37. La pièce manquante du puzzle

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Tout le monde est parti et je suis maintenant dans mon lit en train de fixer la photo de Louis.

Où est-ce que tu peux bien être ? Et qu'est-ce qui a bien pu se passer hier pour que tu te comportes comme ça ?

J'ai commencé à boire tôt dans l'après-midi et j'ai été déchiré très tôt. Maintenant, mon alcoolémie est redescendue et je me rends alors compte que j'ai perdu mon téléphone un peu plus tôt dans la soirée.

Je me relève et le cherche pendant quelques minutes avant d'enfin le trouver posé sur un meuble. Je retourne dans mon lit, le déverrouille et me rends compte que j'ai 13 appels en absence de Louis entre 21 h 10 et 21 h 40 ainsi que quatre messages vocaux. Je m'assieds dans mon lit pour les écouter.

Numéro 1 : "T'es qu'un gamin, Harry."

Louis a l'air en colère. Pourquoi il dit ça ?

Numéro 2 : "Bon, c'est qui ce mec ? Je pensais que tu couchais qu'avec des filles en dehors de moi. Tu l'as rencontré où ? T'sais quoi ? Fais ce que tu veux, j'ai d'autres soucis plus graves en ce moment."

Je me souviens alors du selfie avec le gars que je lui ai envoyé. Visiblement, ça l'a énervé.

Numéro 3 : "Putain tu vas me répondre ? C'est qui bordel ? T'es vraiment qu'un putain de gamin". Puis on l'entend respirer quelques secondes et il ajoute : "J'arrive et je veux te baiser Harry. T'as pas intérêt d'être avec ce mec. C'est avec moi que tu vas baiser."

Ce message, il l'a laissé à 21h34. Or, il n'est pas venu. Il a dû finalement trouver mieux à faire.

Numéro 4 : "J'en reviens pas que tu me fasses ça, là, maintenant."

Je ne comprends pas de quoi il parle dans son dernier message. Et à vrai dire, je m'en fous.

Avant hier, j'aurais sûrement essayé de le rappeler mais ce soir, je n'ai pas envie de le faire. Je suis las, fatigué d'essayer de comprendre ce qu'il a, alors que lui ne veut pas que je le sache. Fatigué de cette relation qui n'a ni queue ni tête.

Fatigué de Louis.

C'est 3 heures du matin et je m'apprête à me coucher quand j'entends les portes de l'ascenseur se rouvrir. Très peu de gens ont le code d'accès à mon étage. Les gars viennent de partir, l'un d'eux a dû oublier quelque chose.

- Mitch ? Li ?

Pas de réponse. Mais des pas se rapprochent de ma chambre. Je vois alors la porte s'ouvrir et la silhouette frêle de Louis se dessiner dans l'encadrement.

Nos regards se croisent. Il a le visage tuméfié et ensanglanté. Il fait complètement crevé. Sans dire mot, il se déchausse, ôte son jean ainsi que son t-shirt ensanglanté. Assis dans mon lit, je le regarde interloqué.

Il va me refaire le même coup qu'hier ? Il n'a pas intérêt.

Je me prépare à le foutre à la porte mais Louis se glisse sous la couverture et se couche simplement à côté de moi. Il allonge le bras pour venir éteindre la lampe de mon côté et plonge la pièce dans le noir.

Il se blottit alors contre mes jambes, les enserrant avec son bras. Je sens que son corps est froid, comme s'il avait passé de longues heures dehors.

Je reste comme pétrifié, incapable de comprendre ce qu'il se passe, ni ce que je veux. Une partie de moi voudrait le chasser de mon lit et de mon appart à coups de pied. Une partie voudrait le garder là pour toujours car il est en train de me faire... un câlin ?

- Mon père est mort.

La voix de Louis vient de briser le silence et je reste choqué par ce que j'entends.

- Il est mort. Hier soir, il ajoute en resserrant sa prise sur mes jambes.

C'est la pièce manquante du puzzle.

C'est ce qui explique tout.

L'attitude de Louis hier soir, le fait qu'il se soit battu la nuit dernière en boîte et sûrement encore aujourd'hui vu la fraîcheur de ses blessures, sa chambre d'hôtel saccagée, sa disparition pendant de longues heures.

Louis a perdu son père. Et toute les conneries qu'il fait, c'est sa façon de gérer cette souffrance.

Sans réfléchir, je glisse dans mon lit pour me retrouver couché à ses côtés. Je le prends dans mes bras en craignant un peu sa réaction. Mais je le sens faire un pas de plus vers moi : il enfouit sa tête dans mon torse et s'agrippe à mes bras qui l'entourent.

Je sens sa jambe s'emmêler aux miennes tandis qu'il colle un peu plus son corps contre le mien en quête d'un peu de chaleur humaine.

- Mon père est mort, Haz, il répète doucement.

Et il commence à pleurer dans mes bras.

Je comprends alors que c'est la première fois, depuis plus de 24 heures, que le châtain prononce ces mots à voix haute. Et que ce sont les premières larmes qu'il verse pour son père.

C'est comme s'il s'était anesthésié pendant des heures à coup d'alcool, de drogue, de sexe et de violence pour ne rien ressentir et qu'en revenant ici, il se sentait enfin prêt à reprendre contact avec la réalité, aussi douloureuse soit-elle. Une vérité qu'il n'a pas voulu affronter seul.

Alors, tandis que ses larmes coulent le long de ses joues pour venir s'échouer sur mon torse, je le serre fort, très fort, pour le tenir, pour le soutenir, pour le retenir.

Je le serre fort jusqu'à ce que ses larmes s'arrêtent. Je le serre fort jusqu'à ce qu'il finisse par s'endormir. Et une fois qu'il s'est endormi, je continue à le serrer très fort contre moi.

Parce que c'est Louis.

Parce qu'il a mal.

Et parce qu'il est venu chercher mes bras.





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Note de l'autrice : à toi, petit "lecteur que j'aimais", si tu es arrivé jusque là, c'est tu aimes au moins un peu mon histoire, alors stp, peux-tu appuyer sur la petite étoile au fil des chapitres ? Merci pour le petit coup de pouce et bonne journée 😘

L'acteur que j'aimais || LARRY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant