La Rose d'un Criminel

61.

Toute l'attention nous est porté, à Caleb et à moi. Tous ses alliés sont assis dans son salon, lui parlant et nous félicitant pour nos fiançailles. Malgré leurs paroles remplis de miel, ils semblent très réservés quant à cette soudaine alliance.

- Depuis quand exactement vous connaissez-vous ? Me demande l'un d'entre eux.

- Depuis près de cinq mois. Leur répondis-je.

Cinq mois, c'est court. Mais si je leur dis plus, ils sauront que c'est faux.

- Et vous vous êtes fiancés au bout de cinq mois ?!

- Oui. Chez nous, on n'attend pas. Lorsqu'on est sûr de notre partenaire, on se marie rapidement. Leur dis-je.

Et ce n'est pas faux. Mais ils nous regardent d'un mauvais œil, car cette pratique ne fait pas partie de leur culture. Ils prennent souvent des années avant de demander leur copine en mariage, tandis que nous, le mariage est la première étape d'une relation.

- Je vais le dire franchement. Dit le plus vieux d'entre eux. Je ne vous crois pas. Prouvez-nous que vous êtes de vrais fiancés pour que l'on puisse se réjouir.

- Le prouver comment ? Intervient Caleb.

- En vous embrassant.

Caleb tourne sa tête vers moi. Non. On venait d'en parler la dernière fois. Il ne me demandera pas à le faire, si ? Je commence à paniquer. Je ne veux pas. Je ne veux pas embrasser Caleb, et encore devant tous ces hommes. J'allais me lever mais Caleb me retient.

- Non. S'exclame Caleb. Je n'embrasserais pas ma fiancée devant vos yeux de pervers.

Certains se sont sentis offensé de cette insulte, et moi, je soupire de soulagement. Caleb sort ensuite son arme puis la pose sur la table devant lui.

- Vous savez quoi ? Dit-il. Dégagez. Vous tous. Vous avez mis ma fiancé mal à l'aise. Nous n'avons rien à prouver. Si vous nous croyez, tant mieux, sinon, cognez-vous la tête contre le mur, j'en ai absolument rien à faire.

Ils expriment leur mécontentement à voix basse, avant de se lever.

- Et j'attends de vous du respect pour elle. Continue-t-il. Addressez-vous à elle, comme avec moi. Elle est mon égal. Sinon, elle pourra vous punir de la façon qui lui convient.

Tous pouvaient lire de la surprise sur mon visage. Je ne sais pas s'il est sincère ou s'il leur dit ça car il veut les convaincre que notre relation est réelle, mais j'apprécie son geste. J'apprécie vraiment le fait qu'il me défende. Et chaque fois, il agit toujours différemment de ce que je m'imagine.

Tout le monde partit, je me tourne vers lui pour voir qu'il me regardait déjà.

- Tu n'aurais pas dû leur parler de cette façon. Lui dis-je. Ils vont se tourner contre toi.

- J'ai deux mains, Syra. Me dit-il. S'ils mordent la main qui les nourrit, l'autre main mettra fin à leur vie.

C'est vrai... j'avais oubliée. Obéis ou meurt. Comme le font les tyrans. Mais je n'éprouve aucune peine pour eux. Ils ont choisis d'entrer dans ce sombre monde, alors ils doivent payer les conséquences. Et certains sont même pires que Caleb.

- Ils sont enfin partis. S'exclame Kaysan en entrant dans le salon.

On hoche la tête. Enfin, oui. Je déteste leur réunion plus que tout. Je m'y force à participer pour collecter des informations, mais jamais je ne me suis sentis autant mal à l'aise qu'avec eux.

- Je ne veux plus qu'ils voient Syra. Dit Caleb.

- Pourquoi ? Lui demandais-je. Je travaille avec toi, ils vont sûrement me voir.

- Elle n'a pas tort. Dit Kaysan. Mais je ferais en sorte qu'elle n'ait pas à les voir beaucoup.

S'il peut m'empêcher de les voir encore, alors tant mieux. Ce qui me fait peur c'est que peut-être certains d'entre eux sont du côté d'Ivan. Et si c'est le cas, ils vont m'approcher pour m'amener à lui.

Depuis son appel, je n'ai pas cessé d'y penser. S'il y a bien une chose que j'ai apprise en Égypte, c'est de ne jamais sous-estimé la moindre chose. Cet appel peut être le début de quelque chose de grave. Il me veut. Il me veut parce que je suis la fiancée de son ennemi.

- J'ai du travail à faire, je vous laisse. Nous dit Kaysan avant qu'il ne s'en aille.

Il lance un dernier regard suspect à Caleb, avant de disparaître de notre champ de vision.

- Uhm... Syra... ça te dit d'aller manger au restaurant ? Me demande Caleb.

- Il y a une raison particulière ? Lui demandais-je.

- Non, juste pour sortir un peu de la maison. Me dit-il.

Je hausse les épaules, il m'emmènera encore dans un de ses restaurants. Mais vu l'heure, il y aura sûrement beaucoup de gens là-bas. Je vais encore devoir agir comme sa véritable fiancée. C'est fatiguant.

- D'accord. Finis-je par dire.

CALEB

On nous ouvre la porte du restaurant puis on pénètre à l'intérieur. Tout est vide. J'ai demandé à mes employés de fermer le restaurant pour que Syra et moi restons seuls, qu'on soit aussi sincère que possible l'un envers l'autre. En vrai, c'était l'idée de Kaysan.

Il pensait qu'il n'y avait qu'une seule manière pour que je puisse sortir Syra de ma tête : lui parler de Rayaa. Peut-être qu'en lui disant qui elle est, et ce qu'elle est pour moi, je me rendrais compte qu'il n'y a personne comme Rayaa pour moi.

Mais j'ai peur de toujours continuer à penser à elle, même après m'être confié.

- Assis-toi. Dis-je en tirant sa chaise.

Elle s'assoit en me remerciant puis je vais en face d'elle. Elle regarde autour d'elle, ne comprenant pas pourquoi le restaurant est aussi vide, mais ça ne semble pas la déranger plus que ça.

- Syra, je t'ai ramené ici pour une raison... commençais-je.

Elle lève la tête, curieuse de ce que je vais dire. Je me racle la gorge. Dans un instant, Syra me connaître entièrement et je ne sais pas quoi en penser. Est-ce tellement une bonne chose ?

- Je voulais te parler d'une autre partie de mon passé. Lui dis-je.

À peine ai-je ouvert la bouche que mon téléphone se met à sonner. Je le sors pour l'éteindre mais je remarque que c'est Kaysan qui m'appelle. S'il m'appelle c'est que quelque chose de grave s'est passé. Je réponds alors.

- Kaysan ?

Il soupire fortement.

- Caleb... ta mère...

Ma mère. Non. Tout sauf ma mère. Je me lève d'un bond, prêt à tuer tout ceux qui se mettront à travers mon chemin.