Nouveauté : Hôtel Bar

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Voici un extrait d'une nouvelle histoire. Il s'agit d'un premier jet, le chapitre, qui se situera plutôt au milieu de l'histoire sera sûrement modifié d'ici la publication. Mais si elle vous plait, l'histoire s'appellera Hotel Bar.

Où Louis est barman dans un hôtel luxueux dans lequel Harry descend régulièrement. Entre eux, il se passe quelque chose, quelque chose d'électrique, Louis n'est pas fou.

Mais Harry porte une alliance.

Une histoire qui sera, je le pense, toute en retenue et pudeur, contrairement à ce que le synopsis peut laisser penser.

******

[...]

Harry me regarde quelques secondes silencieusement. Tout doucement, il repousse son verre de whisky sur le côté et aussi doucement, il pose son front sur le comptoir en bois lustré.

Un long soupir accompagne ce geste. Comme si, épuisé, il arrêtait de se battre. Comme s'il acceptait la défaite.

Il vient de baisser la garde.

C'est ce que j'attendais mais maintenant que ça vient de se produire, je ne suis plus certain de savoir quoi faire. Je mords ma lèvre en regardant cet amas de boucles folles.

Je repose le verre que j'étais en train de nettoyer et dépose le chiffon blanc et humide sur mon épaule.

J'inspire un grand coup. Je tends le bras et ma main tremblante se pose sur sa tête.

Lentement, mes doigts s'écartent pour s'enfoncer dans l'épaisse chevelure. La sensation est agréable et je ferme brièvement les yeux pour calmer le feu qui vient de s'allumer dans mon corps.

Je ramène mes doigts vers ma paume puis rouvre le poing pour lui gratter doucement le crâne.

Mes gestes sont lents, si lents. Alors que mon cœur bat vite, si vite.

J'ai peur de l'effrayer mais aussi de m'effrayer moi tout seul.

Je sais que je ne devrais pas faire cela. Mais c'est plus fort que la raison. Plus fort que moi. Plus fort que tout.

Je remarque que sa main droite tient toujours son verre. Il semble le serrer fort car ses doigts ont blanchi au bout.

Il est nerveux. Mais il reste immobile. Il ne se dérobe pas.

Je ne vois pas son corps bouger sous sa respiration. Est-ce qu'il respire seulement encore ?

Moi, j'ai l'impression d'être en apnée depuis que son front a touché ce comptoir.

Pris d'un courage qui me vient de je ne sais où, ma main glisse à travers ses boucles et, du bout des doigts, je viens effleurer le petit creux qui se forme derrière sa nuque.

C'est la première fois que je touche véritablement sa peau. Elle est douce et chaude et je suis tellement concentré sur cela que je sens, sous mes doigts, qu'elle se constelle de petits grains.

Je viens de le faire frissonner et c'est subitement tellement concret que je recommence à flipper alors je préfère me réfugier à nouveau dans son  épaisse chevelure où je me sens plus en sécurité.

C'est ce moment-là qu'il choisit pour sortir sa 2e main, qui devait être restée posée sur son genou jusque là.

Délicatement, il vient la poser sur la mienne et je suspends mon geste.

J'observe, sa large main recouvrant la mienne. Les os saillants qui ressortent au bas de ses doigts, la forme de ses ongles, les lignes tracées par ses veines.

Je fais tout pour l'éviter mais je finis par le regarder lui aussi. L'anneau argenté qu'il porte à son annulaire.

La bague est de belle facture. Elle brille encore mais on devine aux quelques rayures qu'il la porte depuis quelques années déjà. Le bijou commence à avoir du vécu.

Il raconte une histoire, une histoire d'amour et ma main sous la sienne n'a rien à faire dans cette histoire.

Je m'apprête à la retirer quand je sens son petit doigt bouger et se faufiler délicatement entre deux de mes doigts tandis qu'il laisse échapper un soupir.

Aussi doucement, il le replie et s'accroche à moi. Il n'exerce aucune pression. Il ne serre pas.

À l'image de ce qu'il dégage, son geste est doux, timide et délicat.

Alors je me penche au-dessus du comptoir et, du bout des lèvres, j'effleure le dessus de sa main. J'y dépose un léger baiser.

Aussi subtil que son étreinte. Quelque chose de ni trop rapide, ni trop appuyé.

Et quand je sens son index se soulever et effleurer en tremblant mon menton, l'incendie qui se déclare dans mon corps est si violent que je ne vois pas d'autre issue que la fuite.

Il y a urgence, péril en la demeure, il me faut reculer avant de m'embraser et de me faire entièrement consumer.

Pourtant, c'est presque au ralenti que je me dégage, comme pour ne pas percer trop vite la bulle dans laquelle nous nous sommes retrouvés.

Il me laisse retirer ma main et la sienne retombe sans force sur son crâne.

Quand je suis enfin suffisamment éloigné pour ne plus sentir son shampoing me caresser les narines, je fais volte face et réaligne nerveusement les bouteilles qui se retrouvaient derrière moi.

Je dois avoir un 6e sens car à peine ai-je commencé à faire cela qu'un homme entre dans le salon et prend place sur un tabouret. À quelques secondes près, il nous aurait surpris en train de faire...

De faire quoi au juste ?

Je ne sais même pas mais je sais que c'est déjà allé trop loin et qu'il y a déjà matière à culpabiliser.

- Un rhum, s'il vous plaît, le client commande et, tandis que je le serre, je vois du coin de l'œl qu'Harry a relevé la tête et est en train d'avaler d'un trait le reste de son verre après s'être frotté le crâne.

Il finit par se lever et lâche un "messieurs" respectueux en passant à notre hauteur.

Je sais qu'il évite mon regard mais il fronce les sourcils.

Est-il préoccupé par ce qu'il s'est passé entre nous ou parce que je me suis éloigné ?

Je ne m'en fais pas trop pour sa grimace. Ce que je retiens surtout, c'est que ses joues sont roses.

Dans son corps aussi, ça brûle peut-être à tous les étages.

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L'acteur que j'aimais || LARRY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant