14. Comme un pansement qu'on enlève

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En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve derrière la porte de sa chambre et je tape deux coups secs. 

Les respirations haletantes que je perçois de l'autre côté de la paroi stoppent. J'entends le lit bouger, puis quelques secondes s'écoulent et Louis ouvre brusquement la porte pendant qu'il gueule :

- Quoi ?

Il est juste habillé d'un boxer qu'il a dû enfiler à la va vite quand j'ai toqué à la porte comme un con. Ses cheveux sont déjà en bataille et ses joues rosies par le désir. Ses lèvres sont gorgées de sang, preuve qu'il était en train d'embrasser et de se faire embrasser.

Ses yeux s'écarquillent quand il me voit. Je crois qu'il est surpris. Il devait croire que c'était Miles ou Seb qui leur faisaient une blague. Il sait que si, moi, je suis là, ce n'est pas pour rire. Sa colère semble retomber aussi sec, pour laisser place à de l'incompréhension pure.

- Qu'est-ce qu'il y a Harry ? me demande-t-il, concerné.

A présent gêné, je triture ma lèvre avec mes doigts.

- Je-Je-Il faudrait refaire ton pansement. Tu ne peux pas garder le même cette nuit et si on le refait pas maintenant, tu vas t'endormir et alors on l'aura pas refait, je lui dis en évitant son regard.

Oui c'est tout ce que j'ai trouvé. Mon être entier aurait aimé tambouriner des deux poings sur la porte et lui crier de sortir de là, parce qu'il était à moi et qu'il ne pouvait pas faire ça. J'aurais aimé pouvoir même entrer sans frapper, attraper Louis par le bras et le sortir manu militari de cette pièce. 

Mais je n'ai aucun droit de faire ça, aucun droit de lui demander d'arrêter, aucun droit de lui dire que ça me dérange alors que le mec en couple ici, c'est moi. Je n'ai aucun droit de me tenir là, en face de lui. Je ne peux rien dire, rien à part cette histoire débile de pansement. Il va m'envoyer me faire foutre et me claquer la porte au nez. C'est tout ce que je mérite.

Mais Louis ne fait pas ça. Au lieu de ça, il ferme les yeux quelques secondes, prend une inspiration et me dit :

- Va dans la salle de bain, j'arrive.

Il rabat un peu la porte. Je l'entends parler à Johnny et lui dire qu'il revient, qu'il n'en a pas pour longtemps. Je me dirige vers la salle de bain, allume la lumière blafarde et je baisse les yeux pour ne pas croiser mon reflet dans le miroir. J'ouvre le meuble à pharmacie et je sors tout ce dont j'ai besoin.

Louis entre et referme la porte derrière lui. Il prend place, comme un peu plus tôt cet après-midi, sur le rebord de la baignoire. Et comme cet après-midi, je m'agenouille auprès de lui. Contrairement à tout à l'heure, il se trouve presque nu devant moi. Mais je suis concentré comme jamais sur le pansement que j'ôte, évitant de le regarder lui.

- C'était quoi ça Harry ? il vient brusquement de rompre le silence. Sa phrase est froide.

Il ne m'a jamais parlé comme ça, à part la fois où il voulait m'énerver. Il m'avait parlé de cette façon si sèche pour me faire réagir et ce n'était que du cinéma. Cette fois, il est vraiment tendu. Il amène son autre main à sa bouche et se ronge nerveusement la peau autour de son pouce.

- Désolé, je n'y ai pas pensé plus tôt qu'il fallait refaire ton bandage et si j'avais su que Jo venait, je l'aurais refait plus tôt, je tente d'expliquer, les yeux toujours rivés sur sa plaie que je désinfecte.

- Harry, c'était quoi ça ? redemande-t-il en enlevant sa main de la mienne, me forçant à le regarder.

Cette fois, sa voix est plus douce. Bien sûr qu'il ne croit pas à mon ramassis de conneries. Devant mon silence, il s'énerve mais en parlant tout bas.

L'acteur que j'aimais || LARRY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant