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Je descends dans le salon après que Caleb soit partie travailler, pensant que j'étais seule, mais je suis surprise de voir que Kaysan est ici. Assis sur le canapé, silencieusement.

- Kaysan ?

Il lève sa tête, et je vois à son regard qu'il ne va pas bien.

- Désolé, Maya. Je n'avais nul part d'autre où aller. Dit-il doucement.

Je m'approche de lui, inquiète.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, Kaysan ? Lui demandais-je.

- ... C'est ridicule.

Je m'assois à côté de lui, ne comprenant pas ce qu'il veut dire.

- Mon frère vient de se faire exécuter. Dit-il faiblement. C'est ridicule d'être attristé par ça.

Je comprends alors pourquoi il est ainsi. Et le fait que malgré tout, il ressente ne serait-ce qu'un peu de tristesse, me prouve la grandeur de son coeur.

- Il m'a pris ma fille. Je ne devrais ressentir que de la joie ! Dit-il avec désespoir en passant ses mains sur ses cheveux.

Je le regarde avec tristesse. Les mots m'échappent. Je ne sais quoi lui dire pour l'apaiser...

- Quel genre de père suis-je, Maya ?! Je ne mérite pas Adina. Dit-il, les larmes aux yeux.

Je le prends dans mes bras, il voulait pleurer mais se retenait. Sentant mes bras le serrer contre moi, il se laisse aller et je sens rapidement de chaudes larmes sur mon épaule, puis son corps tremble.

- Mais c'est mon frère. Dit-il en pleurant. Il a été mon héros, mon exemple, mon autre moitié pendant plus de vingt ans.

Et je ne peux me retenir de verser quelques larmes. Il me fait tellement de peine. Si seulement son frère l'aimait autant que lui l'aime... il n'aurait jamais approché la femme de son frère, il n'aurait jamais pensé à prendre la vie de sa nièce.

- Je ne veux pas qu'il aille en enfer. Dit-il, la voix brisée. Mais ce qu'il m'a fait... je n'arrive pas à lui pardonner. Qu'est-ce que je dois faire, Maya ?

- ... Tu n'es pas obligé de lui pardonner.

Il se sépare alors de moi et me regarde dans les yeux.

- Tu dois me trouver ridicule. Dit-il en souriant tristement. Je pleure pour le meurtrier de ma fille.

- Non, je t'admire. Lui dis-je doucement. Tu es un homme au grand cœur, si tu arrives à être triste pour lui.

Il détourne le regard, en séchant ses larmes.

- J'ai tout fait pour que Caleb n'aille pas le tuer, car je n'étais pas prêt à le perdre. Dit-il, honteusement. Je disais que je voulais le tuer moi-même.

Et il rit nerveusement.

- La réalité c'est que je n'aurais pas pu lever mon arme sur lui. Dit-il en baissant la tête. Je me serais tiré une balle dans la tête, avant de prendre sa vie.

Je pose ma main sur son épaule, l'écoutant tristement.

- Mon frère, celui que je connais, n'aurait jamais pensé à me faire du mal. Dit-il en soupirant. Cette femme l'a changé. Elle l'a rendu mauvais. Il a été aveuglé par elle.

Cela se voyait à son visage qu'elle est une manipulatrice. Allah seul sait ce qu'elle a pu lui promettre pour commettre cet acte. De ce qu'elle m'avait dit, c'est elle qui a initié le plan et il l'a juste suivi. Mais ça n'excuse rien.

Il a laissé sa femme tuer sa nièce, sans broncher.

- Mais chaque fois que je pense à lui, je revois Adina. Dit-il faiblement. C'est mon frère, je l'aime, mais c'est lui qui m'a causé le plus grand des maux. Je me sens coupable d'éprouver de la peine... et je me sens comme un père indigne.

- Tu n'es pas un père indigne, Kaysan. Tu es un père formidable. Dis-je en souriant tristement.

Il relève ses yeux sur moi, l'espoir rempli son regard. Comme s'il avait besoin d'entendre ces mots.

- Je continuais... enfin, je pensais aimer Ilyes, alors qu'il me battait. J'ai pris du temps avant de le détester. Dis-je doucement. Toi, c'est un peu plus compliqué mais ton cœur s'apaisera. Ta peine ne durera pas.

Il hoche la tête, en me faisant un petit sourire gratifiant.

- La seule bonne chose dans cette histoire, c'est toi, Maya. Dit-il doucement. J'ai perdu un frère, mais j'ai eu une sœur. Je suis certain qu'Adina t'aurait adoré, si elle t'avait rencontré.

Je prends sa main dans la mienne puis lui souris. Je suis contente aussi que j'ai pu trouver un frère comme Kaysan.

- Je ne te l'ai pas dis, mais... j'ai pu visiter sa tombe. Je lui ai déposé des fleurs chaque jour jusqu'à mon départ, et je lui ai beaucoup parlé de toi. Dis-je en souriant.

Et sa voix craque :

- Vraiment ?

Je hoche la tête. Sans hésiter, il me prend dans ses bras, me serre fortement contre lui et je l'enlace à mon tour.

- Merci. Merci mille fois, ma sœur. Me souffle-t-il. Ma fille a pu sentir une personne chaleureuse auprès d'elle après ces sept ans seule...

C'était le moins que je puisse faire pour lui. Je n'avais pas la force de faire plus que ça, et j'aurais aimé faire plus. Kaysan se reprend ensuite très vite et me fait un petit sourire.

- Je n'ai jamais pleuré dans les bras de quelqu'un. Me dit-il doucement. J'espère que tu vois à quel point tu es importante pour moi. J'espère que tu n'en douteras jamais.

Ce qu'il me dit me rend émotive. Je ne sais pas ce que j'ai pu faire pour qu'une personne me porte autant dans son cœur. Que ce soit lui, Keyaan, Hayden, Yassin, Caleb et leur mère.

La moi enfant en aurait pleuré.

- Et tu es aussi important pour moi. Lui dis-je en souriant. Je te considère comme le frère que je n'ai jamais eu.

Il me sourit. Puis récupère une boîte de derrière le canapé. Il me la tend ensuite et je la prends de ses mains.

- Tu as reçue un colis plus tôt, j'ai oublié de te prévenir. Me dit-il.

J'ouvre la boîte, curieuse de savoir ce qu'il s'y trouve. Et sans surprise, j'y découvre des roses. Encore. Sept roses. Je souris de toutes mes dents. Même à son travail, il pense à moi...

- Dis-moi, Kaysan. Si je veux offrir un cadeau à Caleb, qu'est-ce qui lui ferait plaisir ? Lui demandais-je.

Il réfléchit. J'espère qu'il le saura, parce que je ne lui ai encore rien offert, alors que lui m'offre sans cesse des roses.

- Viens, on va au centre commercial.

Je me lève et hoche la tête. J'espère qu'on trouvera quelque chose et que je pourrais réjouir le cœur de mon mari.

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant