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Après près d'une heure de route, on arrive à Lioubertsy, là où vit la mère de Caleb. Honnêtement, je ne sais pas à quoi réellement m'attendre. Sa mère peut être meilleure que lui... ou pire. Plus pire.

Caleb sonne à la porte, puis on attend quelques instants avant que la porte s'ouvre sur une dame, assez charmante, je dois l'avouer. Dès qu'elle voit Caleb, son village s'illumine, puis elle saute dans ses bras.

- Mon fils ! Dit-elle en souriant.

Je me suis retrouvé à envier mon plus grand ennemi. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour sentir les bras de ma mère, l'entendre me dire "ma fille" ?

- Salam aleykum, mama. Dit Caleb en souriant. Comment tu vas ?

- Wa aleykum el salam, ebni (mon fils). Très bien al hamdulilLah. Répond-elle.

Puis elle se tourne vers moi, toujours avec son sourire radiant, puis dit :

- Tu dois être Syra, n'est-ce pas ? Bienvenue chez nous, ma fille.

Je lui souris en faisant un signe de tête. Finalement, elle n'a pas l'air si horrible que ça... elle nous fait rentrer, puis on enlève nos chaussures à l'entrée avant qu'elle nous tend des chaussons.

- Caleb ! S'écrie un petit garçon.

Il courait vers nous, ça doit être le plus petit frère de Caleb. Caleb se baisse et le serre dans ses bras. Malgré moi, je souris. Ils sont mignons ensemble...

- Viens, ma fille. Me dit la mère de Caleb.

Je hoche la tête puis la suis jusqu'au salon. On s'assoit toutes les deux sur le canapé.

- Je t'ai tout préparé. Me dit-elle. Ta chambre est à côté de celle de Caleb, et dans ta salle de bain, il y a tout ce que tu pourrais avoir besoin.

- Merci, je vous ai dérangés. Dis-je timidement.

- Oh non ! Quel dérangement ? Répond-elle. Tu es la bienvenue ici.

Je lui souris, gênée. Elle est beaucoup trop gentille avec moi. Et ça se voit à son visage que c'est une bonne personne.

- Caleb m'a dit que tu étais égyptienne aussi. Dit-elle. Tu es venue ici pour les mêmes raisons que mon fils ?

- Caleb ne vous a rien dit ? Lui demandais-je, surprise.

Elle secoue sa tête.

- Non. Dit-elle en souriant légèrement. C'est ta vie, et il ne voulait pas l'exposer sans ton autorisation.

Je lève la tête pour regarder Caleb, jouant avec son petit frère. La surprise peut se lire sur mon visage. Je pensais que tous les "secrets" dont je lui ai parlé, il les a raconté à tout le monde. Il s'avère que j'ai eu tort.

- Je ne suis pas venue pour les mêmes raisons que lui. Lui assurais-je. Mais pour des problèmes familiaux.

Elle hoche la tête, avant de prendre ma main dans la sienne.

- Tu as l'air d'être une bonne jeune femme, tu ne devrais pas travailler avec mon fils. Dit-elle en soupirant. Je n'ai pas pu raisonner Caleb, mais toi, ne rentre pas dans ce monde. Et si tu le peux, aide le à en sortir.

Je la regarde tristement. Donc sa mère n'approuve pas ce qu'il fait... la voir ainsi me brise le cœur. Et ce qui m'attriste le plus, c'est que je ne peux plus aider Caleb. Il a déjà emprunté un chemin sans retour possible.

Si elle savait que je travaille pour le gouvernement égyptien, que j'espionne son fils pour avoir des preuves pour l'emprisonner, la pauvre femme aurait fondu en larmes.

- Ni moi ni lui ne pouvons sortir, désormais. Lui répondis-je.

Elle paraît triste, mais hoche la tête. Ensuite, Caleb s'approche de nous, tenant la main de son frère.

- Je semble avoir interrompue votre conversation. Dit-il en nous regardant tour à tour.

- Oh non, pas du tout, mon fils. Lui assure sa mère. Viens, assis-toi.

Je me décale un peu et Caleb s'assoit à côté de moi, puis assoit son frère sur ses jambes. Caleb discute avec sa mère, en souriant et en riant, alors que je me perds dans mes pensées.

Je vois dans ses yeux tout l'amour qu'elle porte à son fils, elle fait attention à chaque mot qu'elle utilise pour ne pas le blesser sans le faire exprès, et elle fait tout pour le faire rire. Elle l'aime. Elle l'aime réellement.

Elle l'aime parce qu'il est son fils, mais pas que. Leur lien est indescriptible. Il lui a donné une seconde chance pour vivre, il lui a donné un second souffle. Il l'a sauvé de son géniteur. Il l'a sauvé de la mort.

Moi aussi, j'aurais aimé la personne qui m'aurait sauvé de cette façon. Pas forcément aimer comme aimerait un mari et sa femme, mais être reconnaissant. Redevable. Malheureusement, moi, personne ne m'a sauvé. Je me suis sauvé seule...

Est-ce que si j'avais pu sauver mes parents, ils me regarderaient comme elle regarde Caleb ? Sûrement. Mais je ne le saurais jamais réellement.

- Tu aimes bien mahshi, ma fille ?

Je lève la tête vers la mère de Caleb, revenant enfin au moment présent. Je hoche la tête en souriant. Cela fait si longtemps que j'en n'ai pas mangé.

- Parfait. J'en ai fais aujourd'hui. Me dit-elle. Restez-là, je reviens tout de suite.

Puis elle se lève, et le petit frère de Caleb la suit. Une fois seuls, Caleb se tourne vers moi.

- Tu vas bien ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête.

- Je sais que tu n'étais pas prête à venir ici, mais j'espère que ça te plaît quand même. Dit-il en se grattant l'arrière de la nuque.

- C'est parfait, ça me plaît beaucoup. Lui assurais-je. Mais pourquoi avoir avancé la date ?

- Je te dirais plus tard. Me dit-il puis il baisse sa voix au maximum en s'approchant de moi. Je t'ai laissé des armes sous ton lit. Tu en garderas toujours avec toi au cas où.

Je comprends alors tout de suite que cette soudaine visite n'a rien d'anodin. Soit il tente d'attirer quelqu'un à lui, soit sa mère est en danger... soit les deux.

Sa mère arrive avec la nourriture, alors il coupe court à la conversation. Je me lève pour l'aider à mettre la table, tout en réfléchissant à ce qui peut arriver et j'anticipe mes prochaines actions.

La Rose d'un CriminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant