Waldek avait pas retiré son étoile mais je ne fis aucune remarque dessus. C'est pas comme si on allait nous agresser sous ce prétexte. Après tout.
-Qu'est-ce qu'il est arrivé à Félix?
Je n'ai rien enrobé du tout, je suis directement allée à l'essentiel.
-Je sais plus. J'ai trop de souvenirs horribles dont je me souviens mais c'était pas ici. Je sais juste que Félix est mort. Je me souviens de Félix je l'ai cherché avant de me rendre compte que je le trouverai pas. Que savons nous. Peut-être l'ont il gazé peu de temps après notre arrivée. Peut-être l'ont ils laissé au bloc d'expérience médicale. Je me souviens de toi je me souviens d'Ania. Raconte-moi Sara, ce qui s'est passé, tu t'en souviens?
-J'ai mal à la tête rien que d'y penser. Elle est morte le 7 janvier je m'en souviens.
-J'ai l'impression que c'est presque 20 ans que je suis en train d'oublier moi.
-T'oublieras rien ça tu peux me croire. La Pologne compte sur nous pour qu'on s'en rappelle.
Y avait beaucoup de polonais autour de toi? Pas des juifs je sous-entends.
-Oh ben oui énormément. Mietek était là. Mietek purée. Il voulait même pas m'aider ça l'a pas empêché de se retrouver ici avec nous. Il voulait que je me débrouille tout seul. Mais il est toujours vivant ce con. Je lui ai dis que je partais il m'a dit de faire attention en passant par le bois, j'ai pas compris.
-Passe par le bois et pas par le village. Conseil d'ami. Apparemment on a de sacrés spécimens là-bas.
-Depuis combien de temps on était ici?
On marche, y a des soldats qui nous croisent, on leur dit bonjour d'un signe de tête. On distingue pas dans le noir à quel camp ils appartiennent.
-Heuh, ça doit faire six mois à peu près. C'est beaucoup six mois je sais.
Je me suis posée devant lui:
-Qu'est-ce qu'on fait, où on va maintenant?
-On retourne à Varsovie. Je ne sais pas, tu as une meilleure idée? On retrouvera peut-être ton père, si on a survécu peut-être que lui aussi ,et Zosia... Par contre, Kinga, il faudra voir. Et crois-moi ça m'a coupée toute envie de faire un effort avec elle. Imagine elle me fait encore des reproches. Qu'elle me reproche de m'être enfuie alors que c'était elle qui m'avait justement poussée à l'eau.
-T'as pas changé Sara toujours aussi rancunière.
-Mais c'est que ça a l'air de t'exciter dis-moi mon salaud. Tais-toi on arrive dans le fameux bois.
Je pensais vraiment que ça me ferait du bien de retrouver la forêt. Je pensais que je pourrais retrouver un semblant de communion avec la nature maintenant que ce pan de notre histoire est terminé. J'allais faire une blague sur le fait qu'on allait être les deux derniers juifs du monde et qu'on allait devoir repeupler la Terre. Mais j'en ai pas eu le temps. J'ai entendu une voix derrière nous.
-Mais c'est que Mietek il avait raison ce con, je te crois Mietek maintenant.
Il avait été un peu approximatif puisqu'on ne passait pas réellement par le bois. Je croise d'abord le regard affolé de Waldek, et là je réalisais qu'en fait l'histoire n'en avait pas fini avec nous. C'est juste n'importe quoi de me faire souffrir comme ça je ne sais pas quoi dire d'autre. Je commençais à avoir du mal à réfléchir. Parce que je voulais pas y croire.
Sur une petite butte de Terre au milieu de la plaine, se trouvait une petite maison en bois sombre, mal entretenue parce que négligée. Il en est sorti deux personnes qu'on croirait venir de nos mauvais rêves, rappelant à Waldek les gens qu'avaient croisé sa mère pendant son enfance. Une femme, je crois que c'est une femme, ses cheveux courts roux et sales enroulés autour de vieux bigoudis , encore en peignoirs malgré la température glaciale, un fusil de chasse à la main. Son mari était trop ivre pour réussir à décoller du banc. On avait eu ce genre de spécimen déjà dans nos baraques respectifs. On les déportait et une fois qu'on remarquait leur vilenie, on leur offrait un rôle de kapo généralement. Un peu avant qu'il crève on leur offrait la possibilité de se défouler. Lequel d'entre vous n'en ferait pas autant on se le demande. Morts, kapo numéro 8 et kapo numéro 12 doivent l'être. Intérêt à ce que les russes leur fasse la même chose que ce qu'ils ont fait à la Pologne. Pour voir.
La journée était déjà bien avancée quand cette rencontre arriva. Ils tiraient vers nous et j'oubliais que mon pouvoir pouvait peut-être me défendre. Alors je l'ai pris par la main et on a couru en zigzagant pour éviter les balles. Je vous épargne tout ce qu'on peut penser à ce moment là. J'ai pas échappé aux nazis pour me faire tuer par mes concitoyens. Ou pire que Waldek meurt par eux. Mais ça n'arriverait pas ce jour là. Leur fusil s'est enrayé ou alors ils n'ont plus de balle, et Waldek courait toujours derrière moi. Je tombe à genoux, les mains sur le sol. Il fait froid. La neige va commencer à tomber, il faut abriter Waldek dans une grotte.
-Sara, je crois que c'est fini...
-Ils t'ont touché?
Si c'était le cas j'aurais fait cramer leur baraque, mais même si ils ne sont probablement pas appréciés dans leur patelin, les voisins pourraient attaquer d'autres déportés.
-Non Sara. Je suis fatigué c'est tout.
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Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]
Bilim KurguElles sont trois.Trois filles amenées dans une chambre d'hôpital,un lieu un peu hors du temps. Trois filles au passé plus que difficiles... PS:L'Histoire de Lana est essentiellement une fanfiction de Between shades of gray (en français ce qu'ils n'...