69 - Kaysan.

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Plusieurs semaines sont passés. Ma mission est toujours en cours, et ça me demande un grand effort parfois de m'en rappeler. Être entouré est tellement plaisant que ça me fait oublier le but de ma venue.

Contrairement à ce que j'aurais pu penser, je me suis énormément rapproché des frères de Caleb à tel point que je les considère comme mes frères. Kaysan aussi. Kaysan est devenu un grand frère, bien qu'une chose me bloque : son crime.

Le fait que mon chef n'ait pas voulu me dire ce qu'est son crime le rend encore plus grave à mes yeux. Qu'est-ce qui pourrait me perturber autant ? J'ai imaginé des tas de crimes et aucun n'est meilleur que l'autre.

Nous étions tous les deux assis seuls dans le salon alors pour la première fois, j'ose lui demander :

- Kaysan... tu ne m'as jamais dis la raison qui t'a fait quitter l'Égypte. Caleb m'a dit que tu étais condamné à mort...

Il me regarde surpris, ne s'attendant pas à ce que je pose la question. Puis il regarde ailleurs en soupirant.

- Si c'est trop indiscret, oublie ce que je viens de dire. Lui dis-je.

- Non, tu es comme ma sœur. M'avoue-t-il. Je ne veux rien te cacher et je ne veux pas que tu penses que je suis un monstre.

Je hoche la tête, prête à l'écouter. À le voir se préparer à prendre la parole, j'ai l'impression qu'il s'était préparé à ce moment depuis longtemps.

J'espère seulement que son histoire m'amènera à la haine que je ressentais pour eux des mois plus tôt.

- Il y a quelques années, je me suis marié avec une femme. On était fou amoureux l'un de l'autre. Elle était la femme parfaite. Je l'aimais tellement que regarder, parler à d'autres femmes n'était pas une option. Commence-t-il. Je pouvais limite lui donner la lune, si elle me le demandait. Je me suis mis à travailler plusieurs boulots pour gagner plus et lui offrir la vie de rêve.

Je ne le sens pas. J'ai peur qu'il me dise qu'il l'a battu ou l'a tué. Je ne sais pas comment je pourrais le regarder dans les yeux, plus tard.

- Et on a eu une fille. Ma magnifique petite fille. Ma Adina. Sa naissance a été le plus beau jour de ma vie. Et je me suis encore plus mis au travail. Je voulais qu'elle aie la meilleure vie possible. Dit-il en souriant.

Je suis surprise. Je ne pensais pas que Kaysan était un père. Alors où est sa fille ?

- Mais je n'étais pas assez pour ma femme. Dit-il en soupirant. Elle était étrange pendant plusieurs jours... et un jour, je suis rentré du travail plus tôt. Mon patron venait de devenir père et il nous a tous dit qu'on pouvait avoir le reste de la journée libre. J'achète des fleurs pour elle sur le chemin, voulant lui faire plaisir. Donc je rentre, et... et je la trouve dans notre lit, avec un autre homme.

Un hoquet de surprise m'échappe. Mon Dieu...

- Et comme si ça ne pouvait pas être plus pire, cet homme était mon frère. Dit-il en serrant ses poings. Ils ne m'ont pas entendus, alors je suis sortis sans dire un mot. Je me suis assis dans la rue, devant ma maison. Les fleurs sont tombés de mes mains, et j'étais dépité. Je venais d'être trahis par deux personnes que j'aimais. Ma femme et mon frère.

Je m'approche de lui, voulant le prendre dans mes bras pour le réconforter mais je me résigne. Il n'a pas encore fini son histoire... et si la fin est encore plus horrible que le début ?

- Mon frère, après avoir finis, est sortit et m'a vu. Il était surpris mais s'est approché, pensant que je n'ai rien vu. Je me suis levé et l'ai battu en pleine rue. Me raconte-t-il. Je suis ensuite monté en haut, j'ai pris une valise, j'ai mis toutes mes affaires et ma femme me suppliait de la pardonner. Je ne lui ai rien dis et je suis partis voir ma fille. Elle n'avait que deux ans.

