Chapitre 28

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Alix

On reste là allongés sans rien dire à regarder le plafond. Mon cœur bat horriblement fort, je n'arrive pas à savoir si c'est à cause de mon effort physique ou du corps de Jo allongé à côté de moi.

Jo tourne la tête vers moi :

"-Alix ?

-oui ?

-tu ne parles jamais de toi.

-qu'est-ce que tu veux savoir Jo ?

-tout. Parle moi de toi, de tes amis

-je n'ai pas d'amis. Le coupai-je. J'envie ta relation avec les gars de l'équipe, surtout avec Raph.

-tu n'as personne ? Pas même une meilleure amie ?

-j'en ai eu une, il y a quelques années.

-tu veux m'en parler ? Me demande Jo.

J'aime sa façon de ne pas me brusquer, sa manière de vouloir en savoir plus mais tout en respectant mes limites. Je hoche la tête et je commence :

-On s'entendait super bien, elle était incroyable. Elle l'est toujours, enfin je suppose. On voyageait ensemble, on faisait pleins de choses. Elle était solaire. On ne voyait qu'elle, on entendait qu'elle. A côté d'elle on ne me voyait plus. Je sais quelle ne le faisait pas spécialement exprès. Mais c'était très difficile à vivre. Le pire c'est quand je lui présentais des copains et qu'ils finissaient par la préférer elle plutôt que moi. Un jour on était en soirée, je discutais avec un mec sans ambiguïté. Je parlais de la journée de mon viol, elle est arrivée, elle s'est collée à lui, m'a coupé la parole et lui a dit "moi tout va bien" devant moi. Mon cœur s'est brisé parce que j'ai compris à ce moment là qu'on ne se comprendrait jamais. J'ai même fini par être jalouse de la relation qu'elle pouvait avoir avec les mecs. Elle pouvait se taper qui elle voulait, quand elle voulait, même si elle ne le connaissait pas."

Je tournais les yeux vers Jo, il me regardait avec les mêmes yeux que lorsque je lui avais parlé de Paul.

Je ne lui avais jamais parlé de ce viol. Je me sens si bien avec lui que j'en oublie qu'on ne se connaît que depuis peu et qu'il ne sait rien de moi. Alors j'ai balancé cette bombe comme ça, sans m'en rendre compte, sans faire attention.

Et encore une fois je me perds dans ses yeux.

Ses beaux yeux sont un mélange de haine, de désespoir et de protection. Et il continue de me regarder.

Je suis toujours allongée au milieu de ce ring, et lui il s'est redressé. Il est maintenant assis comme pour mieux m'écouter.

Il est resté silencieux quelques instants à me couver des yeux. Et puis il a pris une grande inspiration :

"-c'était Paul ? Murmura-t-il.

-non, enfin pas cette fois là.

Sa voix se brisa. Il y a eu plusieurs fois ?

-oui, soupirais je. La première fois j'avais 15ans..."

Amochés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant