31.

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Les deux jours sont passés. Je ne fais que rafraîchir l'ordinateur de Kaysan, peut-être dans l'espoir de savoir que je doutais inutilement. Je regarde l'heure. Il est bientôt minuit. Le troisième jour va bientôt débuter. Après minuit, s'il n'y a toujours aucune alerte dans le système, cela voudra dire que Syra ne les a pas prévenu. Cela voudra peut-être dire que Syra n'est pas l'une des leurs.

Et quand sur l'écran il est affiché "00:00", je me surprend à sourire. Aucune alerte. Je ferme alors l'écran de l'ordinateur, et sors de mon bureau. Je ressens un semblant de bonheur de ne pas avoir eu à la tuer. Mais étrangement, je n'arrive toujours pas à lui faire confiance. Pourquoi ? Peut-être ai-je peur qu'elle te remplace, ma Rayaa ?

Je me rends à la cuisine, me prendre un verre d'eau, quand je vois la lumière déjà allumé. Je pensais voir Kaysan, mais c'était Syra.

- Tu n'arrives pas à dormir ? Lui demandais-je.

- Non. Toi non plus ? Me demande-t-elle.

- Non plus... Dis-je doucement.

Voyant que je n'ajoute rien de plus, elle se tourne et continue à faire son chocolat chaud. Je me mets alors à côté d'elle.

- Il n'y a pas eu d'attaques. J'ai mentis. Lui avouais-je.

Elle tourne soudainement sa tête vers moi.

- Pourquoi avoir mentis ? Me demande-t-elle.

Je reste silencieux, ne sachant pas quoi lui répondre. Dois-je lui faire part de mes doutes ? Peut-être m'aidera-t-elle à éclairer mon esprit ?

- Parce que tu ne me fais pas confiance, c'est ça ? Me devance-t-elle.

Malgré le fait que je voulais le garder pour moi, je hoche la tête, confirmant son hypothèse.

- Tu n'auras pas confiance en moi en me testant. Dit-elle en haussant les épaules. Je pense que ça vient naturellement. Ça ne se prévoit pas. Enfin, je pense. Je me trompe sûrement.

- Non... non, tu as raison. Dis-je en soupirant. Mais j'ai besoin d'un coup de pouce pour que je puisse te faire confiance... Raconte-moi ton histoire, Syra. Dis moi pourquoi tu es aussi fermée.

Ses yeux changent rapidement d'expression, puis elle fuit mon regard.

- C'était... il y a cinq ans. Dit-elle d'une petite voix. Mais j'ai l'impression que c'était encore hier. Je...

Et sa voix se brise. Elle parlait comme si quelque chose lui est monté à la gorge. Elle n'était pas prête. Je voyais à son regard qu'elle n'était pas prête.

- J'attendrais. Soufflais-je.

Elle relève ses yeux, l'air confuse.

- Si tu n'es pas prête à me raconter ton histoire, j'attendrais. Lui dis-je.

- Merci. Dit-elle en souriant faiblement.

Je lui fais un léger signe de tête. Mais une question reste en suspend dans ma tête. Qu'a-t-elle vécu, il y a cinq ans ? La réponse la plus évidente était que son père lui a fait quelque chose. Ou bien ce "Ashraf", cet homme pour qui elle a travaillé.

- Caleb, je veux apprendre à me défendre. Finit-elle par dire. Je veux être aussi forte que toi. Mais pas que physiquement. Je veux être forte mentalement.

Je reste bouche-bé face à ce qu'elle me dit. Les entraînements que je lui faisais avaient pour but de la rendre plus forte, et elle détestait ça. Mais maintenant...

- Je sais qu'au départ, je n'étais pas d'accord, mais je le veux maintenant. Me dit-elle. Je veux savoir me battre, je ne veux juste plus être faible...

Je hoche la tête, toujours surpris. C'est vrai qu'en étant consentante maintenant, elle me facilitera beaucoup. Mais je n'arrive pas à comprendre ce soudain changement. J'imagine qu'elle a compris que son innocence ne la mènera qu'à sa perte. Après, je ne m'en plains pas. Ça m'arrange.

- Tu te trouves faible, Syra ? Me demande-t-il.

Elle hoche la tête en souriant tristement. Pour être tout à fait honnête, je la trouve faible aussi. Faible pour mon monde.

- Alors je te rendrais plus forte. Lui dis-je.

Elle me sourit légèrement avant que son expression ne change. Une expression neutre.

- Caleb... je voulais te demander... tu m'as mentis pour cette attaque, mais il y en a eu d'autres. N'est-ce pas ? Me questionne-t-elle.

Et je réponds par l'affirmative.

- Et tu ne regrettes pas ? M'interroge-t-elle. Je veux dire, les personnes que tu tues... ils ont des enfants... enfin, si en plus tu ne tues pas des enfants.

- Les personnes que je tue sont de mauvaises personnes. En s'engageant dans la mafia, tout le monde connaît les risques. Tuer ou être tué. Lui expliquais-je. Et si certains décident malgré ça d'avoir une famille, je ne suis plus responsable des personnes qu'ils laissent derrière eux.

Elle m'écoute parler, mais son esprit semble ailleurs.

- Mais vous tuez aussi des gens qui ne sont pas de la mafia... des gens normaux. Rétorque-t-elle. Même involontairement.

- Peut-être pour d'autres, mais dans mon cas, je n'ai jamais tué ou causé la mort d'un innocent. Tous mes conflits restent entre mafias. Jamais en dehors. Lui répondis-je.

Elle ne répond pas, mais je sais qu'elle n'est pas convaincue. Donc je ne suis pas le seul à ne pas lui faire confiance. Elle non plus, ne me fait pas confiance. Et encore plus, je pense qu'elle me déteste. Enfin, c'est normal. Je lui ai promis protection mais en échange, je l'ai forcé à faire des choses qu'elle ne voulait pas faire.

- Je vais aller me coucher. M'annonce-t-elle.

Sans que je ne puisse placer un mot, elle disparaît de mon champ de vision et monte dans sa chambre. Elle doit me faire confiance, sinon, elle ne me sera jamais loyale. Quand toute cette histoire se terminera, elle retournera en Égypte. Et avant son retour, je dois m'assurer qu'elle m'est loyale. Qui sait, peut-être qu'elle restera avec moi de son plein gré.

Mais comment avoir facilement la confiance d'une femme ? Honnêtement, je ne sais pas. Surtout que Syra n'a pas l'air d'être une femme qui se fait facilement influencer. Ce sera une tâche compliquée, mais j'ai fais de toi mon défi, Syra...

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant