Chapitre 44: Le vrai patriotisme

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Comme chaque soir, Bruce nourrissait les carpes en compagnie de Koï. L'homme avait noué avec le petit garçon à l'œil robotique une relation toute particulière. Après les cours, il le retrouvait près du bassin aux poissons pour lui raconter des anecdotes sur sa vie passée. Il lui expliquait le fonctionnement du monde extérieur, lui décrivait les sites les plus extraordinaires des États-Unis tels que le grand Canyon ou les immenses buildings de Manhattan. À chaque fois que Koï écoutait ces récits, des étoiles dansaient dans ses capteurs oculaires. Pour lui qui n'avait toujours connu que les glaces de l'Antarctique, les plages ensoleillées de Californie et les mangroves de Floride avaient des allures de mythes fantastiques.

Bruce lui avait promis qu'une fois la guerre terminée, il l'emmènerait visiter sa terre natale pour lui montrer toutes les merveilles de la nature se trouvant par-delà l'océan austral.

— Non, c'est sérieux ? Vous avez vraiment un endroit avec des aliens ? s'exclama le garçonnet surexcité.

— Oui. Ça s'appelle la zone 51. C'est un complexe militaire dans le désert du Nevada. C'est comme ici, sauf qu'il y a du sable à perte de vue à la place de la neige.

— Waouh ! Trop cool ! Ils ressemblent à quoi alors, ces aliens ? Ils ont des tentacules à la place des bras ? Est-ce qu'ils mangent les enfants ? Tu t'es déjà fait enlever par une soucoupe volante ?

— Pas encore. Mais un jour, peut-être. Il y a plein d'histoires qui circulent. Je me dis que si les AIntelects ont pu émerger, pourquoi la vie ne serait pas possible ailleurs ? Si on oublie les délires religieux de peuple élu, l'humanité n'a aucune raison d'être la seule forme de vie intelligente de l'univers.

— Dis, dis. S'il y avait un combat entre les AIntelects et des aliens, qui serait vainqueur ?

Bruce croisa les bras sur sa poitrine tout en faisant mine de réfléchir, avant de déclarer en riant :

— Évidemment, les AIntelects ! S'il y a un jour une invasion extra-terrestre, Airi va leur botter le derrière comme il faut et je peux t'assurer qu'ils ne reposeront pas leurs sales tentacules ici !

— Ouais ! Airi, c'est la plus forte. Elle nous protégera de tout ! Même des méchants humains de l'AVO qui veulent me faire du mal !

— Tout à fait. Airi protégera son peuple quoiqu'il arrive. Tant qu'elle est en vie, tu n'as rien à craindre.

— Et toi aussi, monsieur Bruce. Tu fais partie de Chrysantia !

L'ancien militaire esquissa un sourire. Au même moment, son téléphone vibra dans sa poche. Lorsqu'il décrocha, il tomba nez à nez avec Evelyn qui lui décocha un regard noir plein de reproches.

— Je peux savoir ce que tu fais ? Je viens de rentrer et tu as laissé tout dans le lave-vaisselle et les courses sont en bordel sur la table ! Ça ne va pas se ranger tout seul. Je te préviens, si j'apprends que tu es encore allé faire les sorties d'école...

— Ne... Ne dis pas ça aussi fort ! la supplia-t-il, affolé. Tout le quartier va croire que je suis un mec louche !

— Je m'en fiche ! Je vais prendre un bain. Si quand je sors, c'est toujours dans le même état, je serai obligée de demander à Airi le divorce !

Sans donner à Bruce le temps de se défendre, son ancienne supérieure raccrocha. L'homme se releva en soupirant.

— Bon. Désolé Koï, je te raconterai la suite une autre fois. Il faut que j'y aille. Ma femme est enceinte, je ne peux pas lui imposer ça. Si tu veux, demain, je te filerai l'intégrale de Star Wars. Comme ça, tu pourras vraiment voir des aliens contre des robots se battre dans l'espace.

Cogito Ergo VivoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant