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Après un long silence, j'éclate de rire. Moi ? Sa fiancée ?

- Quoi ? T'es déjà amoureux de moi ? Dis-je en riant.

Mais le voyant me regarder avec un air totalement sérieux, je cesse.

- Tu es... sérieux. Soufflais-je.

- Oui. Affirme-t-il. Mais ce n'est que pour de faux. Tu ne seras pas ma véritable fiancée. Personne ne prend au sérieux le statut de "petit-ami", alors...

Je n'arrive pas à y croire. Il a si peur qu'on me fasse du mal, qu'il est prêt à devenir mon faux fiancé ? Mon chef en serait tellement heureux. Il me féliciterait pour mon avancé.

- D'accord. Lui répondis-je. Devenons de faux fiancés en public, mais en privé, tu ne seras rien de plus que Caleb.

- Ne t'inquiète pas. En privé, nous serons que des amis. Dit-il en me regardant dans les yeux.

Amis ? Je ne l'ai jamais considéré de la sorte, pourtant lui, si. Enfin, je ne vais pas m'en plaindre. Ça me permettra de me rapprocher de lui. Mais ça me fait drôle de me dire que Caleb sera le seul "ami" que je me suis faite dans ma ridicule existence.

- Dès que l'on rentre, je vais répandre la nouvelle. Me dit-il. Et à partir de ce moment, plus personne n'osera s'approcher de toi.

- Mais pourquoi il y a autant une différence de traitement entre petite-amie et fiancé ? Lui demandais-je, curieuse.

- Fiancé, c'est que je t'ai demandé en mariage, donc je prévois de passer ma vie avec toi, c'est sérieux. Me répond-il. Alors que petite-amie, beaucoup appellent ainsi leur conquête, les femmes pour lesquelles ils n'ont aucune attache. Tu comprends ?

Aucun attache, donc pas de risque de vengeance. Je comprends mieux. Donc dans peu de temps, je serais la fiancée de Caleb Al-Hassan. Peut-être que mon chef entendra la nouvelle avant que je ne puisse le lui dire.

Je me mets à sourire et Caleb me sourit en retour. Si seulement il savait que chaque pas qu'il fait vers moi est en vérité un pas vers la prison. Je vois déjà ses bras tendus, ses mains en avant, pendant que je lui mets les menottes. Quelle réjouissance. Je ne vais pas devoir passer des années avec lui, quelques mois auront suffit...

CALEB

Je rentre enfin chez ma mère et Syra monte directement à l'étage. Il fait nuit, ma mère et mon frère doivent sûrement dormir. J'entre dans la cuisine pour me faire quelque chose à manger, mais je suis surpris de voir ma mère.

- Mama, tu ne dors toujours pas ? Lui demandais-je.

- Non, tu sais que je ne peux pas dormir avant que tu rentres. Me dit-elle.

J'avais oublié. Ma mère reste toujours réveillée jusqu'à ce que mes frères ou moi rentrons et qu'elle nous voit sain et sauf.

- Je dois te parler de quelque chose. Lui dis-je.

Elle se positionne correctement pour me montrer qu'elle m'écoute.

- Il s'est passé quelque chose aujourd'hui, et pour la protection de Syra, j'ai décidé qu'on allait nous fiancer pour de faux. Lui avouais-je. J'aimerais que tu joues le jeu, si jamais on sort en public...

Ma mère sourit d'un coup. Je ne sais pas à quoi elle pense, mais ce n'est certainement pas sur ce que je lui ai demandé de faire.

- Cette fille te plaît, n'est-ce pas ? Me demande-t-elle.

Je fronce les sourcils en secouant ma tête de droite à gauche.

- Non... non... du tout ! Bafouillais-je. Je la considère comme une amie, une employée ou une allié... rien de plus...

Elle secoue sa tête en souriant légèrement.

- Et puis, j'aime toujours Rayaa. Dis-je d'une petite voix.

- Je ne t'ai pas demandé est-ce que tu l'aimes... je t'ai demandé si elle te plaît. Rétorque-t-elle. C'est différent. Tu peux ne pas l'aimer mais éprouver de l'attirance envers elle. Tu te soucies d'elle. Sinon pourquoi chercher à la protéger ?

Je détourne le regard et fixe le sol. Comment savoir si l'on est attiré par quelqu'un ? Je ne sais pas. Je n'ai pas envie de savoir. J'ai été mauvais avec elle au départ, je ne peux pas être attiré par elle maintenant. C'est absurde. Ma mère veut seulement jouer avec mon esprit.

- Parce qu'elle travaille pour moi. Répondis-je simplement.

Et c'était la seule réponse logique.

- Et tes hommes ? Ils ne travaillent pas pour toi ? Continue-t-elle. Pourquoi la protèges-tu plus qu'eux ?

J'aimerais lui demander d'arrêter, mais je ne peux pas. Alors je me contente de garder la tête baissée. Ma mère a le don d'embrouiller mon esprit. En réalité, elle n'a jamais tort sur ce qu'elle dit. Sauf cette fois. Cette fois-là, elle a complètement tort.

- Et je pense que tu devrais passer à autre chose, mon fils. Dit-elle.

Passer à autre chose ? Je ne peux pas... j'ai envie d'aimer qu'une femme, et c'est Rayaa. Je ne peux pas m'imaginer aimer autre qu'elle. Je ne sais pas comment aimer quelqu'un d'autre qu'elle.

- Mama, ne révèle à personne que les fiançailles ne sont pas vrais. Lui dis-je.

Puis je sors de la cuisine. Je ne sais même pas pourquoi je repense sans cesse à ce que m'a dit ma mère. Je sais qu'elle a tort... je ne devrais plus y penser.

Je commence à penser que c'est une erreur d'avoir amené Syra. Ma mère semble l'aimer plus que Rayaa, alors elle fera sûrement tout pour l'avoir comme belle-fille. Moi, je ne veux pas. Et si elle continue, si elle ne s'arrête pas à notre conversation de ce soir, je vais commencer par détester Syra alors qu'elle ne m'aura rien fait.

Je soupire puis chasse mes pensées. Je monte à l'étage, puis me dirige vers ma chambre. Je remarque que la porte de la chambre de Syra est entrouverte. Je jette un coup d'œil rapide et la vois endormis. Mais sa fenêtre est ouverte. Elle va attraper froid...

J'allais continuer mon chemin mais c'était plus fort que moi. Je rentre dans sa chambre et ferme sa fenêtre, je m'approche ensuite d'elle et la couvre avec la couverture.

- Bonne nuit. Soufflais-je.

Puis je sors de ma chambre pour rejoindre la mienne. Ma mère a tort... me répétais-je. Absolument tort...

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant