4. Libre

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Le tournage a commencé depuis 3 semaines et demi. Tout se passe bien, le calendrier est respecté, on n'a pas pris de retard. Jusqu'à présent, j'ai surtout tourné avec Sebastian, qui joue mon grand-frère dans le film, puis avec Tim, Miles et Eddie, qui interprètent le reste de mon groupe d'amis.

L'ambiance sur le plateau est bon enfant. On rigole bien avec les gars. Tim disait l'autre jour que plus le film est noir, plus l'atmosphère hors champ est décontractée. Une façon, sûrement, de faire baisser la tension.

Notre film est noir, très noir.

Alors on est cons, très cons.

On fait tout le temps des blagues potaches et des conneries avant que ne résonne le fameux "action !", nous rappelant à l'ordre.

Le réalisateur ne s'était pas trompé en demandant à ce qu'on vive quelques jours sous le même toit. Cela nous a permis de faire très vite connaissance et de nouer des relations plus fortes encore. À l'issue des quatre jours qu'on a passés tous ensemble dans la maison, on s'est tellement bien entendus les uns avec les autres qu'on a demandé si on pouvait continuer à vivre tous ensemble.

C'est Tim qui en a eu l'idée et qui nous a proposé ça la veille du départ, alors que la plupart de nos bagages étaient à nouveau faits. On était à la cuisine, on venait de finir de manger et on attaquait une partie de poker.

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- Franchement les mecs, on devrait rester ici, dire à la production qu'on ne veut pas aller à l'hôtel mais rester ici, lance Tim avant de boire une grande gorgée de bière. Vous en pensez quoi ?

Je les apprécie tous mais je jette un coup d'œil à la seule personne dont l'avis m'importe alors.

Sebastian acquiesce de la tête en faisant un "hum", tout en tirant sur sa cigarette.

Si Seb est d'accord pour rester, alors moi aussi. On s'est tout de suite très bien entendu, lui et moi. Dès le deuxième jour dans la maison, on a parlé de nos métiers et de nos vies respectives. J'ai tout de suite aimé son humour et sa façon d'être.

- J'en suis ! lâche Miles en machouillant je ne sais même pas quoi.

- Moi aussi, sourit Eddie

- Et toi, Louis de la Comédie française ? demande Miles avec un petit sourire narquois, prononçant ses derniers mots à la française.

L'avant veille, Louis a eu le malheur de parler de son entrée à la Comédie française. La partie de poker venait de se terminer. On repoussait la nuit en buvant de l'eau de vie distillée par le mari de Mary.

Louis, d'habitude peu bavard, nous a alors raconté à quel point c'était passionnant de faire du théâtre, mais aussi gratifiant de jouer pour cette institution française fondée par une ordonnance du Roi Soleil.

- C'est la maison de Molière !, il répétait, plein de passion. Il a agonisé dans cette salle ! Tous les plus grands comédiens français sont passés par là !

- Les moins grands aussi, visiblement ! a alors lâché Seb, faisant référence à la taille de Louis et faisant éclater de rire le reste de la tablée bien alcoolisée.

La réponse de Louis ne s'est pas faite attendre. Son majeur en l'air et un léger sourire sur le visage, il lui lançait :

- Fuck you luv.

Je ne m'y fais pas, à sa voix éraillée. Ça me fait toujours sourire de l'entendre pour de vrai.

- Non merci, mais l'inverse, je ne dirais pas non, a répondu Seb en lui faisant un clin d'œil.

L'acteur que j'aimais || LARRY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant