La Rose d'un Criminel

108.

Je fais les cents pas. Ne plus la voir est de plus en plus difficile. Je n'arrive plus à penser correctement. J'ai besoin d'elle. Je n'arrive plus à fonctionner. Et il n'y a qu'une seule façon pour la retrouver ; aller la chercher moi-même.

- Prépare mon jet, je pars en Égypte. Ordonnais-je à un de mes hommes.

- Patron, vous allez vous faire arrêter !

Je pose mon arme sur mon bureau. Je n'en aurais plus besoin.

- Je t'ai donné un ordre. Lui dis-je froidement. Je vais aller chercher ma femme.

Il hésite avant de sortir son téléphone. J'allais sortir avant que la porte ne s'ouvre. J'ai eu un mouvement de recul en la voyant. Elle est là. Mes hommes la tiennent par ses bras. Elle... elle est venue. Elle m'est revenue.

Mais à cause du choc, je n'ai pu prononcer que ces mots :

- Qu'est-ce que tu fais là ?

MAYA

Il est toujours en colère. Je le vois à son visage. Mais qu'est-ce qu'il m'a manqué. Le revoir apaise enfin mon cœur. Il comble enfin le vide qu'avait mon âme.

- Je suis revenue pour toi.

Il n'a aucune réaction, il me regarde seulement sans un mot.

- Je sais que tu es en colère, et tu as raison de l'être mais je me dois de tout t'expliquer. Lui dis-je rapidement. Je suis une agent secrète, oui. Je travaillais pour le gouvernement égyptien, oui. Et tu étais ma cible. Je suis venue en Russie pour l'unique raison de t'arrêter. Je devais trouver une preuve contre toi. Je ne vais pas te mentir, je te détestais. Tellement. Mais ça a changé.

Il m'écoutait parler, et c'est une bonne chose. J'espère qu'il me croira...

- Je suis tombé amoureuse de toi, et je ne t'ai jamais mentis là-dessus. Tu te rappelles du jour où je t'ai avoué mes sentiments ? Avant que tu ne rentres, j'ai réalisé que je t'aime. J'en ai pleuré. Je me suis détesté, car je savais que j'allais nous faire du mal. À tous les deux. Dis-je faiblement. Mais je l'ai accepté. J'avais un homme qui m'aime et que j'aime. Quelle était là probabilité pour que ça m'arrive ? Quand je l'ai réalisé, je me suis sentis chanceuse car je pensais que je ne méritais pas d'être aimé.

Sa non réactivité me fait peur. Et s'il me demande tout de même de partir, comment vais-je faire ?

- Je ne suis pas une traître, Caleb. Si j'ai trahis qui que ce soit, ce n'est pas toi, mais notre pays. J'ai tout quitté pour être avec toi. Je suis désormais une traître à la nation. Dis-je en souriant faiblement. Et j'en suis fière.

Je me mets alors à jouer nerveusement avec mes doigts.

- Tu disais je t'aime à Syra, c'était elle que tu aimais. Mon autre moi. Et j'essayais de m'effacer. Je voulais faire disparaître Maya, oublier tout ce que j'ai vécue, rien que pour être la femme que tu aimes. Dis-je doucement.

Mon cœur rate un battement en le voyant s'approcher avec son arme. Mes lèvres se mettent à trembler. J'ai compris. Il ne me pardonnera pas.

- J'ai été tellement jalouse de moi-même. Tu aimais Syra, tu lui donnais le monde entier. Mais moi, Maya, je représentais l'ennemi. J'étais la femme que tu n'aimeras jamais. Et je ne t'en veux pas. Car qui a déjà aimé Maya pour que tu puisses l'aimer ?

Et il me surprend en m'entourant de ses bras, me serrant contre lui.

- Mais moi, je suis tombé amoureux de ton âme. Pas d'un nom.

Je le serre à mon tour, ne réalisant pas ce qu'il se passe. Les larmes me montent aux yeux. C'est réel ? Être dans ses bras me rassure tellement que je me relâche et pleurs.

- Tu m'as manqué. Dis-je en pleurant. Tellement.

Et comme réponse, il me serre encore plus... comme s'il avait peur que je ne me volatilise.

- Tu me pardonnes, Caleb ?

Il hoche la tête et je me sens si rassurée.

- Mais à une condition. Me dit-il.

- Dis-moi. Dis-je directement. Je ferais tout ce que tu veux.

Il pose sa main sur ma joue et la caresse avec son pouce tout en me regardant dans les yeux.

- Marie-moi. Demain. Demain, deviens ma femme. Deviens Maya Al-Hassan.

J'écarquille les yeux. Moi, me marier avec Caleb ? Ça me semble si irréel...

- Ce n'est pas une punition... Dis-je doucement. Me marier avec toi est un rêve...

- Un rêve qui deviendra réalité. Dit-il en souriant. Tu porteras mon nom, tu porteras mes enfants, tu seras toujours à mes côtés, je deviendrais ton mari, et mon intention n'était pas que cela soit une punition.

Je souris, les larmes aux yeux.

- Et je suis désolé. Terriblement désolé. Me souffle-t-il. Mes mots, je ne les pensais pas. Je ne pensais rien. Je les ai regretté presque instantanément mais la colère m'a aveuglé.

Je pose alors mes mains sur ses joues.

- Je ne t'en veux pas. Et je m'y attendais un peu... c'est pour cette raison que j'avais peur de te dire la vérité. Dis-je tristement.

Il soupire, alors que je pouvais voir le regret le ronger.

- Et tes parents... qu'en disent-ils de cette situation ? Me demande-t-il.

- Oh... j'ai perdue mes parents. Dis-je faiblement. C'est d'ailleurs pour eux que je suis venue faire cette mission.

- Je... je suis désolé, je ne savais pas.

Enfin, je peux lui dire la vérité sur mes parents. Je lui raconte alors tout ce qu'il s'est passé le jour où je les ai perdu, comment j'ai grandis suite à ça. Et quand j'ai finis mon récit, il m'a prise dans ses bras encore une fois.

- Tu es encore plus forte que ce que je pensais. Dit-il faiblement. Et je comprends mieux ta colère passée. Tu as vécue une dure vie, mais désormais, je te promets que ‏je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre heureuse.

- Reste seulement à mes côtés, et je serais heureuse. J'ai besoin que de ta présence.

Je reprends ensuite mon sac, et en sort le document qu'il m'avait donné. Il me regarde avec surprise, ne s'attendant sûrement pas à le voir entre mes mains.

- Je crois que ça t'appartient. Dis-je en souriant.

Il tient alors ma tête entre ses mains et m'embrasse le front longuement.

Je lève les yeux, remplis de larmes, vers lui. Mon Seigneur, qu'est-ce que je l'aime... quelqu'un a enfin pu voir à travers mes yeux et m'aimer sincèrement. Et moi, je suis folle amoureuse de lui.

Et j'ai envie de dire à la moi enfant de croire en elle, de patienter, car un homme sur terre l'aimera infiniment. Qu'elle aura le droit au bonheur, enfin.