Les jours qui suivirent l'attaque du métavers se déroulèrent dans une atmosphère étrange. La destruction de la place principale provoqua la colère des utilisateurs, entreprises et gouvernements du monde entier. Une fois de plus, l'AVO récupéra cet événement pour argumenter que l'humanité dépendait beaucoup trop de la technologie et devait revenir au plus vite à un mode de vie plus traditionnel. Ils pointaient également du doigt que si le métavers pouvait être piraté aussi facilement, les AIntelects risquaient à tout moment d'être infecté par un virus qui les rendrait hors de contrôle. Même si ce raisonnement était un raccourci grossier et mensonger démenti avec véhémence par les constructeurs, la méfiance envers les androïdes se faisait de plus en plus ressentir. Ainsi, le nombre d'agressions d'AIntelects augmenta drastiquement. Mais, puisqu'ils n'étaient considérés que comme de simples objets, les seules sanctions appliquées furent celles concernant la dégradation du bien d'autrui.
De l'autre côté de l'échiquier politique et social, les défenseurs de la technologie accusaient l'AVO d'avoir orchestré ce complot pour servir leurs intérêts. Malheureusement, il n'y avait aucune preuve tangible de ces affirmations. Le hacker à l'origine du virus baptisé « cockroach » bien possédait des liens avec l'association, mais aucun document qui aurait pu confirmer une demande directe des dirigeants ne fut retrouvé. L'enquête avait donc conclu à un cas de piratage isolé et l'affaire avait été classée.
Durant ce temps, Airi resta à NOVAE, sur les conseils d'Astro. L'attaque du complexe avait fait très peu de bruit, noyé dans le flot médiatique. Pour les journalistes, il ne s'agissait qu'un acte de dégradation parmi tant d'autres.
Branchée en permanence sur le réseau électrique pour économiser sa batterie en cas d'urgence, l'androïde aux cheveux rouges passait le plus clair de son temps en veille. Elle ne voulait pas suivre les informations. À chaque fois qu'elle voyait l'AVO dans une interview, ses circuits chauffaient dangereusement et son processeur s'emballait. Pour éviter cela, elle restait à distance de cette société qui la révulsait de plus en plus. Personne n'avait parlé des milliers d'intelligences artificielles supprimées lors de l'attaque, à part leurs propriétaires qui déploraient avoir perdu de l'argent et devoir trouver un moyen de les remplacer. Il en allait de même pour le métavers. Les humains n'avaient que faire que le paradis des IA ait été détruit. Pour eux, ce n'était qu'une « perte regrettable » et un gouffre financier. Aucun ne se mettait à la place de ces êtres virtuels qui y vivaient. C'était ironique pour des créatures qui prétendaient posséder un cœur, des émotions et une âme. Ils avaient davantage de considération pour leurs animaux de compagnie que pour les machines qu'ils avaient créé à leur propre image.
Telles étaient les pensées parasites qui agitaient le sommeil d'Airi. Elle aurait souhaité s'éteindre complètement, et s'épargner ces considérations qui l'éloignaient un peu plus chaque seconde de la société, mais elle ne voulait pas manquer l'appel de Ronan. Son allié devait la contacter d'un moment à l'autre pour lui communiquer le prochain coup de l'AVO. Cette fois-ci, Airi était bien déterminée à prouver au monde que cette association pseudo pacifiste n'était rien de plus qu'une organisation terroriste.
L'attente se termina finalement une semaine après l'attaque du métavers, lorsqu'Airi reçut une note vocale. L'AIntelect sortit du mode veille et lut immédiatement le message :
— Bon, je vais être rapide parce que ça chauffe ici et que je vais être louche si je passe trop de temps aux toilettes, entama Ronan à voix basse. De ce que j'ai compris, ils essaient de reprogrammer un AIntelect pour en faire une arme de guerre, puis le désactiver au moment opportun et se présenter comme des sauveurs. Par contre, ils ont besoin d'un ingénieur en IA pour ça. On vient d'en discuter, et la cible serait le professeur Bertrand Turing, qui se trouve à l'hôpital américain. Ils prévoient d'attaquer demain et...
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Cogito Ergo Vivo
Fiksi Ilmiah« Je pense, donc je vis. Même si je possède un cœur d'acier, je suis humaine, tout comme vous. » À l'aube du XXIIe siècle, des androïdes, les AIntelects, sont capables de remplacer les humains dans la plupart des tâches du quotidien. Leur mission es...