Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 5B:Ma vie d'avant.

Excusez-moi de couper si brièvement mon récit,Penne,mais il nous faut décrire avant ce qu'était ma vie,avant qu'on ne nous la prenne.Il est bon de se remémorrer une chose qu'on a perdu.Parfois.

Je suis née ici,sur la terre qu'on allait bientôt appeler la Russie,qui n'existera bientôt plus aux yeux du monde.Mais pour mes semblables,elle était éternelle.Sans commencement ni fin,sans frontières entre le sol et le ciel.Oui,on était un peu beaucoup nationaliste.

Pour faire court,je suis née le 14 juin 1926 à Riga,de parents universitaires en géopolitique (ronronnement).Mon père était doyen de l'université,il s'appelait Ouranis Ryvaldis,et il est séparé de moi par 26 ans.Oui,je sais,il a un prénom étrange,mais sa mère s'appelait Anna,ou Ziga,et elle est entrée au couvent après la naissance de mon père.Mon père était un type assez excentrique,à la coiffure curieuse,cheveux châtains longs,pantalons larges et petite barbe de trois jours.Un excentrique doublé d'un intellectuel et d'un géopoliticien,pour le NKVD c'était une proie facile,(petit reniflement de mépris). Il a rencontré ma mère à l'université,après la première guerre mondiale.C'est à l'automne 1918 qu'elle l'a frappé.Attention.Pas au sens figuré!Le pauvre se faisait apostropher par un groupe d'étudiants aux manières pas clairs,quand elle a sauté du haut de son arbre,pour en frapper un,mais tout ce qu'elle a gagné fut de lui frapper le pied,et ils ont eu le coup de foudre l'un pour l'autre.Je dois ma vie à cette erreur.

Maman,c'est...une sainte.Qu'est ce que je suis fière d'être sa fille.Je ne la mérite pas.Maman s'appelait Ilentha.Ilentha Skimaas.Une toute petite femme,que je revois toujours dans son manteau noir de printemps,avec des gros boutons plats,ses joues d'un rose délicieux,ses yeux noirs et ronds,brillants,et ses cheveux d'un blond si pâle qu'il en semblerait presque blanc.Tout en elle exerçait une impression de forte fragilité,tel la rose qui n'a que quelques épines pour se défendre contre le reste du monde.Elle avait une soeur,Regina,qui avait une fille, Joan ,née le 13 janvier 1926.Je m'entendais bien avec elle,bien plus qu'avec  mes camarades.J'étais plus la fille qui devient copine avec ses cousines et ses voisines.J'avais une autre cousine,Morgana,la fille du frère de mon père,une amie d'origine espagnole.Oui,c'est vrai,hispano-letton est un mélange improbable.

J'avais deux soeurs,il me semble peut-être déjà l'avoir dit.L'aînée s'appelle Lavra.Elle avait 18 ans au moment de la rafle,mais ça aussi il me semble vous l'avoir déjà dit.Ce que je ne vous ai pas dit,c'était qu'elle était différente de nous tous.(Note:Si vous voulez,elle ressemble un peu à la Deryn de Titanic.)Elle est assez indépendante et anti-conformiste,et elle a un jugement différent,et souvent juste,même si moi et les autres ne voyons pas les choses sous le même angles.Elle était grande,aux cheveux d'orges grillés,ondulés,entremêlés,entre cinq nuances de blés différents.Et elle avait des yeux très bleus.Une balte typée,en somme,qui n'était pas la brune pâlotte que furent ses deux petites soeurs.J'étais aussi grande qu'elle,déjà plus mince,une touffe de cheveux noirs pas possible,des tâches de rousseurs s'apparentant plus à des grains,sur ma peau blanche.Gaëll était la dernière,avait des cheveux noirs bien raides et bien tenus sagement derrière ses oreilles par des barrettes en forme de coccinelles,des tâches de rousseurs aussi,et elle porte sagement des cerises aux oreilles,une valisette à carreaux rouges,et des robes à carreaux verts.Une fille à la rigueur naïve,mais aux grands yeux gris malicieux.

Et c'est ce monde là qui fut détruit à cette date,comme tant d'autres,dans notre ville,dans notre pays,en Europe;et même dans le monde.