KAYSAN

Je sors une couverture pour la mettre sur ma fille afin de la sortir de là, mais ma femme m'arrête. Et là, une pensée me vient en tête.

- C'est ma fille ou celle de mon frère ?

- C'est la tienne, je te le jure ! Dit-elle en pleurant.

Je ris nerveusement avant de sortir. Elle n'est peut-être pas la mienne... je demanderais un test ADN au tribunal après le divorce.

- Et le jour du tribunal est arrivé, elle a été humilié aux yeux de tous, et on a été enfin divorcé. Dis-je. Je n'aurais jamais pensé que ce moment allait arriver. Et j'ai demandé un test ADN. Si c'était ma fille, j'ai demandé sa garde. Sa mère était une femme infidèle et fornicatrice. C'était suffisant pour qu'elle n'ait pas la garde de l'enfant.

- Baba ! Pleurait ma fille. Baba, ne me laisse pas !

Malgré tout, je la serre dans mes bras. Allah sait que si elle n'est pas ma véritable fille, je serais détruis. Tellement détruis.

- Je te reviendrais, ma fille. D'accord ? Dis-je les larmes aux yeux.

- J'ai eu le test ADN. Elle était ma fille. Dis-je en souriant tristement. Elle était si heureuse d'emménager chez moi, car elle n'aimait pas son "nouveau papa". Mon frère. Lui et mon ex-femme ont continué leurs affaires malgré tout. Ils n'ont jamais arrêtés. Mais j'ai décidé de les oublier et de devenir le meilleur père pour ma fille. Je ne voulais pas qu'elle vive malheureuse.

Je vois Syra me regarder avec tristesse au fur et à mesure que l'histoire continue. Elle avait tout de même peur pour la fin. Et elle a raison d'avoir peur...

- Un jour, j'ai été convoqué par le tribunal. Je n'avais plus l'entièreté de la garde de ma fille, et puisque mon ex-femme s'est marié avec mon frère, ils ont décidés qu'on aura une garde partagée. Dis-je, la voix tremblante. Je devais laisser ma fille partir en pleurs avec mon ex-femme. Je ne pouvais rien faire. Ma fille se plaignait constamment d'eux. Elle ne voulait plus voir sa mère, ni son oncle.

- Je sais qu'ils sont méchants, baba. Tonton est devenu l'amoureux de maman, alors que tu étais l'amoureux de maman ! Ils sont méchants ! S'exclame-t-elle.

Je ne pouvais pas la contredire. Je me contente seulement de la rassurer.

- Je t'aime, baba. Souffle-t-elle. Et je n'aime pas maman. Elle te rend triste.

- Bref, c'était enfin mon tour avec ma fille. Tout se passait bien. Dis-je faiblement. Il y a eu un marchand de barbe à papa qui marchait dans la rue, donc je la laisse seule quelques minutes et je descends en acheter pour elle. Elle adorait la barbe à papa. Après en avoir acheté, je monte chez moi. Et c'était silencieux. Tellement silencieux.

Je prends une grande respiration avant de prononcer ces mots.

- Je rentre dans la chambre de ma fille et la trouve par terre. Elle semblait endormie mais... de façon étrange. Je m'approche d'elle, elle ne respirait plus. Je n'y croyais pas. Je lui fais un massage cardiaque, ça ne marchait pas. Quand je me suis mis à l'évidence qu'elle est morte, j'ai crié à m'en déchirer les poumons. Elle était la seule personne qui me restait... la femme de ma vie était partit. Mon frère était partit. Et... ma fille était partit.

Je craque. Je mets une pause dans mon récit et pleure. Encore et encore. Et je sens les bras de Syra m'entourer. Ma fille me manque terriblement. Je n'arrive même plus à prononcer un autre mot...

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant