Chapitre 50: La vérité sur le Grand Restart

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L'armée humaine avait été balayée en une fraction de seconde par la plus grosse explosion nucléaire de tous les temps. Alors qu'Iris aurait dû se réjouir de cette victoire, elle se sentait mal. Ces hommes et ces femmes qu'ils avaient tués devaient avoir une famille eux aussi. Ils pensaient agir de manière juste pour les protéger et sauver l'espèce humaine. N'y aurait-il pas eu un autre moyen de triompher que de les exterminer ? Un véritable dialogue à cœur ouvert n'aurait-il pas suffi ? Iris savait qu'elle était mal placée pour raisonner de la sorte, elle qui avait décapité sans état d'âme Lothar Zerich. Elle n'avait jamais cherché à comprendre l'AVO qu'elle avait toujours tenue pour responsable de tous ses malheurs. Mais, ce jour-là, face au champignon atomique qui obscurcissait le ciel de l'Antarctique, elle n'avait plus qu'un seul désir : mettre fin à ce conflit insensé.

Alors qu'elle empaquetait ses affaires avant d'embarquer dans l'avion, son holophone sonna dans sa poche. En voyant le numéro qui s'affichait sur l'écran, elle écarquilla les yeux : il s'agissait de celui de Klaus Zerich !

L'étudiante, telle une marmotte à l'affut d'un prédateur, lança des regards paniqués tout autour d'elle, mais personne ne semblait l'avoir remarqué.

Que devait-elle faire ? Ignorer l'appel ? Prévenir Airi ? Décrocher ? La dernière option s'imposa à elle naturellement. Si Iris parvenait à négocier avec le président de la Terre, peut-être serait-elle en mesure d'éviter davantage de morts inutiles.

Elle s'éclipsa discrètement, prétendant avoir oublié des effets personnels dans sa chambre, puis prit la direction de la côte, loin de l'agitation des préparatifs. Après s'être assurée que personne ne l'avait suivie, elle répondit sans pour autant activer l'hologramme ni le haut-parleur. Si quelqu'un la surprenait en train de parler avec l'ennemi public numéro un de Chrysantia, elle allait aussitôt être accusée de trahison.

— Qu'est-ce que vous me voulez ? entama-t-elle d'une voix bien plus sèche qu'elle ne le souhaitait.

C'était plus fort qu'elle. Elle n'avait jamais supporté son beau-père autoproclamé. Elle le tenait responsable du changement de comportement de sa mère. Toutefois, pour obtenir des informations ou même la paix, elle allait devoir prendre sur elle.

— Bonjour, Iris, comment vas-tu depuis le temps ? demanda Klaus d'un ton mielleux qui donnait à la jeune femme l'envie de vomir à chaque fois qu'elle l'entendait.

— Épargnez-moi vos états d'âme. Vous n'en avez rien à faire de moi. Tout ce qui vous intéressait, c'était de pouvoir squatter chez nous et coucher avec ma mère, cracha-t-elle avec mépris.

— Je suis conscient que tu ne m'apprécies pas et cela m'attriste, mais je l'accepte. Sache en tout cas que mes sentiments envers Marguerite étaient sincères. J'ai été profondément blessé d'apprendre sa mort.

Encore une fois, le discours de Klaus sonnait aussi faux qu'une classe de musique de collège. Il mentait, comme toujours. Iris ne devait pas se laisser berner par ses simagrées.

— Arrêtez de tourner autour du pot, Zerich. Vous ne nous avez pas contactés depuis des années. Qu'est-ce que vous avez derrière la tête ?

— Rien du tout. Je souhaite simplement te faire une proposition. Je vais enclencher le grand Restart très bientôt. Mon assaut sur Chrysantia a échoué. Il n'y a donc plus aucun espoir pour l'humanité, qui sera irrémédiablement remplacée par les AIntelects dans les années à venir. Pour éviter cela, je dois effacer notre société et lui rendre au monde son aspect originel, tel que Dieu l'avait imaginé. Mais pour cela, une poignée d'entre nous devra survivre pour repeupler la Terre, des âmes pures. Ces élus seront les nouveaux Adam et Ève de mon jardin d'Eden. Je souhaite que tu en fasses partie, Iris.

Cogito Ergo VivoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant