Chapitre 56A:La haine ça fonctionne.

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Elle marche mieux que l'amour,en tout cas.Je l'ai fait en mars,et j'avais envie de vous en parler tout de suite,parce qu'en mars,Ania était aussi outrée que vous à l'idée que nous ayons attendu autant de temps,elle qui était seule en était jalouse,même si je trouvais ça malsain de dire à a 15 ans qu'on manquait de sexe.Ce qu'elle voulait c'était  grandir,et rejoindre la résistance,mener avec l'ensemble de la nation derrière elle.Mais nous,nous avions simplement envie de baiser quand les enfants seront tous couchés.

-Je croyais que tu voulais garder ça pour toi?

Panne soupira:

-Eh bien,qu'est-ce que tu as me dire de beau à propos de cette première fois?

-C'était le 2 mars 1944.Le feu éclairait le reste de la forêt encore presque gelée et je m'étais éloignée pour aller ramasser du bois.

Afin de cacher ma bouche qui se tordait dans un sourire lubrique,j'ai baissé la tête pour regarder mes doigts qui s'agitaient sous la nappe,avant de lever les yeux vers elle.Elle semblait satisfaite de mon attitude.

-Il m'a pris par surprise et j'ai lâché la pile de bois pour faire un effet dramatique.J'ai compris ce qu'il voulait et j'ai souris,lui intimant de se taire.A présent j'avais chaud.Après coup,j'ai pensé à ce que les nazis diraient en voyant ces deux cochons en train de copuler.Mais je n'ai pensé qu'à lui,à ce moment précis.Mon esprit rationnel s'est déconnecté de mon corps et pendant ces quelques instants j'ai compris pourquoi ça valait encore le coup de vivre même si les enfants ne seraient plus.Pendant un court instant,le sort des gosses m'indifféraient si Waldek était encore là.L'amour physique s'ajoutait à ce que j'éprouvais déjà.Nus dans l'hiver et pourtant brillants de transpiration,on s'est endormis dans l'herbe sans nous en rendre compte.Je me suis réveillée encore nue,et j'ai vu que nous étions dans la même forêt,près d'une pente verte où des bergers s'aventuraient et passaient la nuit à la belle étoile comme nous,en mangeant du fromage et en indiquant parfois à des allemands curieux la direction du campement des juifs des bois.Des rais de soleil filtraient à travers le toit vert.

-Coucou!

-Oh, tu m'as fait peur!

-Félicitations,a-t-elle fait en se retournant.

-Waldek,habilles-toi,il faut qu'on se tire d'ici!

-Hein mais pas forcément...

La paranoïa ne m'avait pas quitté,et rester au même endroit dix heures de suite m'angoissait.Je ne croyais plus à la paix,ou à la générosité des paysans comme c'était le cas il y a encore quelques mois.Le vide de notre vie avait fait son travail de désillusion et j'étais convaincue de n'avoir aucun pouvoir magique.Nous étions en Slovaquie,cette fois,et nous passions près de la réserve en bois d'une famille de la noblesse des montagnes,qui se dressait sur une pente de roche encore enneigée.Pendant ce temps,le petit Félix contemplait un oeuf en train d'éclore dans une branche installée là par la famille pour que ces dames puissent lire en plein air.

-Tu n'as pas peur que l'on ai récupéré leur maison pour y loger des officiers nazis?

-C'est que du pain,j'ai fait avant de me retourner vers Félix qui continuait de regarder le petit oiseau sans maman,avant de le prendre dans sa main.

-Laisse-le j'ai fait.La maman reviendra.

-Ma parole je crois qu'ils l'ont bouffée,a fait Waldek,vient on se casse.

Voyant au loin une voiture rapace,nous nous sommes mis à courir vers les hauteurs,et j'imagine qu'ils n'y ont pas fait attention.Arrivée à l'étage montagnard,j'ai fortement regretté d'avoir pris du pain et non de l'eau.Puisque les nazis n'allaient pas nous suivre,j'ai décidé de nous laisser nous reposer au-dessus du village.Enfin,jusqu'à l'incendie.Nous tirant d'un sommeil venu bien trop tôt,des cris en contrebas,là,au fond de la vallée.Le seul effet que cela fit sur nous,c'était la crainte que nos ombres se projettent sur les parois montagneuses et nous fassent répérer.On a déjà vu tellement d'horreurs.Il y a déjà tellement de drames que l'on empêchera pas.Alors la solution c'était de trouver un nouvel endroit dans la nature qui serait paisible.On pourra coucher à nouveau ensemble.Ou alors nos chemins se sépareraient quand nous aurons de nouveau réinvestis les circuits d'une société dénazifiée.

J'y pense à chaque instant à cet évènement là en fait.Ce village qui ne nous avait rien fait à eu la gentillesse de ne pas nous surprendre en train de voler du pain,et il ne m'offrit que le plaisir de voir tant de gens mourir.Peut-être était-ce parce qu'ils nous ont aider.

-Peut-être oui a fait Waldek,mais c'est pas pour autant que nous allons nous rendre.

Voilà ce qui a suivi notre nuit de noce.Mais il s'en était passé des choses entre novembre et mars.Nous avons dû affronter l'hiver.Mais ça non plus,je ne voulais pas en parler maintenant.J'étais renfrognée dans ma chaise et je voulais juste ma mère.Deux ans et demi après je la voulais encore,à chaque instant.Me créer une nouvelle famille avec deux garçons et deux filles n'aura pas servi à les remplacer.

Elle me créerait des deuils nouveaux juste après m'avoir permis de survivre.





Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant