La Rose d'un Criminel

99.

Rien a changé. En entrant dans la base, tout le monde m'accueille, heureux de revoir mon retour. Ils savent tous que j'étais auprès de Caleb Al-Hassan, l'homme le plus dangereux au monde. Ils me parlent tous d'un homme que je ne connais pas, car Caleb n'est en rien ce qu'ils me décrivent.

Je vois enfin mon chef, et me force à lui sourire. Il s'approche de moi, en souriant. Il sait que je n'aime pas que l'on me prenne dans les bras, alors il ne me touche pas. Caleb, Kaysan, Keyaan, Hayden, Yassin et leur mère sont une exception...

- Je suis tellement heureux de te revoir, Maya ! Dit-il en souriant.

Je lui fais un petit sourire.

- Ne sois pas triste. Me dit-il. Même si cette mission n'a pas aboutit, on n'abandonnera pas. On arrivera à arrêter ce mafieux.

Je hoche la tête. Ils vont continuer... mais moi, j'ai abandonné. J'ai abandonné depuis longtemps.

- Chef, je voudrais me reposer un petit moment. Lui dis-je doucement.

- D'accord, ma fille. Va te reposer. Ton dortoir est toujours le même. Me dit-il.

Je lui tourne alors le dos et me dirige vers mon dortoir. Je rentre à l'intérieur, et à peine ai-je fermé la porte que je m'effondre en pleurs. Je me suis retenue beaucoup trop longtemps.

Caleb me manque déjà.

Il me manque tellement.

Je ramène mes jambes contre moi, et enfouis ma tête dedans. J'ai comme l'impression que mon cœur est beaucoup trop lourd. Comme si un énorme poids s'est posé dessus. Chaque fois que je me rappelle de son visage dans son bureau, ce poids devient encore plus lourd.

Mais j'efface rapidement mes larmes en entendant quelqu'un toquer à ma porte. Je me relève du sol et ouvre la porte.

- Maya, j'ai entendu que tu es revenue alors je voulais te voir.

Je lui souris légèrement. C'est Hana, une des plus anciennes agents ici. Je la fais entrer, puis elle s'assoit sur le petit canapé. Je m'avance vers elle et m'assois à ses côtés.

- Tu as énormément changé... Dit-elle doucement. Il t'a fait beaucoup de mal ?

- ... Il ne m'a jamais fait de mal, Hana. Dis-je faiblement. Jamais.

Elle me regarde avec surprise. Tout le monde s'attendait à ce qu'il me batte comme jamais personne ne l'a fait.

- Je suis étonné, vu comment il a battu le pauvre Ilyes... Dit-elle en soupirant. Il lui a défiguré le visage.

Le pauvre Ilyes. Si elle savait que ce n'était pas seulement Caleb, mais moi aussi.

- Hana, je peux te poser une question ?

Elle hoche la tête.

- C'est normal que je sois attaché à Caleb ?

- C'est normal, ma chérie... Dit-elle en souriant faiblement. Tu n'as vu que lui pendant un an.

"Chérie". J'avais oublié que ce surnom n'était pas réservé à Caleb, pourtant je ne peux plus l'entendre sans penser à lui.

- Mais tu l'oublieras très vite. Tu le détesteras encore plus, même. Me dit-elle. Tu es de retour dans ton pays, Maya. Tu es de retour parmi les tiens, Caleb sera seulement un très mauvais souvenir pour toi.

Je lui souris en hochant la tête. Elle continue à me parler mais ses mots tournent sans cesse dans ma tête. Vais-je l'oublier ? Le détester ? Ça me semble impossible.

Ses mots me donnent envie de pleurer. Personne ne me comprend, personne ne me comprendra. Je l'aime tellement, mais tellement. Je l'aime bien plus que n'importe qui sur terre. Et chaque seconde loin de lui, augmente mon manque et mon amour pour lui.

Il m'a fait faire des choses qui m'était impensable... des choses que je ne regrette pas, alors que je le devrais. Je l'ai embrassé tant de fois, je me suis laissé à lui, et je lui ai donné mon âme et mon cœur, en même temps.

Hana s'en va, et je m'allonge sur mon lit. Ils se trompent. Ils se trompent tous s'ils pensent que je redeviendrais l'ennemi de Caleb. Je me lève ensuite, et ouvre mon sac. Je viens de me rappeler du papier qu'il m'a donné... si je donne ce papier à mon chef, ils vont le ramener ici, en Égypte. Mais pour l'emprisonner.

Je range à nouveau ce papier. Personne ne saura l'existence de ce papier. Personne n'emprisonnera Caleb tant que je serais en vie.

Et Kaysan...

Je sèche alors mes larmes. Je ne vais pas m'apitoyer sur mon sort. J'ai le cœur en miette, c'est vrai et si je me laisse à mes propres envies, je m'enfermerais dans la chambre pour pleurer. Mais si je reste ainsi, je n'arriverais à rien faire.

Je laisserais du temps à Caleb.

Puis je prouverais l'innocence de Kaysan concernant la mort de sa fille.

Et je m'assurerais que les frères de Caleb et sa mère pourront revenir en Égypte sans craindre aucune sanction.

Et si possible, Caleb aussi.

Après tout cela, je retournerais en Russie. Je ferais tout pour que Caleb me croit et me pardonne. Et ce n'est pas en pleurant que je vais réussir tout ça.

Je vais commencer par Kaysan. Je sors à nouveau de mon dortoir, et prends un taxi pour aller au cimetière. Le même cimetière de mes parents.

J'arrive en quelques minutes. Je paye le chauffeur, puis descends. Avant d'entrer, j'achète quelques fleurs puis demande où se trouve la tombe. J'avance en suivant les indications de l'homme, et je suis surprise de voir que c'est la tombe à côté de celle de mes parents.

Adina Saleh

20 novembre 2012 - 16 novembre 2015

La fille de Kaysan.

Sa tombe est à côté de celle de mes parents. Je ne l'avais jamais remarqué. Il y a une certaine distance entre eux, c'est peut-être pour cela.

- Coucou, Adina. Dis-je en souriant tristement. Je t'ai ramené des fleurs, j'espère que tu les aimeras.

Et je pose les fleurs que je viens d'acheter au sol.

- Je suis une amie de ton papa. Enfin, on se considère comme frère et sœur. Lui dis-je. Ton papa doit beaucoup te manquer... ne t'inquiète pas, il te rendra visite bientôt.

Je caresse sa tombe. Et dire qu'elle allait avoir dix ans. Cette pensée me donne les larmes aux yeux. Kaysan est si fort... je ne sais pas comment j'aurais pu survivre en perdant ma fille. Un tout petit bébé...

- Excusez-moi, qui êtes-vous ?

Je lève la tête et vois une femme. Je me relève et me mets face à elle. Elle me semble familière...

- Vous, qui êtes-vous ? Lui demandais-je.

- Je suis sa mère. Me répond-elle. Que faites-vous devant la tombe de ma fille ?