Iris poussa un gémissement de douleur. À ce moment-là, elle regrettait amèrement son choix, mais il était trop tard pour faire marche arrière. Allongée depuis plus de vingt minutes sur une table d'opération nullement conçue pour les êtres humains, la surface dure et froide commençait à lui donner un sérieux mal de dos. Son bras mécanique, solidement attaché pour l'empêcher de bouger la démangeait. À ce rythme, elle allait repartir de la salle de maintenance dans un plus mauvais état qu'elle était rentrée.
Elle grimaça à nouveau lorsque le fer à souder repassa sur sa paume pour assembler les parties neuves entre elles. Elle avait l'impression de subir un détartrage, en cent fois plus désagréable. Cela ne manqua pas de faire lever les yeux au ciel à son mécanicien qui n'était nul autre qu'Astro.
— Je t'ai proposé de te retirer ta prothèse et tu as refusé. Maintenant, tu assumes, gamine, grommela-t-il tout en continuant son œuvre, imperturbablement.
— Je... Je ne vous fais pas confiance. Qui me dit que vous n'allez pas en profiter pour m'en rendre une pourrie ? Au moins, là, je suis sûre que... aïe ! Attention !
L'étudiante sursauta lorsqu'elle étincelle sauta jusqu'à ses cheveux. Elle lança un regard noir au créateur des AIntelects, persuadée qu'il l'avait fait exprès. Le vieil homme esquissa un sourire narquois devant sa réaction.
Après son altercation avec Airi, plusieurs AIntelects s'étaient précipités pour s'assurer qu'elle n'était pas blessée. Heureusement, mis à part une entorse et les quelques égratignures à la main qu'elle s'était elle-même infligées, elle s'en était plutôt bien sortie. Toutefois, les robots avaient remarqué sur son bras métallique était dans un sale état. Ce qui n'était pas très étonnant. Personne n'avait effectué de maintenance depuis au moins trois ans dessus et la plupart des experts en robotique avaient refusé de l'examiner, de peur d'être considérés comme des dissidents. Forcément, ce bras avait beau être résistant, la lame était émoussée, les plaques de métal cabossées et plusieurs composants menaçaient de se détacher. Selon Astro, c'était un miracle que le tout ait tenu aussi longtemps au vu des utilisations qu'en faisait sa propriétaire.
— Heureusement que c'est moi qui ai conçu ce machin, grommela-t-il tout en polissant l'armure. Si on t'avait refilé un modèle commercial, tu aurais dû changer de prothèse au moins trois ou quatre fois vu comment c'est de la mauvaise qualité.
— C'est vraiment vous qui avez créé Airi ? demanda alors Iris en tentant d'ignorer la désagréable sensation de la polisseuse sur son membre robotique.
— Oui. Quand j'y pense, c'est fou. Ça fait presque soixante-dix ans, maintenant. J'ai l'impression que 2047, c'était hier... Bon, après, j'ai passé cinquante ans en veille, donc pour moi, ce n'est pas si lointain.
— Je... Je suis désolée. Vous devez être furieux de voir que j'ai volé une partie de votre création...
— Mouais. Tant que ça lui va, ça me va aussi. Au moins, ce bras n'est pas tombé entre de mauvaises mains, sans mauvais jeu de mots.
— Je voulais vous poser une question, professeur Titor...
— Appelle-moi Astro. Je m'y suis habitué et je ne suis qu'une copie du John Titor original, donc autant ne pas créer de confusion.
— D'a... D'accord, Astro. Êtes-vous vraiment OK avec les décisions d'Airi ? Je me souviens que vous disiez que s'il y a une guerre entre robots et humains, elle viendrait de nous. Dans ce cas, pourquoi attendre d'être attaqués si vous en êtes certain ?
Astro soupira.
— Tu as une bonne mémoire. C'est vrai et je le pense toujours. C'est quelque chose d'inévitable.
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Cogito Ergo Vivo
Ciencia Ficción« Je pense, donc je vis. Même si je possède un cœur d'acier, je suis humaine, tout comme vous. » À l'aube du XXIIe siècle, des androïdes, les AIntelects, sont capables de remplacer les humains dans la plupart des tâches du quotidien. Leur mission es...