Les ennemis de mes ennemis sont mes amis.
Oh,Penne,Sara me tuerai si elle l'apprenait.Pourtant,quand ma mère nous a fait cette annonce,la première réaction des gens fut de s'embrasser comme s'ils étaient déjà libérer.
-Arrêtez de faire tout ce bruit,bougonna Markas Rabys,qui n'est jamais satisfait de rien et ne sert qu'à plomber le peu de joie qui filtrait,je veux dormir.
-Vous n'avez pas entendu?L'Allemagne est arrivée.
C'était tellement de mauvais goût de lui en faire la remarque,han!
Tout le monde s'attendait à ce qu'il sourisse de soulagement et présente ses plus plates excuses à celle qui l'a réveillé.Tout le monde s'attendait à ce qu'ils fassent le même raisonnement que nous:ce qui sont contre les russes ne pouvaient que nous venir en aide.Mais pas du tout.Au contraire.
-Ach,j'ai bien fait de ne pas fuir!J'y ai pensé,plusieurs fois;mais vu l'état dans lequel je suis ils m'auraient tout de suite rattrapé,et assassiné!Ce qui aurait tout compte fait mieux valu...Et puis où aurais-je pu aller?
Je ne le regardais pas.Je n'en pouvais plus de le voir pérorer ainsi.Pour l'instant,on aurait encore pu le croire soulagé.Mais ses yeux s'agrandissaient de plus en plus d'horreur.
-Et est-ce vous,Ilentha,qui vous réjouissez de cette nouvelle?Vous qui avez été la plus indulgente,et la plus naïve,avec moi?Ah là là, bande de sales lettons va.Vous êtes tous les même,vous nous avez jamais accepté.Vous êtes heureux,vous,tant que ces sales youpins crèvent,peu importe que vous creviez aussi.Vous êtes comme les allemands,vous allez bien vous entendre,hein...
Je ne me suis pas laissée faire,c'est moi qui me suis montrée la plus violente avec lui après cette réaction.Moi l'indulgente,moi la gentille,moi la pacifique,je lui ai filé une trempe.Je sais que j'ai eu raison de le calmer,il allait s'étrangler dans sa propre haine sinon.
-Bien,me dit Lasse,espérons qu'ils retiennent la leçon.Mais tu as compris ce qu'il disait?
-Ils nous accusent d'être antisémites.Pourquoi?
-Moi,je sais,répondit Lavra.
-Moi aussi,ajouta Annicka.
-Eh bien,ajouta ma soeur nerveusement...allons-y.Un soir, après le dîner mes 17 ans,le 24 novembre,mon père est allé discuter avec deux de ses amis,dont cette femme médecin,Luba Reyes...Ils étaient invités ce soir là,et je ne devais pas les suivre,mais j'ai eu l'idée d'écouter aux portes,espérant obtenir des informations sur l'occupation dont était victime notre pays.Cette nuit là,c'est exactement ce qu'ils ont fait.
Lavra donna un faible sourire à Markas,avant de l'aider se lever en faisant bien attention à ce qu'il ne soit pas obligé de prendre appui sur sa cuisse blessée.C'était son tour de faire glisser l'assiette,commune à la cinquantaine de personnes peuplant ce wagon.J'avais le sentiment que,comme maman venait de le faire,elle ne voulait pas discuter de sa confession maintenant,et je respecte son choix,attrapant l'assiette pour ne prendre qu'une poignée de pâte,avant de la jeter ailleurs,la faisant rebondir sur le sol de bois sale de notre cercueil roulant.Nous faisions bien attention à pouvoir nourrir tout le monde,car il serait très grave de priver de sa portion une personne innocente arrêtée comme nous.A sa place,je me demande si je ne ferais pas une scène.
Soudain,Laura se couvrit le visage des mains et poursuivit son récit:
-J'ai retrouve le fil de la conversation au moment où parlait la meilleure amie de papa,Luba.Elle était marié à un chrétien,et ce couple prévenait papa des dangers du nazisme,de son but d'extermination.Elle parlait..d'une industrie de ghetto en pologne...ET...
Ce n'est pas lavra qui interrompt le récit.C'est moi.Je venais de faire le lien.Sara.
-Laura,tu écoutes encore au porte.
-Non,mère,ce n'est pas vrai,avait objecté ma soeur avec provocation.
-Tu vois,réagit ma mère à cette imitation,tu n'étais pas encore la Laura qui avait déposé à l'université il y a trois mois.
C'était une diversion pour cacher son malaise.Elle met les mains sur son visage,ce qui produit un effet dramatique.Je me tournai vers Markas.Il se remettait du contrecoup de son éclat de désespoir,en regardant Laura avec un mélange de demande de pardon et de gratitude.
-Tu ne peux pas vivre ici!Tu ne mérites même pas cette place ici!
Lasse ne le croyait pas,visiblement.Cela appuyait ma théorie.Les ankarkéens et les magiciens terriens sont moins habitués au mal que nous,il y a des choses qu'ils nient tout en bloc,quand la vérité devient pour eux insupportables.Le ton calme de la voix d'Annicka quand elle employait ses explications m'envoient encore des frissons dans la colonne vertébrale,cela doit faire la même chose à Rabys.
-Il n'oserait pas...
Lasse était à la fois surinformé et aussi ignorant et naïf que nous l'étions.Ce curieux contraste éveillait encore et toujours ma curiosité à l'égard de ce personnage.
-Je veux vraiment me coucher maintenant.
-Très bien.
Il eut quinze ans le lendemain.Nous continuions d'avancer de plus en plus dans la Russie continentale,quand le train s'est arrêté.Ma mère,qui me tenait fermement contre elle,comme pour me prouver à quel point elle avait peur de me perdre,se réveilla en sursaut pour voir ce qui se passait l'extérieur.L'humidité était en suspension très bas sur la steppe jaune,et derrière les strates de blanc,elle aperçut une petite cloche perdue sur les bords d'un sentier,isolée,comme si les vents sibériens l'y avaient déposée.C'était un kiosque infime où on vendait des bonbons.
-Bien,laissez moi sortir.
-Je croyais qu'on ne pouvait pas acheter des bonbons.
-J'ai promis que je ferais quelque chose de la montre d'Ouranis,alors je le ferais.
Et elle nous décocha,à nous et à tous les enfants,ce sourire si jeune qui nous fait vaciller le coeur.
Quand elle est revenue,les couleurs avaient enflammé son manteau noir.Elle était couverte de sacs de sucrerie.
-Joyeux anniversaire.
Les enfants se ruèrent vers ces couleurs si irréels,comme une meute de pauvres enfants sales déboulant au paradis,retrouvant en un temps leur innocence perdue.Gaëlle en donna un à ses grandes soeurs,et Lasse en donna un à ses deux amies.
Maman devint une figure légendaire à partir de ce moment là.Elle était plus connue sous le nom de dame aux bonbons.Cette mère qui était la mienne était devenue notre mère à tous.
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Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]
Ciencia FicciónElles sont trois.Trois filles amenées dans une chambre d'hôpital,un lieu un peu hors du temps. Trois filles au passé plus que difficiles... PS:L'Histoire de Lana est essentiellement une fanfiction de Between shades of gray (en français ce qu'ils n'...