La Rose d'un Criminel

65.

Je commence à voir de la fumée sortir de l'entrepôt. Je commence à m'inquiéter car Caleb n'est toujours pas sortis. Sa mère l'est aussi. Elle se montre forte mais je sais qu'à l'intérieur, elle est effrayée.

- Ma fille, où est mon fils ? Me demande-t-elle faiblement.

- Il arrive.

Je tente de me ressaisir, me disant que je ne peux pas être inquiète à ce point pour lui. Inquiète de ne pas le voir s'en sortir... et je me déteste de ressentir du soulagement lorsque je le vois sortir sain et sauf du bâtiment en flamme.

- Caleb ! S'écrie sa mère en courant vers lui.

La colère de Caleb s'estompe et je vois son visage rempli de regrets. Il serre fortement sa mère dans ses bras, comme s'il avait peur qu'elle s'évapore. J'ouvre la porte de la voiture de Yassin et lui dit de rejoindre son frère.

Mais avant, il me demande de me baisser. Je le fais et je suis surprise de le voir me prendre dans ses bras.

- Tu es ma grande sœur, maintenant. Me chuchote-t-il. Je t'aime.

Émue, je tente de ravaler mes larmes. C'est... la plus belle chose qu'on m'ait dite.

- Moi aussi je t'aime... petit frère. Dis-je en souriant, les larmes aux yeux.

Il m'embrasse la joue avant de courir vers son frère. Mon sourire ne me quitte pas. Il est mignon... et le fait qu'il m'est incluse dans sa famille... je ne sais pas, ça me fait quelque chose.

Mais mon sourire disparaît très rapidement. Quand j'enfermerais son frère... il me détestera. Il me détestera tellement. Et pas que lui. Je ne comprends pas pourquoi ça me dérange autant. C'était ma mission de base. Je ne devrais pas ressentir ce genre de choses...

Si ça continue, je vais devoir appeler mon chef et le prévenir. Je ne peux pas tout risquer. Je dois seulement garder en mémoire que ce que je ressens... c'est Syra qui le ressent. Pas moi. Pas Maya. Mais c'est si dur de me dissocier de mes propres sentiments.

- Syra. Dit Caleb en s'approchant de moi.

Sa mère et son frère montent dans la voiture et lui se met face à moi. Son regard cherchait le mien, et pendant plusieurs secondes, aucun de nous ne parlait. Comme si nous laissions à nos esprits un moment de repos avant que nos cœurs se parlent à nouveau.

- Je ne sais pas comment te remercier. Finit-il par dire. Sans toi, j'aurais perdu mon frère.

Je lui fais un signe de tête, sans pour autant dire quoi que ce soit.

- Il faudrait croire que je ne sois pas aussi fort qu'on le prétende. Me dit-il en riant sarcastiquement.

- Tu es un humain, Caleb. Un humain qui fait des erreurs et qui a des faiblesses. Lui dis-je. Mais tu as le pouvoir, le respect, la puissance. Tu es fort. Tu ne devrais pas douter de toi.

Je pense qu'il ne s'attendait pas à ce que je l'encourage de cette façon, car il me regarde surpris. C'est vrai que c'est la première fois que je lui dis en résumé ce que je pense de lui...

- Donc tu dis même les plus puissants échouent parfois ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête.

- Il n'existe personne sur Terre qui n'a jamais échoué. Lui dis-je. Il faut seulement savoir apprendre de ses erreurs et comprendre que certaines choses nous dépassent.

Comme la mort. La mort, cette chose qui fait partie de notre vie mais que l'on n'arrive pas à empêcher. Elle est la plus grande crainte de l'homme. Caleb est puissant, très puissant même, mais j'ai vu à quel point il craignait la mort quand c'est sa mère et son frère qui étaient en jeu.

On finit par monter dans la voiture et Caleb nous conduit chez lui. Sa mère restera avec nous pendant quelques temps. Honnêtement, ça me rend heureuse qu'ils restent avec nous.

Pendant tout le trajet, Caleb ne faisait que de regarder sa mère en lui embrassant la main. Inconsciemment, ça me fait sourire. J'envie un peu sa mère d'avoir quelqu'un qui s'inquiète pour elle et qui l'aime autant. Mais je suis contente pour elle. Elle le mérite tellement. Peut-être que moi, je ne le mérite pas... et pour cette raison, Allah m'a condamné à rester seule ?

Peut-être...

- Syra, à quoi tu penses ? Me demande Yassin.

- À rien. Lui assurais-je en souriant.

Il hoche la tête puis pose sa tête sur mes jambes. J'approche lentement ma main vers ses cheveux mais je m'arrête. Je ne devrais pas. Je ne devrais pas m'attacher à eux. Si je m'attache, partir me fera mal. Les entendre me dire à quel point je suis horrible pour avoir mentis et arrêté Caleb me fera mal.

Mais comme s'il sentait mon hésitation, Yassin prend ma main et la pose sur sa tête de lui-même. Je suppose que ça ne fera rien si je le console un peu... N'est-ce pas ? Il vient d'être enlevé, il doit encore avoir peur...

- Tout va bien à l'arrière ? Demande Caleb.

- Oui, Caleb ! Répond son frère. Syra est devenue ma grande sœur.

J'écarquille les yeux. Je pensais qu'il disait ça sur le moment... je lève la tête pour voir la réaction de Caleb. Il sourit.

- Est-ce qu'elle peut le devenir ? Demande Yassin.

- Je ne sais pas, champion. Si elle le veut. Lui répond Caleb.

Yassin lève alors sa tête vers moi, tout en restant allongé.

- Tu veux devenir ma grande sœur, Syra ?

Je regarde ce petit longuement. Je pense que mon chef ne m'en voudra pas de m'être approché d'un enfant... c'est la première belle chose qui me soit arrivé depuis si longtemps... ça ne me fera pas du mal d'en profiter. Ça ne me fera pas du mal de sentir que je ne suis plus seule pour une fois. Qu'il y a quelqu'un qui demandera après moi et qui m'aimera.

- Oui, je le veux. Dis-je en lui souriant.

Et il sautille de joie en me prenant dans ses bras. Oui... j'en profiterais tant que je le peux.