La Rose d'un Criminel

40.

Elle me regarde en fronçant les sourcils. Je m'attendais à ce qu'elle me fait part de son mécontentement. Mais elle surprend en hochant la tête en faisant un léger sourire en coin.

- J'en suis ravie. Me dit-elle en me regardant dans le blanc des yeux.

J'écarquille les yeux. Travailler pour moi est une chose et être membre d'une mafia en est une autre. Soit elle n'a pas compris, soit elle a très bien comprise et dans ce cas, elle m'a plus que surprise. Elle me prouve qu'elle a rapidement changée, et qu'elle s'est peut-être même habituée à ici.

- Elle ne survivra pas. Peste Sienna. Dès la première mission, ou elle mourra, ou elle s'enfuira.

- Je survivrais. Répond-elle. Et je vous surpasserais.

Et je sais qu'elle le peut. Elle l'a enfin compris. L'innocente Syra me manquera mais cette nouvelle Syra me plaît bien. Mais elle doit prendre conscience des risques. Le sang coulera de tes mains. Et les cauchemars te suiveront. Et ton âme sombrera.

- Je ferais ce qui est en mon devoir. Dit-elle en me regardant.

Je lui fais un signe de tête. Elle a compris. Elle a compris et l'a accepté. Je retiens un sourire et tente de ne pas trop la fixer durant tout le dîner, même si c'est bien plus fort que moi.

- D'ailleurs, Syra, tu n'es pas partis à l'université ? Lui demande Alessio.

Je me tourne alors vers elle. C'est vrai que je ne lui avais jamais demandé ce genre de chose.

- Non, dit-elle doucement. J'ai finis le lycée, et je n'avais pas les moyens pour continuer.

- Mmh... mais si tu avais les moyens, tu serais entré en quoi ? Demande-t-il.

- Je n'y ai pas vraiment réfléchis... mais je pense que je serais entré en droit ou en médecine. Répond-elle.

Mais elle n'a pas pu. Je suis bien content que ce ne soit pas de ma faute. Sinon, je m'en serais sûrement voulu. Je lui ai déjà volé son innocence, sa pureté, je ne peux pas non plus lui voler ses rêves.

Alors qu'elle continuait à discuter avec Alessio, j'entends un vibrement dans ma poche. J'en sors mon téléphone et vois que Kaysan m'appelle. Je me lève alors de table et m'éloigne avant de répondre.

- Caleb, tu es tout seul maintenant ? Me demande-t-il.

- Oui. Qu'est-ce qu'il se passe ? Demandais-je.

- ... Syra... Dit-il en soupirant. Ils l'ont mis sur la liste noire à cause du meurtre de l'espionne.

Je ne réagis pas tout de suite. J'ai tenté de ne pas y penser, mais maintenant, cette action me rattrape. Je me rends compte que j'ai commis la plus grosse erreur de ma vie. Syra ne pourra plus jamais retourner en Égypte. En tout cas, pas tant qu'elle sera sur cette liste.

Je passe ma main sur mon visage. J'ai l'impression qu'elle ne s'éloigne plus tellement de moi. Mais si elle apprend ce qui a été fait... ce que j'ai fais... ‏je crains qu'elle me déteste pour de bon. Qu'elle s'en aille à tout jamais.

- Caleb ? Dit Kaysan.

- D'accord, Kaysan... Dis-je doucement. Je lui dirais au bon moment.

Je raccroche ensuite puis retourne à table, sans grande volonté. Et un autre détail que j'avais oubliée : son père. Lorsqu'il saura que sa fille est sur la liste noire de son propre pays, je crains qu'il la bat encore. Je vais donc devoir l'éloigner de son père, aussi...

- Honte à toi, amigo. S'exclame Alessio. Tu n'as pas dis à Syra que j'étais marié. La pauvre fille devait penser que je la draguait durant tout ce temps !

- J'ai oublié. Lui dis-je.

Je n'avais même plus goût à prendre part à la conversation. Je ne pensais qu'à une chose ; les yeux de Syra remplis de rage. Elle allait tellement me détester. Et je ne le veux pas. Je pense garder ce secret pour moi... je ne suis pas obligé de le lui dire, n'est-ce pas ? Oui, c'est ce que je vais faire. Je le garderais pour moi. Et puis, ce n'est pas comme si elle partait demain.

- Tout va bien, Caleb ? Me demande Sienna.

Et elle, elle commençait à sérieusement m'agacer.

- Sienna, est-ce qu'on peut parler dehors, deux secondes ? Lui demandais-je.

Elle répond à l'affirmative, joyeusement. Je me lève et elle aussi, puis on sort à l'extérieur afin d'être à l'abri des regards.

- Alors ? De quoi tu voulais me parler ? Me demande-t-elle.

- Je vais te le demander gentillement, Sienna. Dis-je doucement. Mais, fous-moi la paix.

Elle me regarde en fronçant les sourcils.

- Tu ne m'intéresses pas, tu ne me plais pas. Continuais-je. Je ne t'aimerais jamais. Je t'avais dis que j'aimais Rayaa, tu ne m'as pas lâché, je t'ai dis que j'ai une copine, tu ne m'as pas lâché. Je reste patient pour ton frère mais je te promets que je suis à deux doigts de m'énerver.

- Mais Caleb, je pensais que... Dit-elle faiblement.

- Ne pense rien du tout. L'interrompais-je. Tes regards, tes paroles, je n'en veux pas.

Elle détourne le regard. Je déteste lui faire du mal, mais il faut bien que je mette les choses au clair.

- Et ne vois pas Syra comme ta rivale. Dis-je. Tu n'as jamais fais partis du jeu pour avoir de rivales.

Elle lève rapidement son regard vers moi, blessée. Ayant finis ce que j'avais à dire, je lui tourne le dos pour entrer à l'intérieur mais elle m'arrête en m'attrapant par le bras.

- Qu'est-ce que... ? Commençais-je.

Et elle m'interrompt dans mon élan en posant ses lèvres sur les miennes. Surpris, je ne réagis pas tout de suite. Elle ne lâche pas prise et continue à m'embrasser, jusqu'à ce que je la repousse enfin. La sensation de ses lèvres sur les miennes n'avait rien d'extraordinaire. J'en ressentais seulement du dégoût et de la colère.

- Tu n'as pas entendu ce que j'ai dis ?! M'écriais-je.

Elle se met à sourire. L'envie de l'insulter me prend. Mais avant que je ne puisse ouvrir la bouche, je remarque une ombre. Je tourne la tête. Syra. Syra nous a vu.