Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 44B.

Dés le lendemain matin,vers 6 heures,nous nous sommes mis au travail.J'avais passé une nuit sur mon sac d'affaires personnelles à rêver de grosses cerises à cause de la faim.Je détaillais ce qui m'entourait avec un grand dégoût et une frayeur inconsolable.Mais qu'est-ce qu'ils risquaient contre moi?Je n'avais personne pour me protéger contre eux.Ils avaient un pouvoir acquis avec une étrange force.Ils ont l'air de bien trop s'amuser,les suédois,pour me venir en aide.

Pendant qu'ils nous répartissaient en différents groupes de 25,je crus voir Lavra tenter de poser une main sur Nikolaï.Il la retira immédiatement et recula de deux pas.Dont 5 enfants de moins de huit ans,ce qui limitait l'effectif de travailleurs efficaces à 20.Dont Gaëll qui ne parlait jamais,pour respecter son image d'enfant singe,inapte au travail.Ce qui la perdra,et ce sera la faute de ma mère.19.

En tant que femmes,je me suis vue assigner la construction de la iourta.Cette construction aurait pu être considérée comme un châtiment biblique.On était obligé de construire la maison si on voulait passer l'hiver,mais sans utiliser les briques,ni le ciments,ça c'est pour nos gentils tortionnaires.

Le plus drôle,cela restait Nikolaï.Il se contentait de nous faire des remarques idiotes "vous avez besoin d'un toit",sans remarquer le scandale dont il était l'objet ni la crise intérieure qu'il faisait naître en l'âme amoureux de ma soeur.Le coeur de cette dernière palpitait,et il n'était pas difficile de trouver une autre raison à cela.Moi,je pensais à Lasse.N'était-il pas juste un genre d'ange,de messager,venu ici pour m'apporter le soutien moral sans quoi je n'aurais pas survécu?Ou alors étais-je devenue folle au moment même où on m'avait arraché à papa et à la maison de campagne,en Lettonie.Et il n'était que le fruit de mon imagination fertile.

-maman,tu te souviens de Lasse?

-Ben oui pourquoi?

Ou alors tu n'étais qu'un garçon de la Suède,un pays de la Terre,déporté comme tant d'autres.Et je te reverrais un jour,si une amicale d'anciens déportés existe,ou au cours de mes errances futures.Alors je te comblerais de tous les cadeaux que j'aurais trouvé sur cette planète magique.

A ce point là de l'histoire,c'était plutôt mal parti.Et à ce point là de ma vie aussi,puisque je ne suis même pas dans mon monde.Du moins aux dernières nouvelles.

L'injustice de notre vie était si criante qu'elle en paraîtrait presque métaphorique.En réalité,il n'y avait de la place nulle part pour nous,alors nous allons nous la construire.Avec du bois gondolé par l'eau,de la mousse,et des pierres.Le fait de travailler,de côtoyer tous ces gens,me rappelait à quel point leur vie était différente de la mienne,et en même temps si semblable.

Je ne vais pas raconter tous les détails de la construction laborieuse,mais malgré la difficulté de ce travail,et le résultat,je n'arrivais pas à en être fière.Cela pouvait sembler très scénarisé,comme sorti d'un roman historique un peu démonstratif,mais c'était ma vie.L'année dernière,Lavra avait rencontré un garçon,elle passait le baccalauréat,avec un an d'avance,et ce garçon tentait d'organiser un blocus contre l'invasion de la Lettonie.Ils sont restés ensemble deux mois et après elle n'a plus rencontré personne.

J'ai jeté un oeil à la "maison de Nikolaï",et j'ai étouffé un rire en voyant la nôtre.Peu d'hommes,de mon âge,s'étaient vraiment montré volontaire pour construire le toit qui nous sauverait la vie.Ils construisaient les très biens équipés cabanes de tortionnaires,dont les occupants étaient bien morts de rire devant nous.On les comprends,comment imaginaient-ils qu'on allait survivre à la nuit polaire dans ces maisons?

Hé bien notre survie n'était pas le but recherché.

Elena,une lituanienne de 39 ans,semblait attendre elle aussi de l'aide de Nikolaï.Lavra voyait ainsi le triste spectacle d'une rivale et d'un amant lâche.Mais si cette lâcheté était déplaisante,une autre preuve de la loi du monde se manifesta le lendemain.