Chapitre 36C:Fliora.

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-Loony,commença soudain Ponno,m'interrompant.

-Oui?ai-je répondu.

-Il faut que je te présente quelqu'un.Cela pourrait t'aider dans ta relation avec Luke.

A quoi bon vouloir jouer ce jeu?avais-je envie de lui demander.Au lieu de quoi je lui posai une autre question.

-C'est qui?

-Fliora Griffine.Un autre réfugié.Il a 3 ans,et il est là depuis un an.

Lui au moins,vous ne pourrez pas remuer tout ce qui n'a pas fonctionné dans sa vie.D'un autre côté,il ne pourra pas non plus se confier,il ne pourra pas raconter des traumatismes sur lequel il est encore incapable de poser des mots.

-Je vais t'accompagner le voir.Lui et sa jeune éducatrice,Yoshi Haneda.

-Combien de temps durera notre...entrevue?

-Une heure.Je sais que ce n'est pas suffisant pour discuter ensemble,mais tu pourras toujours parler avec Yoshi.Elle a son histoire,elle aussi.

En pensant à cela,je me suis dit que je n'étais pas prête à affronter les autres destins,et quelque part,je préférais d'abord connaître ce qui était arrivé à mes deux camarades de chambre,dont je n'ai toujours aucune nouvelle.

La petite visite avait lieu en extérieur,en soirée,sur une petite rivière bordée de pontons de bois éclairée de lanternes et d'arbres d'Asie ankarkéenne,dans un de ces lumineux pavillons de papier où les jeunes femmes de la noblesse lancoviennes,originaires de la ville toue proche,allaient se baigner.

Ils étaient seuls à deux dans l'un de ces pavillons.Lui,Fliora,était un petit enfant blond au regard noir brillant et déchirant,beau derrière ses brûlures acharnées.

Yoshi,qui disait qu'elle avait 16 ans,semblait aussi exténuée,et avait une allure de morte vivante dans sa peau que je devinais colorée par le carotène avait blanchi,et dans des yeux étaient cernés de bleus.Ses cheveux bleus brillants étaient longs et très élégemment coiffés.Mais je ne devais qu' être son reflet déformé dans le miroir.

-Bonjour.Qu'est-il arrivé à cet enfant?

-Il a été victime des même monstres que cette fille,Sara,sortie du ghetto de Varsovie.

Je ne savais pas de qui il s'agissait mais je la laissais poursuivre.

-Avant que l'armée ennemie ne quitte son pays,la Biélorussie,ils ont essayé de tuer encore quelques indésirables,ils avaient le goût du travail bien fait,vois-tu.

Son tort était d'appartenir à une population nomade qui pourrait sembler libre si la liberté se comptait en mètres carrés disponibles.C'était une population qui a toujours été décriée.Fliora était ce qu'on appelait un tzigane.Ils s'étaient fondu dans la masse d'un village pour échapper au persécution.Ils voulaient anéantir son peuple entier,te rends-tu compte!


Tout un peuple.C'était encore pire que ce que j'avais vécu.Car personne ne souhaitait anéantir le peuple sombralien.

-La guerre n'a rien d'héroïque ni de somptueux sur Terre.C'est un combat inégal et terriblement injuste.Ils sont pires que les méchants ankarkéens.Largement.Je le sais car je viens de la Terre aussi.


Notre conversation dura ainsi jusque 19H.J'appris qu'en représaille d'une action de la résistance soviétique,du pays de Fliora,à savoir simplement une photocopie de tracts soviétiques annonçant une libération,le village dans lequel se cachait la famille Griffine fut radié.Et la jeune Yoshi,me raconta en détail ce qu'avait vécu ce garçon âgé à l'époque de deux ans et demi.Alors qu'elle nous racontait cela dans cette tente,elle demandait humblement aux touristes de sortir pour ne point entendre ces horreurs.Car tous les villageois furent,lui et ses parents y compris,simplement brûlés dans leur lieu de culte.La phrase était lâchée enfin.Elle put donc sortir,et nous emmené nous restaurer dans un immense restaurant campagnard,aux immenses baies vitrées,où volait en ronronnant chaleureusement une cuisine à barres de laiton.Elle venait de me couper un appétit que j'avais grand.

-Mais Fliora avait le pouvoir du feu.Il n'a donc pas été victime,et alors que lui ne souffrait pas il voyait toute sa famille mourir dans d'atroces souffrances autour de lui.J'étais envoyée pour le sauver,par l'une des portes de transfert menant su Terre.Il s'est mis à pleuvoir,dans ce pays boueux,sur les restes sans épidermes (elle se mit à pleurer en repensant à sa terrible vision),et au milieu de ces apocalyptiques visions se dressait ce tout petit enfant blond aux yeux noirs,innocent et blessé,sans famille,sans personne,n'ayant même plus la force de pleurer.Je fus prise d'un instinct maternel exacerbé,l'envie de l'aimer,de le protéger,de lui faire oublier tout ce que les terriens avaient pu lui faire,pour lui faire s'épanouir dans le monde des sorciers.Tel est sa place.Avec un peu de chance,il n'apprendra toute la vérité que vraiment grand.

-J'en reviens pas,j'ai dit simplement.Comment peut-on se comporter comme une ordure comme ça...Et pourtant,je n'arrive même pas à relativiser ce qui m'est arrivé.

-Que vous est-il arrivé?

En omettant tous les détails que j'ai graciés à Ponno,je lui contai tout dans les grandes lignes.Elle croisa les bras en secouant la tête d'un air fortement accablé.

-Vous en avez vécu bien des malheurs vous aussi.J'ai su également pour Lana et Sara,c'est ahurissant.

-Et vous?Qui êtes vous?

-Je vous l'ai dit.Je suis née le 13 juin 1929 et je m'appelle Yoshi Haneda.En 4938,si vous préférez.J'ai trois ans de moins que vous.

Je n'osais lui poser la question qui me tauraudait à l'instant.Sa peau et ses yeux me rappelaient ma mère.

-Je suis japonaise.Je ne peux pas t'en dire plus.

-Pourquoi insistai-je,ressemblant pour une raison que je ne saurais expliquer un certain malaise.

-Je ne peux pas te le dire,répéta-t-elle.

C'est à cet instant que je me rappelais ce film horrible que Luke et moi avions regardé ensemble au Royaume Débile-Soumis.Je me souviens que des membres de ma famille avaient été victimes des pires tortures de la part de gens qui pouvaient être parents,connaissances avec cette fille dont je voulais devenir l'amie.

-Regard-moi,m'intima-t-elle doucement ensuite.

Je lui obéis et l'observais.

-Je vous trouve très jolie,vos lèvres ont une belle couleur rouge,votre peau une belle couleur blanche et jaune,vos cheveux une belle couleur bleue.Vous n'avez pas réagi,quand j'ai parlé du festival...euh,du massacre de Nankin.

Elle soupira,comme si on l'avait obligée à danser avec un gros dégoûtant.

-Ces personnes de ta famille,tu ne les connaissais même pas.Moi j'étais petite,et j'étais contre.J'appartiens au peuple Kami,un peuple féérique japonais,même si tout en moi pue l'humain comme chez n'importe quel citoyen japonais,ce qu'ils sont incapables d'avouer.

Elle commençait à vraiment s'énerver contre moi,et d'instinct des larmes me montaient aux yeux et aux narines.

-Je suis une Kami,je suis pour la paix.Je t'assure que j'aimerais te dire que je n'ai rien avoir avec ça,mais ce n'est pas vrai.Ma mère est vraie kami,et elle a fait une mésalliance en épousant un homme qui n'hésiterait pas à jeter des chinois,qui peuvent très bien être ta mère,ta grand-mère,leurs petites soeurs,dans des centrifugeuses géantes pour les faire tourner jusqu'à ce qu'ils crèvent

-Alors que vous ne saurez rien sans cette nation,ai-je répondue la peau imbibée d'eau salée.

C'est là que Ponno,avec un ton médical,est venu me chercher pour que je poursuive avec elle la route de la mémoire.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant