Chapitre 53B:5 janvier 1943.

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(Bon,pour ceux qui n'ont pas tilté,l'histoire de Lana est à la fois une fan-fiction,un pastiche et une réécriture de Between Shades of grey.Ce qui va suivre est un évènement du bouquin que je me devais d'évoquer,mais ce qu'il raconte n'est pas de moi.C'est une réécriture,et comme on est sur wattpad,on peut s'amuser à faire ça.Je ne me ferais pas d'argent dessus.Promis.Bonne lecture!).


Pendant que Lavra et Nikolaï se galochaient,une autre femme mourait.Une autre mère qui nous marquait tous par la sainteté de ses actions,une femme de 40 ans originaire de Lituanie,blonde aux bleus et qui aurait eu tout à fait sa place sur des gravures religieuses.Une fille de mon âge et son petit frère de 10 ans se retrouvent aussi orphelins que moi.Bien que je n'aimais pas cette fille et que la voir triste n'aggravait pas spécialement mon propre malheur,je réalisais un peu plus qu'en enfer ce ne sont pas les meilleurs qui survivent.Je ne me compte pas dedans.

Ses enfants,seuls exécuteurs testamentaires présents,n'ont pas voulu la laisser sur une barque se faire dévorer par des poissons.Ils ont voulu l'enterrer dans la glace,dans un cercueil de bois.Pour la ramener en Baltique,qu'ils disaient.Comment peut-on être aussi naïfs alors qu'on vient de perdre ses parents?

Et pourtant,grâce à nos efforts à tous,les jumelles nées en juin 1941 sont toujours vivantes,en bonne santé,alors qu'elles n'ont rien connu d'autre que la déportation.Et avec tout ce que je vous ai raconté depuis notre rencontre,on peut avoir l'impression que c'est notre cas aussi.Que je n'ai rien vécu à part cette déportation.Bien sûr que c'est faux.On ne naît pas déporté,mais on en meurt,la plupart du temps.J'ai vécu avant la déportation,contrairement à ces jumelles,et cette vie était loin d'être insignifiante ou vide,je n'avais pas besoin de perdre ma mère pour donner un sens à ma vie.Lili n'en avait pas besoin non plus.Et pour montrer que parce qu'elle souffrait je tenais à me réconcilier avec elle.

Je suis allée à son enterrement.J'ai décidé de chanter,d'écorcher une langue proche de la mienne que j'avais étudié pendant deux ans.

-Comment est-ce que tu arrives à chanter une chanson que tu as appris il y a 3 ans?

-Et toi comment arrives-tu à dessiner sans modèle?

J'avais encore les paroles dans ma tête,comme un rêve.On est passés devant les officiers,ils n'ont même pas regardé.Ils regardaient Lavra,que je n'ai pas osé voir servir des bières de Tchernihiv aux officiers.Elle n'a pas semblé nous voir,Nikolaï si.Il a arrêté direct de faire ce qu'il faisait,pour voir cette femme partir,avec une autre déportée dans les bras.


6 janvier 1943.

-Lavra?Tu...comptes t'installer ici?Ici,avec ceux qui nous tuent?

Elle était dans les bras de Nikolaï,toussant légèrement dans sa manche pour éviter de le contaminer.

-Ton incapacité à te remettre en question me laisse assez pantoise.Comment as-tu pu ne jamais te demander si nous étions dans le mauvais camp?Dns le mauvais camp idéologique je veux dire?Nous sommes beaucoup trop embourgeoisés à mon goût.

-Tu te rends compte que c'est de notre mère que tu parles?Maman!La femme d'Ouranis,notre père qu'ils ont torturé cruellement,ça te rappelle rien,ça?

-Qu'est-ce que vous faites ici?

C'était la fille d'Elena,l'ennemie mortelle de Lavra.

-Et toi,qu'est-ce que tu fais avec...lui?

-Lavra et Nikolaï sont ensembles et...

Je me suis tue en m'apercevant bien vite qu'elle ne m'écoutait qu'à moitié.Elle a fini,quand je me suis tue,par nous hurler:

-Je vous déteste!Je vous déteste!

-Calme-toi ce n'est pas la peine de tomber dans la haine à ton tour.

-Dans trois mois tu vas vite te rendre compte que l'idéologie communiste est bien plus convaincante que l'idéologie capitaliste que vous semblez pourtant porter aux nues,sinon tu peux rejoindre la chère résistance lituanienne qui massacre des juifs dans la forêt.

Elle s'est étranglée avec sa propre haine.

-Notre mère aussi à nous est morte,et vous l'aimiez bien,a encore ajouté Lavra.

-La mienne aussi.

-Tu t'en fous,hein?a rajouté Lavra,qui crevait d'amour et de haine à la fois,déchirée par ses propres contradictions.Ma petite,tu n'es pas la seule à avoir des problèmes,mais vous êtes si égoïstes,et tu es si paresseuse.Tu ne t'es jamais demandé comment un garçon qui n'a que cinq ans de plus que toi ai pu se retrouvé ici?

-Lavra,calme-toi.

-Sa mère était une artiste,comme toi,comme ma petite soeur.Et elle aussi elle était de ces nations détruites par la guerre,comme nous.Une polonaise.

Elle est morte,quand il avait cinq ans,à peu près quand tu es né.C'est son père,qui est russe.

-Un an après la mort de ma mère,seulement,mon père s'est remarié avec une russe.Il reste encore quelques membres de sa famille,famille d'artistes aussi,quelque part encore plus à l'est,dans une région bien pire que celle-ci,dans un autre camp,peut-être Magadan.C'est pour ça que je suis entré ici,pour pouvoir les aider.Et on m'a jeté ici...

-Tu vois,tu n'es pas la seule à être en prison.Nous au moins,nous avons connu l'amour maternelle.

-Ma belle-mère me détestait elle aussi.

-Pourquoi donc?a fait,étrangement concernée soudain,la fille dont l'âme devait tant être sauvé.

-Parce que je suis un polak,voilà pourquoi.

-Je l'apprends en même temps que toi,ai-je glissé à Lili.

Je pense sincèrement que ce fut le moment le plus intense de toute ma vie.Ma soeur consolait un de nos bourreaux qui pleurait dans ses bras,juste après avoir incendié celle qui devrait être consolée.Je regardais la scène avec elle,profitant des aveux d'un homme qui avait tu sa douleur à des alliés mauvais.Je l'ai imaginé assis en tailleur sur son lit,parlant aux images de ses parents collées sur du papier,comme nous le faisions.

-Je te raccompagne,ai-je proposé à la blonde.

Elle me faisait tellement pitié.

-Le bruit de ses pleurs m'a fait mal.Physiquement mal.

Elle avait réussi à compatir.Cet homme,contrairement à nous,n'aura jamais connu la joie de parler de banalités et de coups durs,et de petites joies à sa famille en rentrant.Victime de la haine xénophobe des impérialistes,il s'était joint à d'autres qui cachaient bien leur propre xénophobie,qu'ils avaient projetées sur des petites nations à l'identité forte.Nous.Ses repères manichéens se perdent dans leur propre vide,elle est égarée par l'aspect vertigineux de la dure réalité humaine,où il n'y a ni bon ni méchant.Elle avait pleuré sur le sort de l'objet de sa haine ce soir là.Soudain,au loin j'entendis comme un éclat de rire,puis un cri.

-Attendez-moi.

-Il me semble que c'est ta soeur.Il est peut-être triste pour nous mais il lui a bien lavé le cerveau celui là.

-Lavra,qu'est-ce qui t'arrives?

-Il va partir.

-Je suis désolée.Mais sois ravie de le voir libre,si tu l'aimes,a fait,complètement vidée et désabusée,ce qui deviendra ma nouvelle alliée.

-Il n'a pas quitté le village quand ma mère est morte.Il n'était pas amoureux de moi.Il s'est servi de moi.Il aimait ta mère.Elle devait lui rappeler la sienne.


Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant