Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 57B:les evenks.

-Nikolaï!

Ils l'ont appelé,dés qu'ils ont pu le distinguer.L'état des jumelles s'était complètement dégradés depuis quelques temps ce qui pressait l'urgence de notre venue.Pauvres petites.Rien ne leur avait été épargné décidément.

-Vous verrez.Le mode de vie de ce peuple semble compléter la politique soviétique.C'est la première fois que je vois du vrai communisme mis en application.

-Il faudrait que ça se fasse un jour,quand même,a fait Lavra.On vengera Trotsky.

J'ai secoué la tête,ces belles paroles semblant vraiment sorties de nul part.Et nous avons avancé vers ce qui sera notre dernière halte avant de passer derrière la chaîne de montagne,et d'enfin entrer dans les territoires de la Kolyma.

-Que faites-vous ici?

Avec son charisme habituel,Nikolaï lui répondit que la réponse coulait de sources,et il demanda si il y avait une chamane compétente dans ce campement,jetant un oeil vers des lits de fourrures d'une infinie profondeur.Viktor,lui,semblait beaucoup s'amuser de l'exotisme qui se dégageaient de ce campement dont les enfants nous regardaient avec curiosité,et les adultes,avec une empathie mystifiée.La jeune femme prit dans ses bras les jumelles pour les transporter dans une tente attenante,nous laissant plantés au milieu d'un décor chargé d'artefacts d'animaux morts depuis des mois à qui ils redonnèrent une nouvelle vie.Moi,je ne me rendais pas vraiment compte d'où j'étais.C'est Lavra qui nous a rappelé notre situation.

-Donc,c'est eux qui auraient un cerveau inférieur à celui de nous autres européens.

-mais de quoi tu parles à la fin?

-Des mouvements néo nazis d'europe du...

Je suis sortie,elle ne me faisait pas rire du tout cette fois.L'horizon enneigé baignait dans une lumière violette,et cotonneuse.Puis un frottement des fourrures me fit retourner,et alors que je m'attendais à voir apparaître l'évenk aux nattes qui nous avait accueillie,c'est la vieille chamane qui est venue nous voir.Elle avait les cheveux blancs,la voix grave,et ses vêtements n'étaient pas en fourrure,ils étaient d'un bleu non naturel qui indiquait qu'ils étaient fort précieux.J'ai fermé les yeux,prête à entendre ce qu'elle allait nous dire,prête à me réveiller et à me dire que ce n'était qu'un cauchemar.

-Leur état est sérieux...Mais que ces petites du sud aient réussi à survivre est déjà un miracle.Vous voulez les voir?

Je l'ai suivie jusque chez dans la tente où elle avait couché les deux bébés sur des fourrures,où ce qui semblait être son apprentie aux nattes les nourrissaient de plantes médicinales qu'elle avait ramassé près des rochers.Yolanda se tournait,se retournait sur son lit de fourrure,semblant presque trop faible pour pleurer la douleur de cette nuit où l'accablent le traumatisme des premières images de sa vie.Et moi je regarde doucement sa soeur qui semble presque paralysée.L'air froid fit irruption dans la pièce et on nous demanda de partir.On nous proposait de dîner autour du feu,les chasseurs allaient bientôt rentrer au village.Ils eurent le bon goût de ne pas nous demander pourquoi on ne chassait pas,tout bêtement.Une nuée d'oiseau avançait dans le ciel violet,et pour la première fois des années,je pouvais dire que j'étais bien.Une certaine chaleur m'avait presque gagnée,et curieusement c'est le vent qui en était à l'origine.La langueur se poursuivie quand l'eau chaude et parfumée de la soupe s'écoula doucement à travers moi,pendant que les chasseurs nous regardaient et que Viktor semblait rêver de se faire adopter ici.Et puis vint le moment qu'au fond de moi j'attendais.Celui où les femmes,grands sourires et nattes d'amérindiennes au-dessus de leur visage joufflu,commenceraient à chanter en observant les rayons de couleurs qui s'évadaient du feu de camp.Bientôt rejointes par les hommes toujours en tenue de chasseurs.Ne connaissant pas les paroles,j'ai laissé la musique envahir la steppe,et je n'ai pas demandé à apprendre par respect pour eux,leurs chants résonnant comme les nôtres au bord de l'abîme.

Je ne sais pas si ce peuple si sensible à la magie s'était douté que j'avais des pouvoirs,très honnêtement.Les soviétiques l'ont su pour mon père,en voyant comment son corps réagissait à la mort.Quant aux autres,si je les avais menacé de m'en prendre à eux,vous croyez qu'ils m'auraient cru?Finalement,je suis bien contente que cela ne se sache pas.Car cela n'aurait servi à rien.Je n'aurais pas pu espérer grand-chose.Et l'espoir,à 15 ans  à peine,sait-on vraiment de quoi il s'agit?

J'ai espéré que mes proches survivants continueraient de l'être cette nuit.Et ce voeu semblait être en bonne voie pour se réaliser quand je me suis enfoncée sous les fourrures pour passer la nuit.Je ne trouvais pas le sommeil,et j'observais,alors que le soleil ne se couchait toujours pas,nos sauveurs endormis. Petits anges venus arracher la pauvre fille à son chagrin.Mais j'étais si fatiguée que quand j'ai posé ma tête dans l'oreiller en position dodo,tout a viré au noir.

C'est Lavra qui m'a secouée le lendemain matin,m'annonçant que  nous aurions du lait fermenté au petit déjeuner.Je lui ai dit que j'aurais du mal à me lever,et j'ai presque supplié qu'on m'apporte mon bol à même le lit.

-Comment vont les jumelles?

-Elles vont mieux,a fait nikolaï.Lana,on s'en va demain.Viktor va rester ici.

-Combien de temps?

-Il passera sans doute sa vie ici.Adulte,peut-être,trouvera-t-il les moyens de rentrer en Lettonie.Et les jumelles aussi resteront là.On continuera tous les trois désormais.

-Attends,tu vas pas te barrer seul avec ta chérie?

-Sauf si tu veux rester ici bien sûr.Lana,écoute,tu as envie de venir avec nous,Lavra est ta soeur,viens.On reste encore un jour ici le temps de nous reposer.

Je sentais au ton de sa voix que Lavra avait lourdement insisté pour pouvoir se reposer un peu avant de partir à la recherche de sa belle-famille.Nikolaï serait bien parti seul à pied avec son sac à dos et son arme.

-Tu viendrais chasser avec nous cet après-midi?Lavra m'accompagne.

-Non merci,je voudrais rester ici avec les enfants.Je m'occuperais de ce que vous avez ramené promis...