Chapitre 33

2.6K 106 11
                                    

Raph

Je toque à la porte

"-vas-y entre. Crie Alix

-salut, c'est un tueur en série. Plaisantais-je en entrant dans la maison.

-j'arrive dans deux minutes.

-t'inquiète on a le temps je suis un peu en avance."

Je me pose dans le canapé en l'attendant.

Après quelques minutes elle descend les escaliers vêtue d'un jean bleu, d'une chemise blanche et de converses montantes blanches.

"-salut Raph, ça va ?

-ça va et toi la rousse ?

-oui ça va. Au fait, tu sais que j'ai le permis et que par conséquent je sais conduire une voiture donc je n'ai pas besoin de chauffeur.

-je sais mais j'avais envie de te voir.

-Raph, je sais que je suis une personne exceptionnelle mais quand même. Plaisanta-t-elle.

-bon aller, arrête de dire de la merde et on y va."

Mon incroyable Audi TT noire est garée devant la maison. Bordel qu'est-ce que j'aime cette voiture.

Le trajet commence en silence. Puis je le brise:

"-je ne te connais pas depuis longtemps, mais j'ai remarqué que t'es sacrément amochée. Tu souris à moitié. C'est drôle comme tu vis à moitié. Quand tu rigoles, t'as les larmes aux yeux. Quand tu pleures, tu continues à raconter des blagues. Pourtant t'es pas à moitié malheureuse, t'es même carrément explosée. Mais tu souris à moitié, tu rigoles à moitié, tu te bourres la gueule à moitié, tu joues la rebelle à moitié, t'aimes à moitié. Puis t'es à moitié gentille, à moitié marrante et tu te trouves à moitié mature, à moitié attirante, à moitié jolie. T'es pas grand chose au final. T'es même pas toi. T'es à moitié toi. Tout simplement parce que t'es brisée, brisée en deux. Y'a une partie de toi en toi, et une partie en tous les autres. Avec ceux qui sont partis trop tôt, avec ceux qui n'ont pas voulu rester plus longtemps, avec ceux qui ne sont jamais restés, avec ceux qui n'ont jamais eu l'occasion d'arriver. Avec toutes les personnes qui ne sont pas là. T'as laissé de toi dans les autres. Ça les a certainement rendus plus fort mais toi, ça t'as cassé en deux. Puis franchement, la partie qui reste de toi, elle n'est pas flamboyante. Elle rayonne à peine. Ton sourire ne brille presque plus. Ton rire ne résonne presque plus. Tes larmes n'attristent presque plus. Je sais que tu te trouves fade à en crever. Tu continues à laisser les autres te tuer à petit feu. Et demain, ou au mieux après-demain, tu vas cramer.
Enfin tout ça pour dire que t'es sacrément amochée quand même."

Elle ne me répond pas, et c'est très bien comme ça, je n'attendais pas de réponse.

Je pose le pied sur le frein et j'arrête la voiture en plein milieu de la route.

Je descends de la voiture sous son regard déconcerté. Je fais le tour de la voiture et je lui ouvre la porte.

"-descend tu vas conduire.

-tu me laisses conduire ton bolide sans douter de mes talents de pilote ? Me demande-t-elle en bondissant de son siège.

-au moindre problème je te tue et je t'enterre sur le côté de la route Alix.

-fait pas semblant tu m'aimes trop pour ça."

Je lève les yeux au ciel pendant qu'elle s'assoit, règle son siège et s'attache. Elle se tourne vers moi

"-tu ferais mieux t'attacher ta ceinture."

Et son pied s'écrase sur l'accélérateur, la vitesse et la puissance de la voiture m'écrasent sur le siège.

Je regrette instantanément de lui avoir laissé le volant.

Amochés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant