Je savais très bien que j'allais survivre,je l'avais suffisamment répété.
Le 27 janvier 1945 j'en aurais la confirmation.La confirmation que Waldek avait eu autant de chance que moi.Ce qui tenait au hasard de nos matricules.C'était eux,pas nous qui étions transférés.Il viendrait alors m'expliquer comment Félix n'avait pas survécu et nous échangerions.Comment pourrais-je être autant persuadée de le retrouver?Rien ne me le prouvait en effet.Mes pouvoirs ne me le permettaient pas.
Je sentais que le temps nous était compté.Je ne sais pas ce qui m'avait pris,mais quand j'en discutais avec les autres femmes qui attendaient la libération de l'armée rouge,bien que je ne voyais toujours pas pourquoi elles m'écouteraient,je leur ai expliqué qu'il allait falloir s'enfuir le plus vite possible.
On irait à pied jusqu'à Varsovie.Mais Varsovie a été détruite.Ce n'est même plus que ma maison est occupée et qu'on ne voudrait pas me la rendre.Non,c'est qu'elle a été détruite.
-On connaît des gens là-bas,j'ai fait avec un petit signe de main.On s'est donné rendez-vous quand la guerre sera finie.Statistiquement j'ai déjà perdu toute ma famille et parmi les 13 de la rue Siennia s'il ne reste que moi,il y aura toujours mes amis d'avant guerre.
Ma tête a alors heurtée dans un dernier effort les barreaux de bois,sous une couette grise et râpeuse avec juste ma main qui dépassait,il y avait une tempête de neige dehors.Le spectacle que je donnerais demain allait être horrifique.Avec un peu de chance on ne me verrait plus.Je courais de gros risques en tentant cette méthode.On me découvre et si on m'exécute pas immédiatement c'est vraiment une marque de compassion.Mais bientôt ils n'auraient plus de pouvoir.
Si c'était une couleur,ce serait le gris.Le gris des romans graphiques.La noirceur d'un roman graphique retransmise par des centaines de petits coups de crayons torturés représentant des squelettes dans un océan de formes humaines.Le gris de la peau,des yeux,et je pourrais continuer cette énumération longtemps.Le gris des gens et le gris des endroits.Le gris des cendre et le gris des couverture.Le gris que je voyais moi même quand la porte de ce barraquement parmi tant d'autres.Ces gens n'avaient aucun pouvoir et c'était eux qui avaient fait le travail.C'était les soviétiques,et espérant depuis toujours au fond de moi que ce serait l'oeuvre des polonais,mon soulagement lui même a semblé défaillir tant ma déception était grande.Ils allaient obtenir le statut de héros sauf que c'était clairement pas par un geste humaniste qu'ils avaient offert un moindre mal à Irena et à sa famille.Même ici je me sentais exclue.C'est simplement la lumière qui m'avait éveillée.Ma peau en avait désespérément besoin,comme du froid mordant qui les accompagnait.Une main m'a prise et m'a dit de me dépêcher,mais c'est une bonne nouvelle,une vraie cette fois promis.
-C'est ce que je crois que c'est,ai-je demandé en sentant ma vue diminuer,tout mon corps me piquant de l'intensité de ce que j'étais en train de vivre.C'était peut-être fini mais trop tard,c'était arrivé.J'ai essayé de regarder sous mon foulard,ça n'avait toujours pas repoussé.Il suffisait que j'arrache l'étoile,et si je m'enfuyais habillée comme ça il n'y aurait plus aucun doute sur l'endroit d'où je venais.Et vous savez quoi,je m'en tape.Tout le monde risquait d'être déporté dans ce pays.Au loin c'était la même chez les garçons.Alors je me suis mise à courir maintenant que ce n'était plus signe de fatalité.Sauf que je me heurtais à un autre obstacle.Mes jambes me portaient mais il ne fallait pas trop leur en demander.Et il s'est passé l'une des plus belles choses qui pouvait arriver ici:je tombais et on m'aidait à me relever,sans que personne n'y trouve rien à redire.On a aidé à me relever et je paraissais tellement légère.Je me sentais si inférieure à ces gens qui ne nous devaient rien,on avait surtout la chance d'être victime de ceux là même à qui ils voulaient casser la gueule.Je pourrais sourire comme un enfant démoniaque en les voyant faire mais j'avais d'autres raisons de me réjouir.
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Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]
Science FictionElles sont trois.Trois filles amenées dans une chambre d'hôpital,un lieu un peu hors du temps. Trois filles au passé plus que difficiles... PS:L'Histoire de Lana est essentiellement une fanfiction de Between shades of gray (en français ce qu'ils n'...