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Après avoir déposé ma mère chez moi, je prends Syra et l'emmène dans un de mes restaurants que j'ai vidé que pour nous deux. Elle me regarde avec incompréhension.

Avec ce qu'il s'est passé aujourd'hui, avec l'aide qu'elle m'a donné, je suis plus que sûr de ce que je vais faire. Je veux lui raconter mon passé, non pas pour me prouver si j'ai oublié Rayaa, mais parce que je veux qu'elle me connaisses. Chaque partie de moi.

- Qu'est-ce qu'on fait ici, Caleb ? Me demande-t-elle. On devrait rester avec ta mère et ton frère aujourd'hui.

- On va parler, ensuite on s'en ira... lui dis-je.

Je me racle la gorge. Je ne sais pas comment commencer.

- Uhm... je t'avais raconté une partie de mon passé et uhm... je veux te raconter le reste. Lui dis-je avec hésitation.

Elle hoche la tête puis se redresse pour montrer qu'elle m'écoute.

- Comme je te l'ai dis, chez moi, mon père était violent avec ma mère. Dis-je en soupirant. Mon seul moment de repos était à l'école. Au collège, j'ai rencontré cette fille... Rayaa. Au début, je ne lui ai pas prêté attention. J'avais déjà assez de problèmes, je ne voulais pas m'en rajouter. Enfin, jusqu'au jour où nous avions pris le bus ensemble...

- Mon frère est . Entendis-je.

Je ne prête pas attention à la voix, et reste concentré en regardant par la vitre. Soudain, une fille arrive et s'assoit à côté de moi. Elle me tient par le bras. Je ne comprenais pas jusqu'à ce qu'elle me montre du regard un homme.

- Fais semblant d'être mon frère, s'il te plaît. Me murmure-t-elle.

Et c'est ce que j'ai fais, jusqu'à ce que l'homme s'en aille, puis je l'ai raccompagnée chez elle. Après, je suis rentré chez moi à pied car il n'y avait plus de bus.

- Depuis ce jour, on se saluait chaque fois que l'on se voyait. Jusqu'à ce qu'elle commence à engager une conversation. On parlait tous les jours même lorsqu'on est entré au lycée. Et je tombais amoureux d'elle. Dis-je tristement. Mais ce n'était pas possible. J'étais pauvre, à ce moment-là. Et elle était riche. Son père était chef d'une grande entreprise. Il a refusé qu'un homme comme moi puisse épouser sa fille. Il ne pensait pas capable de la faire vivre dans le confort et qu'il préfère un homme de leur statut pour l'épouser.

- Rayaa, je vais tout faire pour gagner beaucoup d'argent, si c'est notre seule obstacle. Lui dis-je. Et tu deviendras ma femme.

Elle sourit puis me prend dans ses bras.

- Tu le sais, ensuite j'ai dû prendre ma mère et mes frères pour fuir mon père donc on a perdu contact pendant quelques mois. J'ai quitté le lycée puis j'ai commencé à faire quelques boulots par ci par là, et quand j'ai pu payer le loyer et payer à mes frères et ma mère de quoi manger, j'ai essayé de reprendre contact avec elle...

Je m'arrête quelques secondes pour remettre de l'ordre dans mon esprit.

- J'ai appris qu'elle s'était mariée.

- On devait se marier ! Lui dis-je avec désespoir. Comment tu... punaise ! Tu jouais avec moi pendant tout ce temps ?

- Caleb, écoute moi ! Dit-elle en pleurant. Je t'aime mais je devais épouser cet homme... pour mon père. Tu sais que je ne peux rien lui refuser.

Je la regarde avec dégoût, comme si je ne la reconnaissais plus.

- J'ai décidé de m'éloigner, car elle était tout de même une femme mariée. Un an après, elle m'appelle en pleurs. Elle me dit qu'elle est au-dessus d'un immeuble et qu'elle a besoin de moi. Dis-je en soupirant. Je l'aime toujours, donc j'y vais. J'arrive en courant tout en la gardant avec moi au téléphone. Puis j'arrive...

Rayaa était début sur le bord du toit, j'arrive en lui criant de descendre.

- Je suis désolé, Caleb. Dit-elle en pleurant. J'aurais t'écouter. J'aurais dû rester avec toi.

- Tu le peux, Rayaa ! Tu peux divorcer et te remettre avec moi ! Lui criais-je. Je n'ai pas cessé de t'aimer, je n'ai pas cessé de t'attendre !

Elle se met à pleurer.

- Je suis enceinte, Caleb ! Dit-elle en sanglotant.

Cette annonce a eu l'effet d'une bombe. Je pensais que... ce mariage n'était pas réelle. En fait, si. Il l'est.

- Je haïs ce bébé, je haïs mon père, je haïs mon mari ! Je déteste tout le monde !

Malgré ma déception, je tente de la faire descendre. Et quand elle se tourne enfin vers moi, je souris en pensant qu'elle allait descendre.

- Je t'aime, Caleb. Murmure-t-elle.

Puis elle saute. Je suis resté figé sur place, ne comprenant pas ce qu'il s'est passé... elle a sauté.

- Elle a été rapidement emmené à l'hôpital. Ses parents et son mari, bien-sûr, m'ont accusés d'être le fautif. Moi, je ne disais rien. J'avais l'impression d'être dans un mauvais rêve qui allait bientôt prendre fin. Et je me suis sentis coupable. Je me disais que j'aurais pu faire quelque chose. Que j'aurais pu la sauver...

Je m'assois par terre, contre le mur, les mains sur ma tête. Les images de son suicide tournent en continu dans ma tête. Je n'arrive pas à l'oublier. Et les larmes sont coincés dans mes yeux et ne veulent pas couler. J'étais dans mon monde, pendant que ses parents et son mari me criaient dessus.

- Le médecin est là ! S'exclame sa mère.

Je me lève d'un bond, il nous regardait d'un air triste.

- Nous avons fait tout ce qu'on a pu...

- Le médecin a annoncé sa mort. Je n'entendais plus rien d'autre autour de moi. Rayya était morte. J'ai perdue Rayaa. Et depuis ce jour-là, sa famille portaient plaintes contre moi. Parfois, le mari et le père venaient jusqu'à chez moi et me battaient devant les yeux effrayés de ma mère et mes frères. C'était horrible.

Et ma voix se brise lorsque je prononce ces mots :

- Et le pire, c'est qu'ils ne m'ont pas laissés participer à ses funérailles... je n'ai pas pu lui dire un dernier au revoir. Et la suite, tu la connais. Je suis devenu puissant puis je suis venu en Russie et tout ce qui s'en suit.

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant