67.

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Après que Caleb aie terminé son récit, je m'excuse et rentre aux toilettes. Je ferme la porte à clé derrière moi et me regarde dans le miroir, les larmes aux yeux. Pathétique. Tu es pathétique, Maya. Pourquoi la vie de mon ennemi me touche autant ?

Je commence à ressentir de la... sympathie pour Caleb ? Ça ne peut pas être possible. Pourtant, quand je repense à ce qu'il a vécu, j'ai envie de le prendre dans mes bras. Ça ne m'est jamais arrivé. J'arrive toujours à rester distante de mes émotions lorsque je travaille, mais maintenant, je n'y arrive pas...

- Je dois... appeler. Dis-je faiblement.

Je prends mon téléphone, et compose le numéro de mon chef. Mes mains tremblent. J'ai échoué. Si je l'appelle, tout ce que j'ai fais tombera à l'eau... mais je ne suis plus en état de continuer cette mission. Je suis trop faible. Beaucoup trop faible.

J'appuie sur le bouton pour appeler, et à chaque sonnerie, j'ai l'impression que mon ventre se noue encore plus. Mon chef décroche enfin, mais ne dit rien jusqu'à que je lui dit son nom de code.

- Maya, tout va bien ? Me demande-t-il.

Ma voix se met à trembler. Je ne veux pas partir. Pourtant, il le faut. Si je ne pars pas tout de suite... je ne pourrais plus partir. Je dois partir avant de m'attacher encore plus à eux. Mon Seigneur, aide-moi...

- Oui, chef... Chuchotais-je.

Mais rien d'autre ne sort. Allez, Maya. Tu n'as qu'à lui dire "chef, je veux rentrer". C'est simple... j'ouvre la bouche mais les mots ne sortent pas. Je n'y arrive pas.

- Ivan Romanov. Dis-je enfin. C'est l'ennemi de Caleb.

Je me mords les lèvres, ce n'était pas ce que je devais dire.

- Parfait ! S'exclame mon chef. On va faire des recherches sur lui. Est-ce qu'il y a autre chose ?

Je veux partir.

- Il a enlevé la mère et le frère de Caleb. Dis-je faiblement. On les a sauvé.

- Est-ce que tu as vu Caleb tuer quelqu'un ? Ton témoignage peut être utilisé en plus des preuves écrites. Me prévient-il.

Je veux partir, chef.

- ... Non, chef. Je n'ai rien vu.

Mais je n'arrive pas à vous le dire.

- Très bien. S'il y a du nouveau, appelle-moi. Me dit-il avant de raccrocher.

Et je n'ai pas pu lui dire. Je n'ai pas pu lui dire ce que je ressens et je lui ai mentis. J'ai vu Caleb tuer tant de fois. J'efface les larmes de mes yeux et me passe de l'eau sur le visage. Je dois retourner avec Caleb, comme si de rien n'était. Je dois me ressaisir et vite.

- Tout va bien ? S'empresse-t-il de me demander alors que je m'approchais de lui.

Je hoche la tête puis m'assois face à lui. J'aurais aimé ne jamais connaître son passé. Mais tant que je ne lui raconterais pas mon vécu, j'ai encore de l'espoir de pouvoir m'en sortir de cette mission avec le cœur sain et sauf.

- Je ne t'ai pas raconté tout ça pour que tu te sente mal, Syra. Me dit-il en soupirant. Je voulais m'ouvrir un peu plus à toi... parce que je te fais confiance.

Je n'ai pas mentis lorsque j'ai dis qu'il était fort. Si je voyais l'homme que j'aime se tuer devant mes yeux, et que je ne peux même pas participer à ses funérailles, j'aurais perdue la tête. Je n'aurais jamais tenue...

- Tu as reparlé à ses parents, plus tard ? Lui demandais-je.

Il secoue sa tête.

- C'est à cause d'eux que je suis sur la liste noire d'Égypte. Me dit-il.

- Comment ça ? Dis-je, confuse.

- Le gouvernement égyptien ne m'a jamais soupçonné de quoi que ce soit, jusqu'à ce que le mari de Rayaa témoigne contre moi. M'explique-t-il. Il a témoigné contre moi puis il a posé des sachets de drogue dans l'arrière de ma voiture comme preuve. Je suis ensuite partis en garde à vue, puis j'ai pu m'enfuir.

On ne me l'a jamais dit ça... je pensais que Caleb a été soupçonné mais qu'il a fui avant d'être arrêté et questionné.

- Mais je pense que derrière chaque mal, il y a un bien. Dit-il en faisant un léger sourire. Si je n'étais pas venu ici, je ne t'aurais jamais rencontré.

Mes joues se mettent à chauffer. Ici, personne n'est avec nous. Il n'a aucun intérêt à me dire des mots doux. Il n'a pas à faire semblant d'être mon fiancé. Même ses employés ne sont pas là.

- Je ne suis qu'un problème pour toi. Lui dis-je.

- Le plus jolie des problèmes. Rétorque-t-il avec un sourire narquois. Mon problème favori.

Il ne peut pas me dire ce genre de chose. Ce n'est pas le Caleb que je connais. Alors pourquoi tout d'un coup me dit-il cela ?

CALEB

- Revenons à toi. Dit-elle en regardant ailleurs. Et à Rayaa.

L'entendre dire le nom de Rayaa me dérange. Je ne veux pas l'entendre parler d'elle. Je lui ai parlé de Rayaa pour qu'elle me connaisse mieux, pas pour qu'elle parle d'elle. Je préfère quand elle parle d'elle-même. Je ne m'en lasse pas.

- Est-ce que tu me détestes, Syra ? Lui demandais-je en changeant de sujet.

- Je ne te déteste pas. Dit-elle.

C'est sortit tellement naturellement que je sais que c'est la vérité, même si elle semble regretter ses mots. Je m'empêche de sourire, pour qu'elle ne pense pas que je n'attendais que ça — bien que ce soit le cas — et je souris intérieurement. Syra ne me déteste plus.

- D'ailleurs, toi aussi, tu aimais quelqu'un avant ? Lui demandais-je.

Dès que je lui ai posé la question, elle baisse la tête et serre ses poings. Mince... j'aurais peut-être pas dû lui poser cette question.

- Malheureusement. Dit-elle d'une voix à peine audible.

Et après ça, elle n'a pas prononcé un autre mot. Elle s'est perdue dans ses pensées. J'approche alors ma main et la pose sur la sienne. Mais elle l'a retiré brutalement, comme si ma main l'avait brûlée. J'espère qu'il ne lui a pas fait de mal...

- Désolé... je... c'est un réflexe. Bafouille-t-elle.

... Je l'espère vraiment pour lui.

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant