Chapitre 49A:Jeter un froid.

5 1 0
                                    

2 août 1943.

J'ai l'étrange impression que depuis le début de la guerre,le climat varie d'un extrême à l'autre.Les hivers sont de plus en plus froids,et ça ne me dérange pas,loin de là.J'avais lâché mes très longs cheveux noirs,et j'avais enlevé la chapka blanche que je portais,car non seulement,elle était beaucoup trop chaude,mais surtout,elle était un nid.Waldek était si beau,à chaque fois,qu'une âme adolescente enfouie était prête à faire défaillir tout le reste.Il avait un charme à la fois fragile et bestial.Mais les lois,et les consignes,n'avaient pas changé.La menace était constante,et je me suis demandée comment les animaux dits proie pouvaient vivre heureux et avoir des enfants,et non pas se suicider pour éviter d'avoir une mort douloureuse.Un jour,dans la forêt,alors que nous pensions la voie libre,Waldek m'attrapa brutalement par le poignée,comme King Kong s'emparant de la jolie blonde.

-Chut!

Aniela avait laissé tomber un jouet,une poupée de chiffon cousue sans bras.Ma peur atteignit son comble,quand je vis un allemand la remuer entre ses mains de prédateurs sexuels.Il ne fallait pas nous enfuir,parce qu'il ne croira pas qu'il ne s'agit que d'un animal.Il ne servait à rien de se cacher dans un tas de feuille,les feuilles voleraient en éclat.Jamais je n'eus aussi peur de ma vie.Et j'eus peur à juste titre.Je revoyais déjà les images de ma chambre d'enfants défiler.C'est les premières qui me sont venues à l'esprit,simple petite chose,avec ses murs en briques grises,sa décoration de broderie,son lit à barreaux de cuivre,ses meubles laqués de blanc,les amies qui venaient m'y rendre visite.Je revoyais ma maison comme le siège de toutes les photos de famille,mais je n'eus pas le temps de revoir tout ce que j'avais déjà enduré.Je n'eus pas le temps de voir,dans différents cadres,des étapes de ma courte vie.Car nous nous sommes fait repérés.

Bien entendu,mon histoire ne s'est pas arrêtée ici.Ni celle d'aucun autre.J'aurais mille fois préféré rendre l'âme à un virus arbitraire conçu pour tuer qu'à un connard de nazi.Ce fut la seule fois où je l'ai vu et la dernière fois qu'il croisera quelqu'un.On était sur une route de caillou qui traversait une forêt de gros conifères vert vif,près d'un torrent.

Je pensais qu'il allait se servir de ce revolver et que tout serait fini.Je me concentrais sur la dernière image que je verrais.Est-ce que je rejoindrais mes proches?Ou personne ne se reverra plus jamais?Il avait une arme,et nous,nous étions perdus,complètement vidés,et très sales.

A ce moment,j'ai eu l'impression que les regards,les paires d'yeux du monde entier étaient rivées sur moi.Quelque chose a jailli de ma main,réveillée par l'instinct de survie.J'eus l'impression que tous savaient déjà que l'un des SS,le petit,celui qui a trouvé la poupée de chiffon,a fini entièrement,mortellement congelé.Les autres auraient pu tirer par réflexe,ils m'auraient eu.Mais par miracle,ils s'approchèrent de moi.Ils suffoquaient,terrifiés,moins que je ne l'étais.Et ils se sont enfuis,sans doute pour prévenir qu'effectivement,les juifs étaient une race alien extrêmement dangereuse aux pouvoirs extraterrestres.Est-ce que c'est pour ça que je suis ici?

Cet évènement ne s'est jamais plus manifesté depuis.

-Tu es une sorcière!Pourquoi tu nous l'as pas dit?a commencé par me demander indiscrètement Ania.

-Quoi,est-ce que c'est moi qui ait fait ça?

-Disons qu'on dirait bien que la glace venait de tes mains?

-Pardon?Alors pourquoi ça s'est manifesté maintenant?Je pense que ça doit être Dieu qui s'est manifesté à ce moment là,et cela n'aura rien à voir avec moi.

J'ai retranscris à Panne cette conversation,qu'un mois après j'avais toujours en image.Je la fixais,dans les yeux,pour qu'elle réponde,mais elle ne faisait que baisser la tête.J'ai tenté,sans succès,de refaire ça.Si j'avais des pouvoirs magiques,alors il me suffirait de congeler tous les méchants.Mais cela signifiait aussi que j'aurais pu le faire bien plus tôt et que nos parents auraient été sauvés.J'avais attendu une semaine comme une idiote,le temps,intuitionnellement,de me réhydrater.Je savais,d'instinct,que si j'avais des pouvoirs surnaturels,ma famille serait vengée.Nous débarrasser des SS n"était pas uniquement une question de vengeance des familles mais de salubrité publique.Il fallait que je vole une bouteille d'alcool,non seulement pour me réhydrater comme il se doit,mais pour encaisser ça plutôt qu'y réfléchir.J'étais passer experte dans cet art peu avouable.

Selon les enfants,et selon l'une de mes hypothèses,c'étaient l'oeuvre de Dieu.Ania pense que j'ai des pouvoirs magiques,Waldek dit que ce n'est pas à exclure.Mais je n'y crois pas.Personne n'en a jamais eu.

-Je n'ai aucune caractéristique exceptionnelle,avais-je jugé bon d'ajouter.Et puis,si mon pouvoir été de détecter une présence ennemie,allemande ou non,on en serait pas là!

-Vous n'aviez toujours pas su les voir approcher?m'a demandé Panne avec un dédain bombonneux.

-Non.Mais pendant des jours,après le début de mes confidences ici,en voyant les plumes voler,j'ai conservé en moi un maladif espoir de revanche.Ce que je voulais,c'était les voir payer.Je savais que je ne me sentirais pas mieux après.Mais j'avais le sentiment que le monde serait plus beau une fois que les assassins de ma famille auraient disparu.Et ceux qui me répétaient que cela ne la ramènera pas sont les dernières des ordures à me le rappeler aussi froidement.

Cette famille possédait-t-elle des pouvoirs aussi?Je n'y crois pas.Sinon,ils s'en seraient servis.Ou alors....


Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant