Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 30A:L'ombre s'est faite humaine,aujourd'hui c'est l'été.

Ils exigeaient de moi que je tue de mes propres mains les enfants de mon peuple,il ne me reste rien d'autre à faire qu'à mourir.

Le 22 Juillet 1942,le Judenrat reçut l'ordre d'envoyer six mille juifs par jour aux allemands.Une opération d'une envergure que nous n'avions jamais vu avant et qui surtout signifiait qu'en 50 jours nous finirions tous en enfer.Ils avaient déjà eu l'ordre de rafler tous les enfants des rues,dans une guerre circonscrite à cette ville dans la ville,loin de ce que faisaient les camerounais ou les chinois,les anglais ou les américains,ni même les polonais chrétiens.Nous pensions que le monde entier nous haïssait et ils en étaient fiers.

Nous avions de la chance,nous le savions cela.Nous avions ce tissu recouvrant les carreaux,qui faisait apparaître sur notre misère une myriade de couleurs.Elles rayonnaient sur notre peur,elles rayonnaient sur notre haine.On était le 23 Juillet et le président du Judenrat s'était donné la mort.On l'a retrouvé mort après qu'il se soit fait sauté la cervelle derrière une plante exotique.

-Il n'avait pas le droit,Pas le Droit!ne cessait de répéter mon père,ajoutant également qu'il aurait dû jusqu'au bout assumer ses responsabilités.Il y avait aussi ces types aux noms commençant par des Y,ces hommes aux visages estivals et qui avaient tout de juifs sauf l'apparence.Ce n'est pas possible!Ce n'est pas possible!

Ma mère aussi,elle était abasourdie.Elle relisait le message que son mari lui avait passé,et surtout,elle était incrédule qu'on puisse parler ainsi d'un homme qui venait juste de crever.

Cela faisait un sacré bail que je n'avais pas vu les amis de mon père se réunir ainsi pour mettre au point la révolte qui était plus que jamais à l'ordre du jour.Et ils regardaient mon père avec tellement d'insistance,que j'ai pensé que subitement ils souffraient d'un strabisme.Mais que cherchaient-ils à la fin?Pourquoi ils louchaient,était-ce une nouvelle torture oculaire qu'on leur avait fait endurer?

Mon père démissiona le 26 juillet 1942,trois jours plus tard.Et je l'ai vu travailler.Je l'ai vu passer de l'autre côté.Je l'ai suivi.La seconde d'après,il s'est mis à travailler dans une boutique allemande qui était une galerie d'art.Comme il a refusé,il dut la seconde qui passa ensuite travailler  avec un pinceau et une truelle.La mortification de mon père ne cessait de grandir et il dut voir comme un soulagement ce qui allait suivre.Parce qu'il vivait un véritable cauchemar,comme un esclave,même Wladislaw travaillait dans des conditions meilleures.Il était souvent furieux mais dû garder sa silhouette si fine qu'elle allait en disparaître droite comme un piquet,même lorsqu'on avait offensé son orgueil populaire.

Après tout,c'est à ça,non,que vous êtes bon,les juifs?Faire de l'argent?

-J'aurais aimé que ce soit vrai,oui,avouait-il presque honteusement.J'aurais aimé avoir ton intelligence.Mais pour rien au monde je n'aurais vécu avec une femme aussi riche que ma tante,si ce n'était toi.

Choqué par son commentaire,si peu humble,ma mère en resta un peu bouche bée,un peu perplexe devant le changement dont a été victime son mari.Clairement,elle ne s'attendait pas à ce qu'il la complimente,pas avec la façon dont il s'était comporté dernièrement.

Quand elle prit conscience de ce que cela impliquait,je vis sa dent mordre la joue de l'intérieur,car elle trouvait déplacé de laisser éclater l'immense joie qui l'envahissait.

Elle oubliait son malheur,elle oubliait les vitres brisées de la salle de bain,où elle était à moitié nue devant ceux qui passaient,exposée à la vue de tout ceux qui passaient au bas de chez elle.Même des professeurs qu'elle avait eu au lycée et qui se trouvaient à un pied d'égalité avec elles profitaient du spectacle de sa peau saillante.

-Grazena,Soshele,Halina,les enfants,Wladislaw et moi on doit vous dire quelque chose de très important.Nous pouvons passer de l'autre côté du mur grâce à notre travail.Nous l'avons déjà fait.