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Caleb fait les cents pas après que je lui ai montré les messages. Je vois à son visage qu'il est inquiet. Le gouvernement ne pourra pas l'arrêter sans avoir trouvé de preuve contre lui, mais moi, ils ont des preuves de ma trahison. Ils pourront facilement m'arrêter.

- J'ai été égoïste pour t'avoir laissé venir ! Dit-il en passant sa main sur son visage. On aurait dû attendre et planifier quelque chose !

- Je suis venue de moi-même, Caleb ! Lui dis-je. Et je ne le regrette pas. Maintenant, dis-moi juste une chose...

Il me regarde attentivement.

- Est-ce que tu resteras toujours à mes côtés ? Est-ce que tu me protégeras contre eux ?

- Mais bien-sûr, Maya. Sans aucune hésitation ! Dit-il, plus calmement. C'est juste que... je ne veux pas que tu vives une vie de fugitive comme moi, ou Kaysan.

Je pose alors mes mains sur ses joues.

- Je t'ai montré ces messages parce que je t'ai promis que je ne te cacherais plus rien, et pour qu'on prenne nos précautions. Lui dis-je doucement. Je savais ce que je risquais en devenant ta femme, et j'ai tout de même accepté. Je vivrais n'importe quelle vie tant que je serais avec toi.

Et je le prends dans mes bras. Il est toujours inquiet, et je le comprends. Mais nous avons surmontés pleins d'obstacles, ce n'est pas le gouvernement de notre pays qui nous mettra à terre.

- Et... j'aimerais que tu fasses quelque chose avec moi. Enfin, si tu le veux. Lui demandais-je.

- Dis-moi.

- Je... ils m'ont envoyés des vidéos de mes parents, et j'aimerais les regarder avec toi.

Il acquiesce en me souriant. Je lui souris en retour puis sors mon téléphone. On s'assoit côte a côte alors que je prends une grande inspiration avant de mettre la vidéo en marche.

- Mon amour, Maya est prête ?

Mon père, habillé en costard, s'approche de moi. Je me vois lui sourire alors qu'il me porte dans ses bras. Je portais une magnifique robe blanche. Une toute petite robe.

Je sens déjà les larmes me monter aux yeux, mais je sens également Caleb me tenir fortement la main, comme pour me soutenir.

- Oh, ma princesse ! S'exclame ma mère. Qu'Allah me fasse voir le jour où tu porteras cette robe pour ton mariage !

Je tourne ma tête vers Caleb, qui me regardait, tristement. Je pose ma tête contre son torse, alors que la vidéo continuait de tourner. La présence de Caleb est un soutient émotionnel énorme.

Ils m'ont envoyés ces vidéos pour m'éloigner de Caleb mais ça a eu l'effet inverse. Il a été plus clément qu'eux. Il ne m'a pas demandé de regarder des vidéos pour me sentir mal et culpabiliser, lui. Non. Il est là. Il me soutient. Et il sèche mes larmes.

- Maya ?

Je lève la tête vers lui en entendant sa voix.

- C'est la première fois que tu vois ces vidéos ? Me demande-t-il.

- Ceux-là, oui... Dis-je faiblement. Mais ils m'en ont envoyés d'autres avant.

Et il a pensé la même chose que moi. Sur leur cruauté. Je suis resté vingt-trois ans dans ce pays, et à aucun moment ils ne m'ont montrés les vidéos de mes parents. Ils ont attendus que je sois en mission, pour me rappeler pour "qui je fais cette mission". Ils n'ont pas attendus que quelqu'un de confiance soit à mes côtés.

- Pourquoi t'ont-ils donnés ces vidéos aussi tard ? Me demande-t-il.

- ... Mon ancien chef disait qu'ils les ont gardés le temps d'enquêter sur leur mort. Dis-je en soupirant. Pendant vingt ans.

Il se lève alors et fait les cents pas.

- Ça n'a aucun sens. Dit-il d'une voix à la limite de la colère. Ces vidéos n'ont aucun rapport avec la mort de tes parents.

- Je le sais. J'y ai pensé. Et je me dis... mon chef voulait sûrement que j'oublie mes parents dans un sens, pour que je puisse le considérer comme mon père. Lui expliquais-je. Mais il ne voulait pas que je les oublie totalement, pour que je sois en colère contre toi. Et que je veuille me venger.

Je vois que plus je parle, plus la colère de Caleb monte.

- Je te jure que je suis à deux doigts d'envoyer mes hommes l'exploser lui et toute ta base. Dit-il avec rage. Ils n'ont aucun droit d'utiliser la mort de tes parents contre toi !

Je me lève alors puis me mets face à lui, puis pose mes mains sur ses joues.

- C'est finis, désormais. Caleb, je suis avec toi maintenant. Et tu m'as vengé de tous ceux qui m'ont utilisés. Lui dis-je. Ilyes est mort, son frère est en train de devenir fou dans sa prison, et tu as pris à mon chef et au gouvernement une des leurs. C'est finis.

Petit à petit, son regard s'adoucit face à mes paroles. S'il savait ô combien je me sens libre depuis que j'ai quitté l'Égypte, depuis que je suis venue à lui.

- Je t'ai montré ces vidéos car tu es la personne auquelle je fais le plus confiance. Lui dis-je doucement. Tu es la seule personne dans ce monde avec qui j'ai envie de partager ma peine et mes joies. Et je voulais que, dans un sens, tu connaisses un peu de mes parents. Qu'ils ne soient plus des étrangers pour toi. Car morts ou vivants, ils sont mes parents et tes beaux-parents. Je sais qu'ils t'aiment car tu me rends heureuse, et je voulais que tu les aimes.

Il prend ma main dans la sienne puis embrasse le dos de celle-ci.

- Je les aime déjà. Les êtres aimés par ma femme, je ne peux que les aimer. Me dit-il en souriant légèrement. Et je vois à travers ces vidéos qu'ils t'aimaient beaucoup, aussi. Leurs yeux étaient pétillants d'amour pour toi.

Il pose ensuite ses mains sur mes joues et me regarde dans les yeux.

- Maya, je leur en fais la promesse devant toi, que je chérirais leur fille, que je ne la laisserais pas les rejoindre maintenant, que je la protégerais pour que l'on puisse vieillir ensemble, voir nos enfants et nos petits-enfants. Je promets que je t'aimerais pour toujours, Maya. Car tu es ma rose. Ma rose éternelle.

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant