Chapitre 15: Le vrai visage de l'AVO

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Le professeur Turing lisait tranquillement son roman favori, « le cycle des robots », assis sur un fauteuil près d'une large baie vitrée. Il se remettait peu à peu de l'incendie de l'ESA. Même s'il ne gardait a priori aucune séquelle, les médecins avaient préféré prolonger les observations quelques jours de plus. Après tout, il avait été exposé pendant de longues minutes aux fumées toxiques. À son âge, c'était un miracle qu'il s'en soit tiré ainsi.

Bertrand n'était de toute façon pas pressé de sortir. Sa chambre d'hôpital était confortable et spacieuse. Il s'y sentait bien. Il possédait un bureau, la télévision et n'avait plus aucune contrainte. L'atmosphère du lieu n'était pas non plus oppressante. La lumière du soleil passait sans difficulté à travers les immenses fenêtres. Le parquet flottant et les murs décorés de quelques tableaux lui donnaient presque l'impression d'être à l'hôtel, à condition de faire abstraction du lit qui ressemblait à une véritable table d'opération. Et, plus important, tant qu'il était hospitalisé, il n'avait pas besoin de s'occuper des problèmes de l'extérieur. Il redoutait plus que tout le moment où il aurait à contacter les assurances, ses partenaires financiers et répondre aux médias après la destruction du siège de l'agence spatiale. Même s'il n'y était pour rien, la masse de travail que cela représentait le décourageait d'avance.

Quelqu'un toqua à sa porte, ce qui le sortit de sa lecture. Il invita la personne à entrer. Lorsqu'il découvrit le visage d'Airi, un large sourire éclaira sa figure. Il n'avait pas vu sa sauveuse depuis le drame, et n'avait donc jamais pas encore eu l'occasion de la remercier pour son acte héroïque.

L'androïde lui avait apporté un bouquet de fleurs qu'elle déposa sur sa table. Cependant, Bertrand sentit immédiatement que quelque chose avait changé chez sa protégée. Sa voix trahissait un étrange mélange d'émotions contradictoires, entre la joie de parler à nouveau avec lui, et une certaine gêne. Alors qu'à l'ESA elle n'hésitait pas à reprendre le directeur sur ses approximations, elle ne prenait même plus la peine de les relever. Elle était comme une adolescente, tentant de s'éloigner de sa famille sans pouvoir s'en détacher totalement. De plus, elle semblait tendue, et préoccupée par quelque chose.

Au bout de plusieurs minutes de conversation banale, l'homme décida de mettre les pieds dans le plat.

— Est-ce qu'il y a quelque chose qui t'inquiète ? demanda-t-il d'une voix douce au détour d'une phrase. Tu as l'air... étrange, depuis ton arrivée. Tu as quelque chose à me dire ?

Airi hésita un instant. Elle regarda furtivement de tous les côtés, puis reprit la parole dans un murmure.

— L'AVO en a après vous, chuchota-t-elle à l'oreille de son supérieur. J'ai appris qu'ils ont besoin de vous pour créer un AIntelect de guerre.

— Pardon ? Mais c'est ridicule ! Je ne travaillerais jamais avec eux après ce qu'ils ont fait à l'ESA !

L'androïde intima Turing à baisser d'un ton.

— Désolé, s'excusa-t-il après s'être calmé. Comment sais-tu ça ?

— Cela serait trop long à expliquer. Je suis venue pour avertir. Si quelqu'un d'étrange débarque dans votre chambre ce soir, en dehors des médecins, surtout, n'acceptez pas de les suivre. Avec Astro, nous avons décidé de mettre un terme aux agissements de l'AVO.

— C'est de la folie, grimaça Bertrand. Tu ferais mieux d'alerter l'hôpital et la police. Tu ne peux pas les combattre seule.

— C'est inutile. Nous n'avons aucune preuve tangible qu'ils prévoient de vous enlever, et l'AVO n'est pas considérée comme une organisation terroriste, mais comme un simple mouvement politique. Nous devons les forcer à dévoiler leurs plans au grand jour.

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