le Dark web : un kidnapping qui avait mal tourné.

Lucas rentra quelques minutes plus tard dans le salon avec le livre de compte à la main. Il me salua d'un petit mouvement de tête et marcha vers moi avec cette confiance en lui qui était un des traits essentiels de son caractère.

— Boss, voici les recettes de la semaine dernière du Dream Diamond. Les chiffres ont été modifiés. Le livre peut être remis à la comptable. Ashley pourra le vérifier demain, si vous le souhaitez.

Je secouai la tête tout en le feuilletant.

— Ce ne sera pas la peine. Mon assistante le fera.

Lucas sourit aimablement. Je regardais ma montre : il était trois heures passées du matin. Il était temps de réveiller miss Jimenez. Lucas se retira.

Je sortis mon téléphone de la poche et composai son numéro. Satisfait de la réveiller au milieu de la nuit, je lui intimais l'ordre de venir chez moi pour éplucher quelques dossiers que je trouvais soudain urgents.

Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant