Chapitre 29A:L'amour au milieu des haines.

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Juin 1942.

Depuis un ou deux mois,donc,mon père alimentait la résistance juive en armes,et je l'aidais moi aussi.C'est à cette occasion que Waldek et moi,nous avions pu revoir notre Jablonski,ce vieil homme d'une discrétion parfaite veillant sur nous comme un ange gardien,qui arrivait avec un bol énorme de thé fort et fabuleux.

C'est là que sur ma gorge si sèche et si pâteuse arriva cette onde si parfumée.Je n'ai jamais rien vécu de tel.Moi qui était restée en plein air sur une cour râse,sans eau,où la chaleur venait nous lécher épuvantablement.Cet homme qui pour la première fois nous parla de son association,Zegota:

Il était bien capable de nous faire sortir nous sept,les sept mineurs,d'ici.Mais ce fut au moment où j'entendis cette possibilité qu'elle me parut moins évidente.Moi qui depuis mon arrivée ici ne parlait que de fuir cet enfer,il était devenu comme mon,notre enfer,et je ne voulais pas laisser derrière moi des gens se battre pour nous,même si je leur apportai notre aide.Et pourtant,j'ai accepté la proposition.Pour Marek,pour Gosia.

Mais j'ai du louper un truc dans la conversation.A un moment,j'ai cru qu'il faisait allusion à quelqu'un d'autre.Mais non.

-Pardonnez-moi,monsieur Jablonski,pouvez-vous répéter?

-J'ai dit que vous étiez une très jolie jeune fille...

Ce serait mentir que de dire que personne ne m'avait dit que j'étais séduisante.Mais l'entendre dire de la part d'un vieil homme à une fille squelettique comme moi,j'avais des raisons de me méfier.

Il éclate d'un rire grave et puissant,à l'image de son physique,éclairant comme dans un jeu de clair obscur la mort autour de nous.

-Je vous conseille de faire sortir les plus jeunes en premier,nous disait-il.

Je ne pensais jamais qu'un jour je trouverais un vieil homme aussi sexy.J'espérais qu'il ne lisait pas mes pensées,je ne tiens pas à ce qu'il se fasse des idées.

-Comment pouviez-vous douter que nous allions le faire?répond Waldek,qui reste quand même plus beau que cet homme.

Je vois avec soulagement que ma superficialité a survécu à la guerre.

-Vous ne savez pas à quel point rougir vous va bien...

-Vu le nombre de fois où je lui en parle,et où elle rougit par ma faute,oh si elle doit le savoir..fit Waldek.

-En tout cas,glissa la petite soeur Ania,c'est ironique d'être sauvé par un cochon,rhirhirhi...

La phrase devait être une incantation contagieuse,car ma peau devint à son tour de ce beau rose cochon qui n'allait à personne et surtout pas à moi.Je réhaussais mon sac sur mon épaule,où se trouvait le fusil,et lui répondit cela:

-Ha ha ha!

Nous arrêtions donc net toute forme de discussion,évitant de nous faire prendre avec ce vieux beau gosse de derrière le mur.Néanmoins,il nous a donné espoir.Ainsi donc on m'avait menti.Il existe des associations,dans le reste de la pologne,un vague firmament qui nous entoure,des gens prêts à sauver des enfants juifs.D'un geste fébrile,je baisse la tête et rentre dans le ghetto,et range les armes,manquant de les faire tomber.

Etrange,quand même,que je ne me sois pas fait prendre,est-ce grâce à vous?Alors pourquoi ne pas l'avoir sauvé,pourquoi n'avoir sauvé que moi.

Panne se leva.Elle avait une belle silhouette exprimant de la force,dans son pantalon beige moulant des jambes énergiques,et son gilet blanc brodé lui donnait une allure sophistiquée.

-ce n'est pas du tout ce que tu crois.Je n'ai pas du tout envie que tu aille t'imaginer ces petits scénarios,tous plus loufoques les unes que les autres . On est pas dans un conte de fées ici on est dans la monde réel.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant