8.

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Nous arrivons chez lui. Il gare sa voiture puis nous descendons. En le voyant, ses hommes se mettent chacun en ligne, formant une colonne de chaque côté de l'entrée. Caleb passe entre eux, et je le suis avec difficulté — je suis blessée après tout.

Ils en font beaucoup trop, à mon avis. Il ne mérite pas ce genre de traitement. Le respect, l'admiration et la crainte. Il ne le mérite pas. Enfin, je le suis à l'intérieur de la maison. Seul un autre homme est ici. Il a l'air encore plus froid que Caleb. Je me rappelle de lui, c'était celui qui m'avait "accueilli" la première fois.

- Je te présente Kaysan, mon bras droit et mon frère. Me dit Caleb.

Je ne me rappelle pas avoir vu que Caleb avait un frère un peu plus âgé que lui. Il avait trois petits frères. Il est peut-être seulement un de ses proches amis. Je vais devoir me renseigner sur lui.

- Enchanté. Lui dis-je.

Kaysan se contente de me répondre avec un hochement de tête.

- D'ailleurs, quel est ton nom ? Me demande Caleb.

- Syra. Lui répondis-je.

Il se tourne vers Kaysan puis hoche la tête. Il a sûrement dû faire des recherches sur moi.

- Emmène-la dans sa nouvelle chambre. Dit Caleb à Kaysan.

Kaysan hoche la tête puis s'avance, je le suis alors. Il marche, sans jamais prononcer un mot. Il finit enfin par s'arrêter devant une chambre à l'étage.

- C'est ici. Me dit-il.

- Merci beaucoup. Lui dis-je.

Il ne me répond pas, puis s'en va. Il n'a pas l'air d'aimer parler, comme son chef. Je rentre alors dans ma chambre. Je la regarde en étant bouche-bé. Elle est immense, spacieuse. Le lit est en king size, le dressing est aussi grand qu'un appartement en Égypte. Cette chambre doit faire cinq fois la taille de mon dortoir.

Maintenant, je dois trouver un moyen pour contacter mon chef. Je pense que je vais devoir attendre quelques jours, Caleb a dû sûrement demander à ses hommes de surveiller mes moindres faits et gestes.

Bref, je rentre dans la salle de bain de ma chambre et cherche la trousse de secours. Une fois trouvé, je retourne dans ma chambre et m'assois sur mon lit. Je sors le désinfectant, les bandages et tout ce dont j'ai besoin. Je me prends un petit miroir pour mieux voir mes blessures. Ils n'y sont pas allés de main mortes lorsqu'ils m'ont battus.

Alors que je me soignais, je sens une présence derrière la porte de la chambre. Je le savais. Je serais suivis. Peu importe qui est derrière cette porte, il veut savoir qui je suis réellement. Et qu'est-ce qui est plus réel que de se parler soi-même, quand on est seul ?

- Ça fait mal... Me plaignis-je. Et ma famille... J'espère vraiment qu'ils vont bien. Mieux que moi.

Je garde ma tête vers la porte, et remarque une ombre. Je souris en coin. Comme si ça pouvait passer inaperçu pour une agent comme moi.

- Mon Seigneur, fasse que ce cauchemar se termine et que je retrouve une vie normale. Dis-je doucement.

La porte s'ouvre alors légèrement. Mes yeux tombent sur Caleb. C'était donc lui qui m'écoutait.

- Tu as besoin d'aide ? Me demande-t-il.

- Non, ça ira. Lui dis-je.

Il s'approche tout de même, s'assoit sur le lit et se saisit des bandages que j'ai en main.

- Tu sembles avoir vécu une dure vie. Me dit-il. C'est comme marqué sur ton visage, tu sais ?

Je détourne le regard. Une dure vie... ? C'est le cas de le dire.

- La douleur n'est pas quelque chose que l'on peut cacher. Dis-je faiblement.

Surtout quand tu as vu tes parents mourir devant tes yeux, petite...

- On le peut. Mais ensuite, on devient le méchant. Me dit-il. Parce que la douleur nous fait perdre notre humanité.

Il continue à bander mes blessures, mais je garde le regard sur lui.

- Qui as-tu perdue, jeune fille ? Me demande-t-il.

- Je... n'ai perdue personne. Dis-je doucement.

Il lève le regard sur moi, pour me dire qu'il ne me croit pas. Dans mon rôle de Syra, je suis censée avoir perdue ma grande sœur et ma meilleure amie. Ma grande sœur s'est suicidée, et ma meilleure amie est décédée dans une explosion. Pour ma meilleure amie, ce n'est pas totalement un mensonge... elle est décédée en pleine mission.

Mais je ne fais pas encore confiance à Caleb. Je ne peux pas lui dévoiler toute ma vie. Ce serait trop suspect. Je dois laisser un peu de mystère, et m'ouvrir peu à peu. Lui aussi, s'ouvrira au fur et à mesure qu'il me fera confiance.

- J'ai finis. M'annonce-t-il. Mais sache une chose, jeune fille, c'est que tu es une très mauvaise menteuse.

Je relève un peu trop rapidement le regard sur lui. Heureusement qu'il a compris que je mens sur une chose pareille. Il saura détecter quand je mens à l'avenir. Enfin, seulement ce que je lui autorise à détecter. Uniquement ce que la véritable Syra aurait caché.

- Je ne suis plus une jeune fille. Lui dis-je.

- Mais pour moi, tu l'es... jeune fille. Dit-il en souriant légèrement.

Je roule des yeux face à lui.

- Et estime toi heureuse que je te vois ainsi. Me dit-il. Sinon, tu n'oserais même pas me regarder dans les yeux.

S'il le dit. Je ne réponds pas. Je ne devrais pas lui répondre énormément. Enfin, je prends les bandages de sa main et les ranges dans la trousse de secours.

- Merci pour ton aide. Lui dis-je. Mais je me demande... tu vas vraiment m'aider sans rien en retour ?

- Eh bien, si tu le veux, tu peux me donner quelque chose en retour. Dit-il en souriant et en me regardant intensément.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il veut dire.

- Mais on ne se connaît pas vraiment, ça va beaucoup trop vite entre nous. Tu ne crois pas, chérie ? Dit-il d'un sourire moqueur.

Je fais les gros yeux. Je prends un des coussins du lit et je lui jette dessus.

- Pervers. Sifflais-je.

Il se met à rire en ramassant le coussin.

- Puisque tu refuses ma proposition, va falloir attendre que je te donne un ordre. Me dit-il.

Je roule des yeux. Un ordre ? Il se prend réellement pour un roi. Mais je ne peux rien lui dire. Après tout il m'a "sauvé" la vie. Enfin, c'est ce qu'il croit. Et je suis censée lui en être redevable. Je ne sais pas comment je peux être redevable à un homme aussi détestable. Il est difficile à cerner, et son caractère est insupportable.

Bonne chance, Syra.

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant