Chapitre 29: Adieux

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Lorsqu'Iris ressortit dans la rue, elle aperçut les lumières bleues des gyrophares se refléter sur les murs de son université. Quelqu'un avait dû voir le militaire traverser la baie vitrée depuis un autre bâtiment et prévenu la police. La jeune femme décida de ne pas traîner davantage sur place et s'éclipsa discrètement avant d'être repérée.

Les corps d'Osborne et de ceux des soldats n'allaient pas tarder à être découverts. Iris n'avait que peu de temps avant que l'AVO retrouve sa trace. Puisqu'elle avait eu l'intelligence de crier son nom dans le micro, il était même certain qu'ils l'attendaient chez elle pour l'arrêter. Il était donc hors de question qu'elle rentre pour rassembler ses affaires. De toute façon, elle n'avait besoin de rien en particulier. Elle ne possédait aucun objet associé à un souvenir particulier. Même si elle rechignait à abandonner son ordinateur personnel rempli de toutes les chansons, vidéos et images qu'elle avait accumulées au cours des années, le risque n'en valait pas la chandelle. Elle pouvait facilement reconstituer tous ses dossiers.

Alors que l'étudiante déambulait dans les rues sans but dans l'attente d'être contactée par Chryno, elle repensa soudainement à Chloé. Sa meilleure amie devait se faire un sang d'encre. Peut-être était-ce même elle qui avait naïvement prévenu les forces de l'ordre en pensant qu'Iris était en danger. Qui aurait pu lui en vouloir ? Dans tous les cas, la jeune révolutionnaire ne pouvait pas se permettre de l'appeler pour la rassurer. Sa position serait immédiatement repérée. Iris devait disparaître sans laisser de trace pour sa propre sécurité, mais surtout celle de CC. Moins la blonde en savait sur elle et moins elle avait de chance d'être inquiétée.

Après une bonne heure de marche, Iris parvint finalement à l'endroit où la résistance l'avait lâchée la dernière fois. Ce vieux chemin de fer abandonné rongé par la végétation dense la dissimulait parfaitement des caméras de surveillance et des images satellites. Elle s'assit donc sous un grand chêne et attendit qu'on vienne la chercher.

Les minutes passèrent, puis les heures. Le Soleil déclina derrière l'horizon, projetant ses rayons cramoisis sur la pierre et le métal rouillé, leur donnant un aspect flamboyant. Tout était calme. Le chant des oiseaux couvrait le vrombissement lointain des moteurs. Les premiers bourgeons commençaient déjà à fleurir timidement. Sur le sol meuble, une petite colonie de fourmis s'était agglutinée autour des miettes de gâteaux fourrés au chocolat qu'Iris avait toujours sur elle. La nature était insensible aux conflits humains. Le cycle se poursuivait, imperturbablement. Qui se serait douté que la jeune femme qui se trouvait là, allongée paisiblement contre le tronc d'un arbre sur une voie ferrée était une criminelle désormais recherchée dans tout le pays, et bientôt le monde entier ?

Finalement, alors que la Lune montait dans le ciel et que les paupières d'Iris se faisaient lourdes, des bruits de pas sur la ferraille la tirèrent de ses songes. Elle releva la tête en sursaut, puis se détendit en reconnaissant dans la pénombre le visage de Simon Weiler. L'étudiante s'étira longuement avant d'aller à la rencontre de ses nouveaux compagnons. Néanmoins, elle n'osa pas croiser leurs regards. Elle était encore trop honteuse d'avoir failli à sa mission et d'avoir laissé Osborne se sacrifier pour elle.

— Je..., commença-t-elle avant d'être aussitôt interrompue.

— Ce qui est fait est fait, déclara l'avocat d'une voix dans laquelle transparaissait sa tristesse. Nous ne pouvons qu'honorer la mémoire des disparus et nous assurer qu'ils ne soient pas morts en vain.

Iris serra les dents pour se retenir de pleurer à nouveau en repensant aux derniers mots de son enseignant. Weiler posa sa main sur son épaule de manière paternelle et retira le mouchard collé sur le bras mécanique.

— Tu n'as pas à t'en vouloir. Ce vieux ronchon savait ce qu'il faisait. S'il a jugé que tu étais digne d'être sauvée, alors nous n'avons pas à le contredire. Tu as fait du bon travail et tu nous as prouvé ta loyauté. Airi sera fière de toi. Comme promis, nous t'emmènerons avec nous pour que tu puisses la rencontrer.

Cogito Ergo VivoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant