73 - Maya.

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⚠️ Ce chapitre fait mention de violences conjugales et de viol. Svp, si vous n'êtes pas à l'aise avec ces sujets, ne lisez pas ce chapitre et le début du prochain.

***

Je me lève et m'assois sur le canapé en cuir de Caleb, puis je lui demande de venir s'asseoir à côté de moi. Je ramène mes jambes à moi, et les colle contre ma poitrine. Je me sens plus en sécurité de cette façon.

- Écoute jusqu'à la fin, sans m'interrompre. Lui dis-je. Sinon, je ne pourrais pas continuer.

Il hoche la tête.

- J'ai toujours été seule. Je pense que tu l'as assez vu depuis que l'on s'est rencontré. Dis-je en riant tristement. Jusqu'à ce que je rencontre ce garçon. Il m'a offert tout l'amour du monde, je l'aimais beaucoup. Et on s'est fiancé à nos dix-sept ans. Mais petit à petit, son comportement a changé.

J'aurais aimé lui parler de mes parents en premier, mais c'est la seule limite que je ne peux pas dépasser...

- Au début, il m'ignorait. J'étais tellement dépendante de lui que je le suppliais littéralement de me parler. Dis-je, les larmes aux yeux. Il a commencé alors à me reparler... mais il a également commencé à me battre. Tous les jours.

Les yeux de Caleb s'agrandissent, ne s'attendant pas à cette confession.

Battu. Encore. Et encore. Et encore. Il ne s'arrête pas. Mes larmes non plus.

- Pourquoi ? Dis-je en sanglotant. Pourquoi est-ce que tu me fais du mal ?!

Il se baisse à ma hauteur.

- Parce que je t'aime, Maya. Dit-il en souriant. Si je ne t'aimais pas, je t'aurais laissé te faire du tort à toi-même.

- Je le croyais. Je croyais qu'il m'aimait. À force de me répéter que personne ne peut m'aimer parce que je suis détestable, je me suis sentis... honoré que quelqu'un puisse m'accorder son attention et son amour. Alors je ne disais rien quand il me frappait, parce qu'il m'aimait.

Je vois Caleb vouloir parler mais il se retient fortement.

- Des fois, il me frappait tellement que je n'arrivais plus à bouger. Je restais sur le sol, en pleurant et en tremblant. Et il venait s'excuser. Il se baissait à ma hauteur et posait ses mains sur mes joues puis me regardait dans les yeux, en pleurant et il me demandait pardon. Comme s'il regrettait vraiment ce qu'il a fait.

Si seulement baba était en vie. Il m'aurait défendu. Je n'aurais pas eu à vivre tout ça...

CALEB

Plus je l'écoute, plus je suis en colère. Contre moi. Contre lui. Contre tout le monde. Cette peur des hommes qu'elle avait, et qu'elle a toujours, s'explique par cela...

- Malgré ma volonté de vouloir le quitter, de rompre ces fiançailles, il trouvait toujours un moyen de me faire rester. "Personne ne t'aimera", "sans moi, tu n'es plus rien", "qui pourrait te supporter si ce n'est moi ?". Alors je suis resté. J'ai supporté. Parce que c'est ce qu'on doit faire quand on aime, n'est-ce pas ? On doit supporter toutes les pires crasses de son partenaire. Sans dire un mot. Et si je parlais, personne ne m'aurait cru. Parce que Ilyes ? Ilyes est un ange. Ilyes est doux. Ilyes est aimant. Ilyes ne ferait pas de mal à une mouche. Pourtant, il battait sa fiancée.

Ilyes... Le fameux Ilyes de ses cauchemars.

- Mais honnêtement, si je savais ce qui allait se passer ensuite, j'aurais largement préféré ce que je vivais avec lui.

Oh... alors il y a pire ? Je n'ose pas imaginer. Je ne veux pas imaginer.

- Ilyes avait un frère. C'était le seul qui était gentil avec moi, quand Ilyes me battait. Un jour, le jour de mes dix-huit ans, il est tombé gravement malade. Enfin, c'est ce que Ilyes m'a dit. Il m'a demandé de lui préparer à manger et de le lui ramener. Raconte-t-elle. Je l'ai fais. Et j'aurais aimé ne jamais l'avoir fais...

Elle fait une pause, ses larmes coulant silencieusement de ses yeux. Elle resserre ses jambes contre elle encore plus fortement. Je comprends que c'est sa façon à elle de se sentir en sécurité.

- Je suis rentré chez eux, la nourriture à la main. Je toque contre la porte de la chambre de mon beau-frère... il ouvre... et il sourit quand il me voit. Je n'oublierais jamais ce sourire. Il me donne envie de vomir. Dit-elle les larmes aux yeux. Il m'a dit "enfin, tu es là", puis il a attrapé mes poignées, et m'a tiré à l'intérieur de la chambre. J'étais en train de lui crier qu'il a fait tomber la nourriture. Comme si la peur m'a bloqué à ce moment-là, je ne cessais de répéter "la nourriture, tu l'as fais tomber" alors qu'il fermait la porte sur nous.

Je reste figé. Non... non, pas ça... mon Seigneur... fait que ce ne soit pas ça. Fait que je me trompe.

- Il m'a plaqué contre son lit... je me suis forcé à crier... à le pousser... mais il était encore plus fort que moi. Je ne pouvais rien faire. Il... il m'a embrassé le cou et il... il a commencé à m'embrasser sur la bouche... et je ne me rappelle plus exactement... mais il a retiré nos vêtements, après... Dit-elle, perdue. Il m'a complimenté sur... euh... sur mon corps et m'a embrassé partout... je continuais à le supplier de me lâcher, en pleurant. Mais il a continué...

- Ne me dis pas qu'il l'a fait. Dis-je faiblement.

Je sais que je lui ai dis que je n'allais pas l'interrompre, mais c'était plus fort que moi. Et elle me répond, la voix brisée :

- Il m'a violé.

Mon corps entier tremblait. Elle a été violée. Cet aveux me rempli d'une rage incontrôlable. L'envie d'assassiner ce chien m'est vitale.

- Il est en vie ? Lui demandais-je.

- Il est en vie. Me confirme-t-elle. Il a une femme et deux enfants, maintenant.

Mes mains tremblent. Je n'arrive pas à croire qu'elle aie vécue tout ça. Je n'arrive pas à m'imaginer à quel point un être peut être aussi cruel pour infliger ça à quelqu'un.

- Enfin... après ça, il m'a rhabillé et m'a assuré que ça allait être notre secret. Qu'on pourrait se retrouver quelques fois pour coucher ensemble, sans que son frère ne le sache. Dit-elle. Et puis, il est partit en riant. Je suis sortis de chez lui, des heures après, en pleurant et titubant.

Je ferme les yeux quelques secondes. Mon Seigneur, je vais créer un carnage...

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant