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Après la demande soudaine en mariage de Caleb, j'ai accepté. Je ne pouvais pas refuser. Non, je ne voulais pas refuser. Mais je dois faire en sorte de le retarder, pour pouvoir mieux m'organiser. Si mes faux parents et mon chef en entendent parler, ‏je serais renvoyé en Égypte et je quitterais tout ce que j'ai construis ici. Tous sauront qui je suis réellement...

La sonnerie de la porte me tire de mes pensées. J'appelle les garçons pour qu'ils ouvrent la porte, mais aucune réponse. Kaysan doit sûrement travailler, et Hayden et Keyaan doivent jouer à la PlayStation. Je me lève alors et ouvre la porte.

C'est un homme. Il a une capuche sur la tête, et avait les yeux baissés. Son visage n'est pas visible. Je fronce les sourcils.

- Je vais appeler Kay-

- Non. Me coupe-t-il. Je suis venu pour toi.

Mon coeur se met battre rapidement. Je reconnais cette voix. Je recule légèrement. Et lorsqu'il relève la tête, mes doutes se confirment. Le voilà, l'homme de mes cauchemars. L'homme qui, six ans plutôt, me battait jusqu'au sang.

- Ilyes... 

- Tu m'as manqué, Maya. Me dit-il en souriant.

Je secoue ma tête. Je ne pensais jamais le revoir, pourtant, le voilà... Sans réfléchir, je lui claque la porte au nez. Je la verrouille à clé, ferme les rideaux et monte à l'étage.

Je dois appeler Caleb.

Je m'enferme dans ma chambre avec mon téléphone puis m'assois dans un coin dans ma chambre, sombre. Mes mains tremblaient, et je ne pouvais pas formuler de phrase correcte. Mais j'espère tout de même que Caleb ait compris que j'ai besoin de lui.

CALEB

J'ai reçu un appel inquiétant de la part de Syra. Je quitte ma réunion sans dire un mot, puis prends ma voiture en vitesse. Je n'attends pour démarrer rapidement. Je n'ai pas totalement compris ce qu'elle me disait, mais j'ai compris à sa voix qu'elle ne va pas bien, elle pleurait. 

J'arrive chez moi en quelques minutes, je jette mes clés à mes hommes pour qu'ils garent ma voiture et je rentre à l'intérieur en courant. Tout est fermé. La porte. La lumière. Les rideaux.

- Caleb !

Mes frères courent vers moi.

- Syra s'est enfermé dans sa chambre, elle ne veut pas ouvrir. Me disent-ils.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Leur demandais-je.

- On ne sait pas...

Je cours alors jusqu'à l'étage. Sa porte est toujours fermée. Et si un de mes hommes a tenté de lui faire quelque chose ? 

- Syra ? C'est moi, Caleb, ouvre la porte.

Je tends l'oreille, mais il n'y a aucun bruit. Je toque fort pour qu'elle puisse m'entendre, mais toujours rien. Je tape alors la porte avec mon épaule jusqu'à ce qu'elle se brise.

J'ouvre la lumière de sa chambre et la retrouve assisse au sol, les jambes collés contre sa poitrine et son corps entier tremblait violemment. Je m'approche rapidement d'elle mais m'arrête en voyant une flaque de sang devant elle.

Elle tenait un couteau à la main.

Plus précisément, elle tenait la lame du couteau à la main.

- Syra, le couteau ! Dis-je en me baissant vers elle.

Elle lève les yeux sur moi, son regard est si vide... Je vois même ses larmes sécher sur ses joues. Je retire le couteau de ses mains et découvre une grosse blessure.

- Syra, ta main saigne...

- Je n'ai pas vu... Dit-elle d'une petite voix. 

Je fronce les sourcils, confus. Même si elle ne l'a pas vu, comment ne l'a-t-elle pas sentis ? Je la serre alors dans mes bras, et elle n'hésite pas à m'enlacer en retour. Elle ne me prend pas dans ses bras comme d'habitude. Cette fois, elle me serrait si fort qu'elle enfonçait ses ongles dans mon dos.

- Ilyes était là. Dit-elle faiblement. Il est revenu me tuer... j'en suis sûre.

Je comprends alors. Je comprends ces larmes, ces tremblements, cette frayeur. 

- Tant que je suis là, personne ne te fera du mal. Personne ne te prendra de moi !

Et elle se met à pleurer. Comme si, après mes mots, elle se sent enfin en sécurité d'être elle-même. Comme si elle se retenait de craquer depuis tout à l'heure et que dans mes bras, elle se relâche enfin. Elle se le permettait.

Petit à petit, elle se calme. Ses larmes cessent mais elle reste toujours dans mes bras.

- Comment le fais-tu ? Me dit-elle doucement.

- Faire quoi ? Lui demandais-je.

- Me faire sentir en sécurité...

Elle se retire alors de mes bras pour me regarder dans les yeux.

- Tu es la première personne à laquelle je pense quand je suis en danger. Dit-elle doucement. Peut-être parce que tu m'as montré qui se cache derrière cette carapace... Je sais que toi, tu ne me feras jamais de mal. Tu me protèges des autres, et de toi-même.

Je lui souris légèrement. Elle ne sait pas à quel point ses mots remuent quelque chose en moi. Je suis son refuge. Malgré qu'elle ait vu le pire de moi, elle m'a choisis comme son refuge. 

Punaise. Si elle savait jusqu'où je pourrais aller pour elle... déclarer la guerre au monde entier ne serait qu'un jeu d'enfant.

- Ne lui fais pas de mal. Dit-elle d'une petite voix.

Je la regarde, surpris face à sa demande. Ne pas lui faire de mal ? Le prendrait-elle par pitié ? 

- Je veux lui parler. Me dit-elle.

Je hoche la tête. J'accepte à contrecœur sa requête, si c'est ce qu'elle veut alors je ne peux rien lui dire. Mais lui parler pour dire quoi ? Cet homme ne changera pas, et les mots ne lui feront rien. J'ai seulement peur qu'il blesse Syra à nouveau. Je l'aide à reconstruire sa confiance en elle, à se sentir bien dans sa peau. Je ne fais pas tout ça pour qu'un vaurien vienne tout détruire en seulement quelques mots.

- Tu n'auras pas peur de lui ? Lui demandais-je. 

- Si tu es là, non. 

Je ne comptais pas la laisser seule avec lui, de toute façon. Je la laisserais lui parler sous mes yeux, mais ensuite, rien ni personne ne pourra se mettre entre lui et moi, si ce n'est l'ange de la mort. Seule la mort pourra le sauver de mes mains, et même elle ne le voudra pas.

Tu es désormais à ma merci, Ilyes. 

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant