-Nous avons besoin d'une assistance médicale!cria soudain,comme si il ne tenait plus,un des anciens passagers.
Aussitôt,il s'est vu empoigné par un garde,et emmènerait on ne sait pas où avec un fusil collé dans le dos.Les deux énormes cages brinquebalantes accrochés à sa valise tombèrent,et on n'a jamais revu leur propriétaire.
Après cela,une lettone s'arrêta près de nous,disant qu'elle travaillait dans la médecine,commençant à donner quelques soins à Ama et Rabys,tandis que je ramassais les cages des hiboux lançant des hurlements indignés,leur offrant la liberté que je n'ai plus jamais eu.
La cour était sale et poussiéreuse,il y avait des gens partout.Je vis un instant une fillette aux cheveux roux se traînant derrière ses parents accrochés au bras de son frère.Il me semblait la connaître,mais elle disparut trop tôt pour que je puisse vraiment bien la voir.
Comme on n'avait pas de civière,nous les avons porté nous même,deux personnes se chargeant de Rabys,moi aidant la femme enceinte à marcher.
-Ce ne sera pas long,tu verras,Gaëll,lui dit ma mère.
En effet,on a bientôt atteint le quai,et à entendre les bruits et la tension palpable qui en émanait,peut-être n'aurions dû jamais l'atteindre.Lavra ne me fit je ne sais plus quelle blague qui me fit éclater de rire,mais ma mère affichait un air répprobateur.
-On voulait juste rire.
Mais elle ne faisait déjà plus attention à nous.On séparait les familles.On entendait les enfants hurler,les gens s'accrocher entre eux avec un acharnement désespéré.Je me suis retournée,je voulais pas voir ça.De toute façon,on ne risquait rien,nous,nous n'étions qu'un groupe de femmes.
Viktor,l'amie de Gaëll,n'a pas eu la même chance.Nous étions déjà loin,mais on pouvait l'entendre appeler sa mère.
-Oh non,pas lui,fit ma petite soeur,tandis que ma mère levait les yeux au ciel,mais pas par mépris,mais par désespoir.
C'est là que j'ai vu la puissance de l'amitié qui les liaient.Il faisait presque parti de sa famille,peut-être voulait-elle qu'un jour ce désir soit réalité d'ailleurs.
Mais nous nous étions ensemble.Un miracle.On a passé cet étape.
-Faites très attention,nous recommanda maman.Ils ne nous ont pas séparés la première fois,ça ne veut rien dire...
-Ryvaldis,on ne vous attend plus,dépêchez-vous!
C'était la voix fluette de cette prof absolument détestable.Mais le message était clair.Ma mère attrapa la main de Gaëll,Lavra attrapa la mienne,et nous nous frayâmes un chemin dans l'immense foule.Et cette prof haïe,faisant des signes de mains,on ne voyait qu'elle,comme une apparition divine au milieu du chaos.
-On va où en fait?j'ai demandé.
-Là-bas,fit Lavra,en désignant du doigt une file de wagon couleur soviétique.
Lavra,qui me pilotait,c'est le cas de le dire,ne savait pas beaucoup mieux que moi comment faire pour se déplacer.Je ne sais pas comment la valise a fait pour tenir le coup jusque là,quand je vois l'état de certaines.J'avais vraiment besoin d'une grande bouteille d'eau,et Lavra me fit un sourire moqueur quand je lui fit part de cette envie.
-Mais dépêchez-vous!continuait de crier mon enseigante,tout en présentant notre famille à un guide.
Ma mère regarda une dernière fois au-dessus de son épaule,à la recherche de son mari Ouranis.
La porte coulissante du wagon s'ouvrit aussitôt.
-Maman...fit Gaëll de sa toute petite voix.C'est pas ce que je crois..
-Si,si,mais ça va être l'aventure!
-Oui,si tu veux,fit ma soeur aînée.
Ma soeur monta dans le wagon,suivis par une nuée de petits déportés lettons qui nous passèrent devant.
-Vous allez monter avec nous,non?
-Oui,oui attend,fit ce tout petit bout de femme en lui passant des sacs.
Madame Petys tendit sa main à ma mère,tandis que la marée humaine prisonnière continuait d'amplifier en ondulant.Lavra finit par abdiquer et monter.Mais moi,mes pensées étaient plus compliquées.J'ai pensé à ne pas me laisser faire,à montrer quelle fille courageuse je suis,quelle rebelle j'étais,j'ai pensé à courir,courir autant que l'adrénaline me dopera,courir jusqu'à retrouver mon père,courir jusqu'à la maison,me cacher dans celle qu'on a loué ce week-end.
-Lana!Lana!
-Lana,je sais que c'est pas facile,mais ne te retrouves pas seule...Monte.Restons ensemble.
Je jetai un demi coup d'oeil dehors,puis je pris sa main pour monter,avant de monter dans cette boîte rectangulaire en bois.
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Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]
Science FictionElles sont trois.Trois filles amenées dans une chambre d'hôpital,un lieu un peu hors du temps. Trois filles au passé plus que difficiles... PS:L'Histoire de Lana est essentiellement une fanfiction de Between shades of gray (en français ce qu'ils n'...