Gérénian et Swénkéhalia.

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Je ne me contentais pas de raconter mon témoignage.On me rappelait,à raison selon moi,que je n'étais pas la seule à avoir souffert.Et que donc,il était logique que je sache,comme j'avais voulu le savoir,ce qui était arrivé plus exactement aux parents de Luke Galédian,si je voulais l'aimer comme il se doit en toute connaissance de cause,comme il m'aimera en connaissant parfaitement ma destinée.

-Je me suis totalement trompée,a dit Swénkéhalia,la louve amérindienne,une petite fille lakota.Si pour ma seule personne,ce massacre a existé cela ne veut pas dire qu'il existe pour tout le monde,car ta petite mère Kétan était comme moi.

Aux yeux de ma meilleure amie,je savais que j'existais.

-Qui est cette meilleure amie?

-Une fille qui venait jouer ici.Cette jeune fille elle était aztèque,elle venait du passé elle fait partie d'une autre communauté terrienne qui voyage dans le temps,qui migre d'époques en époques.Ses cheveux lisses étaient tellement longs que même nattés ils lui descendaient jusqu'aux fesses.Sa mère la gardait jalousement auprès d'elle pourtant elle fut mon meilleur contact avec le monde extérieur.Ma réputation cependant fut vite faite,et j'étais à la fois admirée et crainte comme une princesse enfermée dans une tour.Pourtant,à cause de la suprématie blanche,n'en déplaise à Panne,mon statut vaguement proche de celui d'une princesse a disparu.

Je sais qu'ici on m'a tout donné pour que je sois satisfaite épanouie heureuse,et on croyait que je l'étais réellement,j'étais tellement souriante et adorable comme gamine.Je peux même vous dire que là où j'étais,il y avait un magnifique puit avec des fleurs s'enroulant autour d'un arceau d'or,et un immense jardin,plein de rose et de dahlias,des milliers de lys et des milliers de glaïeuls.En vérité,c'était justement à cause du manque d'affection que je riais pour un rien.J'avais cette joie de vivre,cette proximité de la nature propres aux loups garous amérindiens,mais j'avais évidemment des coups de fatigue et de désespoir,sans pour autant devoir attendre bien longtemps avant de retomber dans l'hilarité.J'avais juste,au-dessus de moi,le souvenir d'avant qui ne cessait de se préciser.

J'avais trois ans quand c'est arrivé,en réalité je suis beaucoup plus âgée que je n'en ai l'air mais on va y revenir.Je suis née en réalité,il y a 58 ans.J'ai 58 ans.C'était à l'automne 1891,sur Terre aux Etats-Unis.On vivait dans ce que je crois être l'un des derniers campements.Il semblait pas être habité,il croulait sous les feuilles mortes et les herbes folles.Je dois sûrement être encore l'une des dernières survivantes de mon peuple,comme cette gamine là,Sara.

-Qu'avez-vous ressenti en voyant ce qui s'est passé?

-Je hais les américains...Je ne hais pas les humains,même si je suis une louve comme ma mère.Mon père lui était vraiment humain,mais un important chef indien.Voilà qui étaient mes parents,ça fait déjà 55 ans qu'ils sont morts.Je ne pourrais jamais pardonné ceux qui ont fait ça.Ils ont exterminé ma famille.

-Tu t'es fait niqué ta race au sens propre comme on dit vulgairement,lui ai-je fait remarquer.

-Je ne peux pas le dire ainsi quand bien même c'est à peu près ça,a-t-elle dit en souriant malgré elle.Je suis brisée de l'intérieur comme tous les survivants,qui doivent exister,je les ai vu en retournant aux USA.Je n'avais plus d'énergie pour séduire ton père,Luke,même si il me trouvait belle jeune et vive.J'ai perdu confiance en moi.Mes parents sont morts par ma faute.Le père a fait son devoir et il est mort.Pendant ce temps ma mère et moi avons couru très loin dans la forêt,espérant que nous deux pourrions survivre.J'allais rejoindre maman au bas d'une de ces petites falaises de craie blanche des forêts montagnardes.Une mère avec qui j'aurais pu grandir,quand bien même nous serions totalement déracinées de cette Terre auquel mon peuple était viscéralement attaché.Une mère à qui je pourrais confier mes peines de coeur.Mais je n'ai plus ma petite maman alors que c'est moi qui aurait dû mourir.Sous ma forme de louve j'ai sauté quand on m'a tiré dessus.C'est alors que comme dans une hallucination Penne Ponno et Panne sont arrivées.Ma mère les ont supplié de me sauver.Il est vrai que mon sang coulait à flot en cascades distinctes sur la pierre,que j'étais un chiot mort.Panne a identifié maman comme étant bien ma mère de sang.Alors ma mère a donné sa vie au sens littéral pour me sauver.Elle a fait ce que l'on appelle:Lavipourlavi.

On lui a fait boire un gobelet de mon sang,mélangé au sien,et épongé dignement ses larmes.On l'a laissé reposer sans doute dans une boîte quelque part,sous sa forme humaine.Panne Penne et Ponno ont imprimé en plusieurs exemplaires des photos de fosses communes et le récépissé du sortilège,et elles m'ont embarqué avec elle.Je pense pourtant que ma mère auraient été bien mal à l'aise dans cet endroit...Et que son corps est mieux là où il est,quand à son âme,ça je ne peux pas le savoir.

On m'a quand même accordé quelques séances de médecine supplémentaires...Sur Terre normalement personne n'entend plus parler de moi,comme ils n'entendent plus parler ni des loups garous ni des lakotas.

Je me suis sentie mieux en trouvant papa,Gérénian Galédian.Deux jours après son arrivée ici à la fin du Massacre des arméniens,toujours sur Terre.Ma séduction,composée de petites victoires,changea ma vie.Il avait 24 ans,et je l'emmenais dans des restaurants gastronomiques étoilées et désespérément pompeux,et cet atmosphère nous mettait tous les deux mal à l'aise,ce qui nous faisait rire aux éclats.Il avait une femme et un enfant,il vivait baigné dans une ambiance chic et élégante,dans une ville isolée dans la montagne,dans une culture sympa.Mais son fils et sa femme ont été assassinés.Pourquoi?Et bien parce que ce sont des arméniens...Gérénian était surnommé entre nous le faucon d'Arménie.C'était un homme faucon,moi j'étais une femme louve et je me demandais déjà à quel genre de créature tordu pourraient ressembler nos enfants...

On s'est décidé assez tard à concevoir cet enfant.Gérénian se moquait de moi en me rapportant cette blague:

C'est un petit indien qui dit à son père :

- Papa pourquoi les lancoviens ils ont des prénoms courts alors que nous on en a des longs ?
Son père lui répond :

- C'est dans nos coutumes, on donne les noms comme le fils du grand esprit nous la enseigné, regarde ta sœur s'appelle soleil couchant sur la vallée parce que quand elle est née, il y avait un soleil qui se couchait sur la vallée. Tu as compris capote troué ?

Donc tu as eu un prénom court,Luke.Tu es devenu un garçon aigle.

Malheureusement,même moi,je parvenais pas à sortir mon mari de sa dépression et il s'est jeté sous une voiture quand mon fils avait 2 ans.Il m'a laissé seule,ce con,à continuer d'élever mon gamin.M'enfin,ici,j'étais presque pour ainsi dire,élevée avec mon gamin.Je lui ai en revanche pas transmis mon immortalité,mais tu vas vivre très vieux et elle aussi,vous verrez.

Ce discours lui ayant demandé beaucoup d'effort,elle but au goulot un genre d'alcool local,bleu vif et pétillant contenu dans une grande bouteille en verre.

-Je suis retournée il y a pas longtemps aux USA,j'en ai vu d'autres une famille de loups terriens,il semblait bien dépassé par sa simple humanité le père de la portée...J'aime bien retourner là-bas,tant que je me fais pas approcher par les humains.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant